» Dans la situation actuelle, la mission des inspections générales a constaté que les incertitudes du pilotage national se traduisent par la diffusion d’instructions peu explicites, l’absence de fixation d’objectifs chiffrés, de moyens spécifiques pour y parvenir et de cadrage des pratiques académiques ». Dans son rapport (rédigé par Geneviève Gaillard, Gérard Saurat, Pascal Charvet, Lucienne Dutriez, Yves Bottin, et Jean-Paul Pittoors) l’Inspection générale ne mâche pas ses mots et présente une politique des langues avec des exigences contradictoires, aggravées par la loi Fillon, et un pilotage insuffisant. Ainsi « dans le 1er degré, la mission considère qu’il faut sortir des contradictions qui demeurent après le vote de la loi en particulier pour ce qui concerne les règles d’affectation des personnels des écoles et le devoir d’enseignement des langues vivantes qui concerne désormais chaque professeur ». Dans le second degré, les mesures fixées par la loi Fillon paraissent irréelles : « alors que l’enseignement des langues fonctionne comme un « marché », fixer des quotités d’accroissement pour telle ou telle langue implique que l’on se donne les moyens d’attirer des candidats supplémentaires pour ces apprentissages sans pour autant les y contraindre par des mesures autoritaires. Il paraîtrait en effet très difficile dans la société française telle qu’elle existe d’imposer à certains élèves le choix de telle ou telle langue au seul prétexte qu’il faut augmenter les effectifs. Il faudra donc résoudre la contradiction de ces augmentations affichées avec celle du choix individuel ».
Les inspecteurs font une trentaine de propositions à commencer par une redéfinition claire et cohérente de la politique des langues. Ils insistent sur la nécessité d’un pilotage des académies : » donner à chaque académie des indicateurs chiffrés sur cinq ans pour atteindre les objectifs de + 20% de germanistes et de + 10% d’élèves apprenant une langue ancienne au lycée afin d’éviter l’aléatoire ou la surenchère locale et inscrire ces objectifs dans une logique de mise en cohérence de la carte des langues et des parcours ». La liaison école / collège, jusque là fort peu traitée, doit s’améliorer ce qui passe par des formations communes aux enseignants des deux degrés. Ils demandent le réexamen du maintien des 6èmes bilangues compte tenu de l’apprentissage de la LV2 en 5ème..
Les inspecteurs souhaitent une redistribution des langues rares, y compris les langues anciennes. Ils préconisent la constitution de pôles permettant une continuité effective des apprentissages. S’agissant des langues régionales » il leur paraît souhaitable de les passer… à la région : » Etudier, dans le cadre d’une convention avec l’Etat établissant les responsabilités respectives, les possibilités de confier aux collectivités territoriales la responsabilité du développement de l’enseignement des langues régionales ».
Rapport