« Classer les situations, pour retrouver le sens des activités physiques »
Dans la salle d’à-côté, Claire Pontais, professeur d’EPS à l’IUFM de St Lo, est aux prises avec les connaissances des enseignantes de maternelle : « Et vous, en EPS, comment faites-vous pour évaluer les gestes que font les enfants, pour s’y retrouver dans leurs productions ?« . De ses propos, on comprend que l’indicateur de la réussite est souvent d’abord dans la tête de l’enseignant, dans son projet. Mais les mots des enseigants pour parler de ce qui se fait en EPS sont hétérogènes : « vivre ensemble », « sport », « activités motrices »… Mais que se passe-t-il dans la tête de l’enfant qui jour dans la cour avec un ballon ? Quel est son projet ? Entre « jouer tous ensemble », « jouer avec ma copine », « s’épater, « raconter une histoire », « s’opposer », « tenir le plus longtemps possible », « coopérer » ou « viser juste », les buts des activités physiques librement pratiquées par les élèves sont nombreux.
Comment, pour l’enseignant, l’organiser suffisamment dans ses séances d’EPS pour permettre des apprentissages organisés, pour cibler le « sport de référence », c’est à dire l’activité sociale que les hommes se sont construit ? Quand l’enseignant n’arrive pas suffisamment à préciser, par la situation mise en place, dans quel type d’activité on est, « on risque de voir les élèves persister dans leurs buts différents, et rendre impossible la situation pédagogique qui vise à faire progresser les réponses motrices ». Ainsi, viser une cible sur un mur peut évoluer dans plusieurs directions : si on réduit la taille de la cible, on installe une situation de type « lancer de précision », alors que si on demande de se reculer de plus en plus, on induit une activité qui emmène vers le lancer de force. Elle propose à la salle la classification issue des recherches de Bernard Jeu : « réaliser une performance », « produire des formes », « entrer dans un rapport humain » sont les trois grands domaines qui peuvent aider les enseignants à « faire le ménage » dans les productions motrices des élèves, en en décodant les enjeux essentiels. Elle rebondit sur la question d’une participante : « Oui, tu as raison, les nouveaux programmes de l’Ecole primaire ne sont pas le meilleur outil pour faire cela…. »
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