Par Jeanne-Claire Fumet
L’équipe du Parc de la Villette invitait les enseignants, mercredi 9 mai, à découvrir la programmation 2013 et les possibilités de parcours scolaires et pédagogiques mises en œuvre pour les élèves de la maternelle au lycée. Associé aux autres sites de la Villette (Cité de la Musique et Universciences) mais doté d’une organisation propre, le Parc de la Villette développe des activités pédagogiques axés sur le jardin, l’art contemporain / éducation à l’image, le spectacle vivant : théâtre, cirque et danse. Autour de Jasmine Franq, chef du service des ateliers, Sylvestre Gozlan, chargé des relations avec le public scolaire, Mathieu Hedde et Lisa Fanget, chargés de médiation pour le service des publics et de la médiation, les responsables des différents secteurs et des enseignants venus témoigner de leurs pratiques, mettaient leurs compétences au service des enseignants désireux de s’engager dans un projet culturel avec leurs classes. Du rêve, mais aussi du réalisme avec quelques conseils pour s’y retrouver dans les montages de dossiers de financement pas toujours bien connus.
Se lancer dans l’aventure…
Pour poser le décor, Laure Grandjean, professeur de littérature dans un collège du XXème et professeur relais auprès de la Villette, évoque sa propre expérience : après un projet théâtre en classe à PAC, elle a construit progressivement un partenariat avec l’Odéon et obtenu l’ouverture d’une classe à horaires aménagés, en poursuivant un travail régulier avec le Théâtre Berthelot à Montreuil. Après 5 ans, ses 19 élèves de 3ème se produisent sur des scènes de province et à l’Odéon. « C’est une aventure pour le prof, pour l’établissement et pour les élèves », reconnaît l’enseignante, qui a passé entre-temps la certification théâtre. « Mais quand je vois mes élèves se transformer, s’approprier les textes et être fiers de ce qu’ils réussissent, je me sens gratifiée. » En parallèle, elle conduit avec la Villette un projet de découvertes des métiers dans une classe de 4ème. Une opportunité pour ce collège difficile, que les parents tendaient à fuir au profit d’établissements voisins mieux considérés : les activités culturelles lui ont rendu un peu de son attractivité.
Jardins, Arts visuels, Spectacle vivant
Les possibilités d’actions culturelles au Parc sont vastes : autour des pôles Jardin, Art contemporain, spectacle vivant, les ateliers, visites et spectacles peuvent se combiner en cycles courts (1 journée) ou longs (année scolaire), dans une libre composition avec la programmation du Parc. Côté jardin, les visites d’observation d’inspiration écologique ou architecturale côtoie les recettes ou l’origine géographique des plantes, sous la direction de Nicolas Boehm. Pour les arts visuels, deux expositions d’art contemporain, l’une de Pascale Martine Tayou inspirée par la récupération des matériaux de rebut, et l’autre de l’artiste japonais Tadeshi Kawamata, sur les empilements, seront l’objet d’un parcours sur le détournement et l’accumulation. Le spectacle vivant offrira des parcours autour de l’art du cirque : « Villette en piste ! » avec la Géométrie de caoutchouc, de A. Bory, Circa du Wunderkammer et la promotion des étudiants du Centre National des Arts du Cirque ; « L’autre, cet extraordinaire » s’appuiera sur les corps athlétiques ou handicapés, danseurs ou circassiens, acteurs de théâtre handicapés mentaux (intervenant dans deux des pièces programmées).
Chorégraphie contemporaine et cirque équestre
Dans le domaine de la danse, « Panorama de la danse » et « Qui danse ? » proposeront des ateliers de pratiques en contemporain, hip-hop ou flamenco, ainsi qu’un projet inter-générationnel avec des maisons de retraite en prélude au bal final. Côté scène, un Stravinsky en mode hip-hop de Farid Berki viendra mélanger les genres tandis qu’en fin de saison, une création conjointe de Carolyn Carlson et de Bartabas, avec l’Académie du spectacle équestre, viendra croiser esthétiques des corps humains et animaux dans une variation libre, We Were Horses, susceptible d’ouvrir des perspectives de parcours culturels inédits.
Le casse-tête des financements
Point névralgique de l’action culturelle, le financement des projets reste un obstacle à prendre en compte, au-delà des problèmes d’organisation horaires ou de coordination d’équipes. Hormis les Parcours spectateurs, entièrement financés par le Conseil Régional pour la saison 2011/12 et peut-être reconduits pour 2012/13 pour les lycéens, les projets peuvent faire l’objet de 3 types de financement : les classes à PAC, concernent les projets qui mobilisent une classe entière et une équipe pédagogique toute l’année ; les ateliers artistiques, pour des élèves volontaires en recrutement transversal (plusieurs niveaux, ou plusieurs classes d’un même niveau, etc.) ; les résidences d’artistes, en fin, pour un accompagnement sur place tut au long de l’année, mais avec de longs délais de montage de dossier. Ces différents modes de financement restent limités et aléatoires, ils ne dispensent pas de chercher d’autres sources, mécénat ou financement privé, pour couvrir les frais de l’action.
« Prof de sorties…. »
Une enseignante rappelait l’importance de concevoir le programme d’action culturelle de ses élèves selon ses propres goûts : la plupart des sorties se font le soir ou le week-end, hors temps scolaire et sans compensations – ce qui n’évite pas, disait-elle, d’être qualifiée de « prof de sortie » par certains collègues. Les réticences restent fortes, tant au sein des établissements que de la part des familles, à l’égard d’activités dont la valeur scolaire est souvent contestée, mais qui exigent des aménagements particuliers et mobilisent des moyens. Mieux vaut s’associer au moins à deux, par affinités, dans une équipe d’enseignement, pour tenir jusqu’au terme. Mais de l’avis unanime, les effets de motivation sur les élèves et sur les enseignants méritent la peine prise à la démarche.
Focus : des « Parcours spectateurs » du Conseil Régional pour les lycées franciliens
Pour l’année 2011-12, la Région Ile-de-France a expérimenté un nouveau dispositif dédié aux lycéens franciliens : quatre actions (conférence, ateliers de pratique, spectacle) intégralement pris en charge et gratuit pour les établissements. Intégré aux ateliers du Parc de la Villette, le parcours permet de proposer la formule la mieux adaptée à chaque classe, avec le soutien des équipes spécialisées du Parc. Une initiative réussie, si on en croit le succès de l’opération qui aura touché quelque 1200 élèves dans l’année.
Une formule adaptable.
La formule présente l’avantage d’être très adaptable, pour des interventions qui peuvent s’organiser sur deux demi-journées, avec un déplacement des équipes dans l’établissement scolaire. Le principe : un atelier de théorie esthétique ou d’analyse critique, un atelier pratique, un spectacle, une visite guidée d’exposition. Pour la saison, ont été retenus les spectacles : Les 4 doigts de la main – Psy, spectacle de cirque sur les pathologies psychiques du quotidien, Raptus, chorégraphie expérimentale de François Verret, Haute-Tensions, festival qui associe danse Hip-Hop et cirque contemporain, et Découflé à la Villette, qui regroupe une exposition (Opticon) et deux spectacles ( Panorama et Solo) du chorégraphe Philippe Découflé. Quelques places restent encore disponibles pour ce dernier parcours (6 juin au 15 juillet).
Des solutions clés en main.
Le parcours autour de Raptus, de F. Verret, pouvait ainsi regrouper une conférence sur l’histoire de la danse au XXème siècle, une visite de l’exposition du photographe Li Wei, un atelier de captation vidéo et un atelier de pratique de danse contemporaine. Mais il pouvait aussi inclure une visite découverte de l’architecture des Jardins ou un atelier photo. Pour Mathieu Hedde, responsable, avec Sylvestre Gozlan, de la construction du parcours et de l’accompagnement des groupes, cette formule correspond assez bien à la diversité des projets menés par les enseignants. Venu d’un dispositif antérieur du Conseil Régional, Tick’art, Mathieu Hedde connaît bien les publics lycéens et les attentes des enseignants, de plus en plus contraints par les impératifs de programmes et de dotations horaires. Pour lui, l’un des atouts du « Parcours spectateur » réside dans sa souplesse : intégré aux ateliers du Parc, il en partage le panel de propositions et l’équipe d’intervenants capables de répondre rapidement aux demandes de dernière minute des enseignants par des programmes « clés en main ». La programmation très ouverte permet aussi de travailler avec des publics scolaires en difficulté et peu familiers des pratiques culturelles.
Une opération qui sera éventuellement reconduite pour la saison 2012-13 avec la Région ile-de-France, annonce Anne Courcon, responsable du Service des Publics et de la Médiation, mais avec de nouvelles dispositions : les activités devraient être repensées en deux séquences séparées dans le temps pour assurer un meilleur suivi des groupes sur un temps plus long.
Pour en savoir plus :
Service des ateliers du Parc – Etablissement public du Parc et Grande Halle de la Villette
211 avenue Jean Jaurès 75935 Paris Cedex 19.
Inscriptions : collectivites@villette.com
Contacts : Sylvestre Gozlan – Relations public scolaire : s.gozlan@villette.com
Lisa Fanget – Chargée de médiation – i.fanget@villette.com