Saison
2…
Le café mensuel continuera cette année de vous présenter les
différentes structures de l’ASH (Adaptation et Scolarisation des élèves
handicapés), les enseignants qui y travaillent, pour vous plonger au
coeur du métier d’enseignant spécialisé et vous donner à voir des
pratiques, des points de vue.
A la rentrée, le Cfé est allé voir des enseignants qui travaillent en
SESSAD. Ce sont ces Services d’Education et de Soins Spécialisés A
Domicile dont les professionnels interviennent au domicile de l’enfant
quand il est très jeune, à l’école ensuite.
L’enseignant
spécialisé du SESSAD, lui aussi au seuil de la classe ?
L’étude
du laboratoire Acté-ex PAEDI de l’université de Clermont-Ferrand,
commanditée par la FNAME, fédération des maîtres « E »,
montre que le travail des maîtres E change.
Il en est de même pour les
enseignants spécialisés de SESSAD, dans un registre différent. Il est
proche de celui de la classe tout en étant celui d’une aide
spécialisée, dans les options du CAPA SH dédiées au handicap, (l’option
« E », elle, concerne les enseignements adaptés).
L’enseignant « A », « B », « C » ou
« D » est un enseignant avant tout, spécialiste d’un
handicap*, là pour aider les élèves mais aussi les enseignants. Il
donne des informations sur le handicap spécifique et propose des pistes
de prise en compte de ce handicap dans la classe. Il participe de la
notion d’école inclusive.
Propos recueillis
auprès d’un groupe de stagiaires en formation continue, à l’issue de 2
jours de réflexion sur l’organisation du travail entre prise en charge
spécialisée, coopération avec les enseignants des classes et liens avec
les autres professionnels du SESSAD.
Comment qualifiez-vous votre travail ?
Le travail d’enseignant en SESSAD est un travail à la fois
« solitaire » et « solidaire », seul de sa
profession dans l’équipe pluri-professionnelle du service et
« obligé » de travailler en collaboration avec l’enseignant
de la classe de l’élève suivi. Son positionnement est difficile à
trouver. Ce n’est ni un travail de soutien (réalisé par l’enseignant
généraliste), ni un travail d’accompagnement (réalisé par l’AVS). C’est
une véritable aide spécialisée, définie avec l’enseignant de la classe,
délimitée dans le temps, basée sur les besoins du jeune handicapé. Dans
le second degré, il doit s’adresser au professeur principal et/ou à
l’équipe pédagogique dans son entier. La communication y est parfois
plus compliquée à instaurer.
Quels rapports entretenez-vous avec
les collègues chargés de classes ?
L’enseignant spécialisé du SESSAD a un rôle à jouer comme
personne-ressources dans les écoles ou établissements scolaires où il
intervient, auprès des équipes pédagogiques. Il est amené à expliquer
des situations, proposer des adaptations, toujours dans un climat de
confiance avec les enseignants, comme un conseiller
« technique » d’abord. Il n’est pas « conseiller
pédagogique » mais il peut cependant être amené à faire réfléchir
les enseignants des classes sur leur propre pratique. Comme le maître
« E », il fait en sorte de faire changer les points de vue
sur les élèves. La fonction se ressemble, l’un sur la difficulté
scolaire, l’autre sur le handicap mais la démarche est la même.
Dans la classe, hors la classe, avec
l’élève handicapé en relation duelle ou dans un groupe… quelles sont
vos façons de fonctionner ?
Toutes
les modalités sont possibles, selon la situation de l’élève handicapé,
de la classe, en fonction du projet construit avec l’enseignant de la
classe.
Il semble, d’après les plus récentes recherches, que les fondements du
développement de la pensée reposent sur les mêmes principes, que les
enfants soient valides ou déficients intellectuels. Le rôle de
l’apprenant est moteur dans la construction de ses savoirs et les
interactions entre pairs sont très importantes pour l’entrée dans les
apprentissages (les conceptions socio-constructivistes sont valables
pour tous, un enfant en difficulté ou handicapé apprend de la même
façon que n’importe quel enfant.)r favoriser au mieux leur progression,
il importe de s’ajuster à ces processus d’apprentissageet prendre en
compte que l’aide est parfois contre-productive quand l’élève est sorti
du groupe-classe. Alors, quand c’est possible, on mène des activités en
co-intervention, enseignant spécialisé/enseignant généraliste, autour
de micro-projets précis, cernés dans le temps et évalués régulièrement.
Quels rapports entre vos activités
d’enseignement, les temps de réunions et les transports, car les SESSAD
se déplacent là où vit l’enfant, parfois à l’échelle d’un département
tout entier ?…
On est avant tout face à des élèves
pour enseigner. On organise un emploi du temps prenant en compte les
contraintes de transports et la participation à des réunions diverses,
mais il est majoritairement centré sur des activités
d’enseignement, environ les 2/3 du temps (c’est une moyenne qui
paraît être commune à beaucoup de SESSAD). Parfois, des choix sont
faits pour privilégier ce temps d’enseignement : intervenir moins
souvent mais plus longtemps, ne pas intervenir avec tous les élèves
toute l’année, conduire des projets ciblés dans le temps, renforcer la
présence auprès d’un élève pendant une période, privilégier les élèves
handicapés scolarisés dans les classes « ordinaires » par
rapport à ceux scolarisés en CLIS ou en ULIS, qui ont affaire à des
enseignants spécialisés et des groupes à effectifs réduits…
L’institution tient à ce temps d’enseignement pour justifier de la
spécificité de l’enseignant dans l’équipe pluri-professionnelle et
valoriser la mise à disposition d’un enseignant au sein du service.
Qu’en est-il du projet individuel de
l’élève handicapé ?
On tient compte de la situation
particulière de chaque jeune, afin d’être au plus près de ses besoins
cadrés dans son projet personnalisé de scolarisation. On écrit un
projet individuel pour chacun, construit avec les évaluations et
observations de l’enseignant de la classe et avec celui-ci. Comme pour
tous les autres élèves, le travail est référé au socle commun, selon
ses potentialités. C’est la formule consacrée pour signifier qu’on ne
fait passer que les évaluations qu’il est capable de réussir. On n’est
pas dans le droit commun à partir du moment où il y a un PPS.
* Option A pour les élèves qui ont
des troubles de la fonction visuelle
Option B pour les élèves qui ont des
troubles de la fonction auditive
Option C pour les élèves qui ont des
troubles de la fonction motrice
Option D pour les élèves qui ont des
troubles de la fonction mentale, cognitive ou psychique