Evidemment il y a le moment. Cet éditorial est écrit à la veille de la manifestation du 19 mars, dans laquelle les enseignants devraient être très nombreux et qui pourrait marquer un tournant dans la politique gouvernementale.
Mais il y a bien d’autres raisons d’évoquer les tensions à l’intérieur du système scolaire. A commencer par celles qui parcourent, avec risque d’éclatement, l’enseignement professionnel. Plus qu’un autre, du fait de ses singularités, l’enseignement professionnel est menacé d’explosion, entre des finalités professionnelles de plus en plus élevées (jusqu’à l’ouverture d’une CPGE) et des objectifs sociaux criants, entre mémoire ouvrière qui se fait la belle et ethnicisation galopante, entre proximité sociologique entre profs et élèves et masterisation promise. C’est parce que sa situation est exemplaire que nous lui consacrons, dans ce Mensuel n°101, un dossier où nous interrogeons Aziz Jellab, auteur d’un remarquable livre sur la sociologie de l’enseignement professionnel, Françoise Lantheaume et le responsable pédagogique de la fameuse CPGE.
Ce sont encore ces tensions qui sont abordées dans un entretien avec Gérard Pithon sur les communautés éducatives. Car réussir à faire converger les efforts des parents, des enseignants, des associations péri-éducatives est aussi indispensable que difficile. Ces problématiques on les retrouve aussi évoquées dans les contributions riches et variées du colloque « Un seul monde, une seule école ».
Il est une dernière tension qui traverse le mensuel. C’est celle qui est inhérente à l’acte d’enseigner. On en trouve évidemment trace dans les rubriques disciplinaires qui, de l’école au lycée, rendent compte de l’actualité de l’école, des nouvelles ressources disponibles pour aider enseignants et élèves.
Car pour avancer il vaut mieux être sous tension…
François Jarraud