Par Jeanne-Claire Fumet
On se pressait dans les allées du Salon du Livre et de la presse jeunesse de Montreuil, mercredi 30 novembre, autour de la Présidente du Salon, Sylvie Bassallo, accompagnée de Danièle Bidard, présidente du CPLJ (Centre du Promotion du Livre de Jeunesse), pour l’inauguration officielle de la 27ème édition. Au terme de la première journée d’ouverture, le Salon 2011 se présente sous de bons auspices : ouvert à la presse, aux nouveaux moyens de communication numériques et aux pratiques de lecture les plus diverses des adolescents, il semble avoir trouvé dès le premier jour un public nombreux et attentif. Les groupes d’enfants venus avec leurs centres de loisirs et ceux amenés par leurs parents se sont succédé au long des stands jusqu’à la dernière minute.
Des couleurs et des mondes.
Avec 330 exposants, de nouveaux pôles artistiques (BD, ados, cinéma d’animation, art numérique, presse et théâtre) le Salon 2011 compte aussi une escale Mexique dotée d’une chatoyante exposition d’Alabrijes, animaux fantastiques de papiers mâchés peints de vives couleurs, hébergée par la librairie mexicaine de la librairie Envie de Lire, un espace consacré à l’Outre-Mer, une exposition sur le monde du cirque, avec deux installations spectaculaires sur le thème de l’équilibre, étrange et fragile. Autant d’impromptus venus se mêler à la présentation des stands des éditeurs, dont la qualité visuelle ne se dément pas au fil du temps. De beaux objets de lecture dans un cadre plein de gaieté, les jeunes visiteurs se laissent vite emporter dans cet univers qui ne semble vraiment pas les rebuter, tant on les voit nombreux manipuler et explorer les ouvrages avec beaucoup d’intérêt et de soin.
Les mathématiques sans abstraction au CNDP.
Parmi les exposants, le Scéren-CNDP présente quelques innovations : des DVD sur le thème « Humour et jeux de langage », mises en images animées d’albums dessinés, accompagnés de livrets de suggestion d’activité ; une méthode d’apprentissage des mathématiques en maternelle, fondée sur la manipulation et s’éloignant le plus possible de l’abstraction : l’auteur, Muriel Fénichel, professeur à l’IUFM de Bonneuil, propose des situations de classe précises pour rendre perceptibles les idées mathématiques dans la réalité quotidienne. La collection « Arts visuels &… » du CRDP de Poitiers aborde différents thèmes (la ville, la musique, le bestiaire, l’eau et l’environnement…) par le biais des objets d’art, tandis qu’une importante collection du CRDP de Nantes explore par « Une année au concerté les genres de musique et les différents instruments, dans un livre et un CD d’écoute musicale.
Ratus
Réalisant une belle unanimité parmi les jeunes et les moins jeunes, le dessinateur Olivier Vogel, illustrateur des albums de Ratus chez Hatier Jeunesse, esquisse des figures de rat vert pour la plus grande joie de son public : « on a appris à lire avec lui ! ». Controversés pour des raisons de méthode, Ratus et ses amis (« enfin un personnage de livre de lecture qui fait plus de bêtises que les enfants ! s’amuse O. Vogel pour expliquer le succès du petit personnage) se déchaînent désormais dans des brefs romans au style et au graphisme actualisés – avec le même succès. « C’est une méthode qui marche très bien auprès des élèves en grande difficulté scolaire , remarque O. Vogel. Il est assez actuel, proche de l’esprit des Cartoons, sans perdre l’exigence pédagogique et le souci de clarté. Au début, se souvient-il, les auteurs ont sollicité différents dessinateurs. Et les enfants ont fait leur choix.»
Un stand « Agir pour la lecture » réunit trois associations : ACCESS, qui propose des interventions pour les tout-petits (pré-maternelle) au sein des bibliothèques et des structures éducatives et culturelles, afin de lutter précocement contre l’exclusion de certains enfants hors de la sphère du livre et de la lecture. La petite Bibliothèque Ronde, issue de la Bibliothèque des enfants à Clamart, qui travaille depuis 1965 à une pédagogie d’inscription de l’enfant dans l’organisation de la bibliothèque et de son rapport aux livres (dont est également issu La Joie par les livres, désormais affiliée à la BNF). Enfin, Lecture jeunesse, qui associe depuis 1974 des chercheurs et des acteurs de terrain autour du problème de la désaffection de la lecture par les adolescents et jeunes adultes. Pôle de recherche et de formation, l’association publie une revue trimestrielle consacrée soit à un auteur, soit aux actes d’un colloque, soit à une thématique précise (les pratiques numériques, par exemple), dans le double souci d’une attention vigilante aux pratiques de lecture très changeante des jeunes gens, et au rapprochement des professionnels bibliothécaires, documentalistes et enseignants, pas toujours disposés à travailler ensemble.
« Une scénographie magnifique »
« Ce Salon est une grande réussite, se félicitait Danièle Bidard, visiblement satisfaite. La scénographie est magnifique, pleine de couleurs et de vie ; et puis l’exposition sur le monde du cirque, qui se tient au sous-sol, nous rappelle qu’on peut travailler à créer de la joie sans manquer de rigueur et d’exigence. Je ne crois pas que les jeunes, comme on dit souvent, ne lisent plus : regardez-les, auprès des stands : ils prennent des livres et les regardent spontanément. Ils s’y intéressent. Le livre de jeunesse est en plein développement, mais avec une grande diversité de types de lecture qu’il faut prendre en compte. L’offre est si large que les adolescents y trouvent toujours ce qui leur plait. Ils lisent d’ailleurs davantage que leurs grands aînés ! Mais pas les mêmes choses… »
Loin des caricatures de la banlieue.
Dominique Voynet, maire de Montreuil, rayonnait de plaisir : « Je suis fière de ce Salon, fière et heureuse qu’il se tienne à Montreuil. C’est à l’opposé de l’image caricaturale que l’on voudrait parfois donner de Montreuil. La preuve que l’on peut faire un événement populaire avec une exigence de qualité. Ce n’est pas un moment commercial : les stands sont là pour montrer ce qui existe et le faire découvrir. Les gens s’autorisent ce qu’ils ne s’oseraient pas dans d’autres contexte, parce qu’ils ne sont pas sollicités à acheter mais à regarder, à feuilleter, à rencontrer. »
« On nous disait de ne pas faire ce Salon à Montreuil, s’amuse Henriette Zeghoubi, vice-présidente du Conseil Régional d’Ile de France, de l’installer plutôt à Paris au Petit Palais, par exemple, ou même à la Baule, parce qu’ici ça ne marcherait pas. Eh bien, ici, ça marche et c’est un vrai succès populaire ! »
Jeanne-Claire Fumet
Liens :
Le site du salon :
http://www.salon-livre-presse-jeunesse.net/
Lecture jeune, revue et formations :
http://www.lecturejeunesse.com
Petite bibliothèque Ronde :
http://www.lapetitebibliothequeronde.com
ACESS (Action culturelle Contre les Exclusions et les ségrégations) :