Agnès Florin :
« Améliorer la
qualité de vie des enfants à l’école »
par Bérénice Kal
Agnès Florin
présente un travail de recherche sur la qualité
de la scolarisation, référée
à la qualité de la vie à
l’école, et donc la qualité de vie des enfants
à l’école. Elle s’est
intéressée à cette question suite
à l’enquête de l’AFEV de 2009 qui faisait
état d’un certain « mal vivre » pour les
élèves du primaire en particulier, et en
constatant que peu d’études avaient
été conduites, notamment en partant du point de
vue de l’enfant. Peu d’outils existent pour les enfants de moins de 6
ans, du fait de leur difficulté d’expression ou de leur
statut de dépendance à l’adulte. Les
entrées des études menées sont souvent
liées à des états particuliers :
maladie, handicap, hospitalisation. Les résultats font
ressortir la nécessité de favoriser les petits
groupes d’enfants, d’avoir des moments
d’individualisation des échanges avec l’adulte, de
limiter le nombre d’adultes s’occupant directement des enfants et de
favoriser l’attribution d’un adulte référent.
La recherche à
laquelle participe Agnès Florin a cherché
à élaborer des outils d’évaluation et
d’auto-évaluation du bien-être des enfants, un
guide des pratiques le favorisant et à participer au
développement d’une charte de qualité pour
l’éducation de la petite enfance. « La situation
de la France nous interroge sur ce dossier, les comparaisons
internationales s’appuyant sur une base de 50 indicateurs et 5
rubriques la placent au 16ème rang sur les 21 pays
étudiés ».
Quelques pistes concrètes
Pour elle, les pistes de travail pour la qualité de vie
à l’école, points essentiels pour que l’enfant
puisse apprendre et développer ses compétences,
s’articulent autour de 4 axes :
•
comprendre ce que l’on fait à l’école
– travailler sur la
méthodologie, apprendre à apprendre
– éviter la
dégradation de l’espérance de réussite
(cela ne sert à rien que je travaille, je n’y arrive pas de
toute façon)
•
se sentir sécurisé dans ses relations
avec autrui
– établir des
relations avec un adulte qui respecte l’enfant en tant que personne
dans ses apprentissages et qui ne le considère pas seulement
comme une machine à acquérir des connaissances
– développer
l’apprentissage du langage, pour lui permettre d’être l’outil
d’expression des pensées
– travailler à la
reconnaissance du bagage culturel de la famille à
l’école et réciproquement (coéducation
et politique d’accueil des parents), les expériences
menées en ce domaine ont montré que cette prise
en compte des familles conduisait à un meilleur respect du
travail des professionnels de l’éducation)
•
apprendre à dépasser les conflits
– étudier les
facteurs de risques pour en déduire les facteurs de
protection pour les inscrire dans une politique de prévention
Les programmes de
prévention menés dans les pays anglo-saxons sur
cette base ont montré leur efficacité.
– Amener les enfants
à une compréhension de leurs états
mentaux et de ceux d’autrui pour apprendre et comprendre ses
émotions, apprendre à comprendre autrui, avoir
les mots pour le dire, identifier et dépasser les conflits
Pour l’enseignant : mieux
soutenir l’élève dans ses efforts sans se centrer
sur ses erreurs, faire le point collectivement sur ce qu’ils savent
faire, sur ce qu’ils craignent de ne pas réussir et les
solutions possibles pour progresser (dans certains pays comme au
Québec, des outils existent à destination des
enseignants)
•
développer l’estime de soi
– une dimension importante
qui peut jouer un rôle négatif dès la
maternelle (dès 4 ans). L’enquête PISA montre que
les élèves français s’abstiennent trop
souvent de répondre aux questions ouvertes du fait souvent
d’une image négative de soi
– (re)valoriser
l’élève en tant que personne (contre
l’autodévalorisation)
– la qualité de
vie des élèves à l’école
rejoint celle des autres acteurs de l’école, dont les
enseignants.
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