« Aussi loin que je remonte dans mes souvenirs, je ne me rappelle pas avoir vécu une année aussi régressive en matière éducative que l’année 2005 ». C’est peut-être aussi pour cela que Philippe Meirieu ouvre un site Internet. Un autre motif est avancé : » Je suis très attaché, en tant qu’universitaire, à la diffusion des connaissances issues de la recherche et je crois indispensable de mettre à disposition du plus grand nombre des textes de réflexion comme des outils de formation. D’autant plus que, dans le domaine pédagogique, de nombreux témoignages me confirment que beaucoup de travaux sont difficilement accessibles en raison, tout à la fois, de la crise de l’édition et de la disparition de certains enseignements ».
On en appréciera l’efficacité et la richesse. En effet les enseignants y trouvent des réponses à des questions concrètes du métier. Par exemple, celle-ci : « vous parlez souvent de l’utilisation du travail en groupes dans les classes. Mais n’est-ce pas une perte de temps systématique, une façon de « passer le temps » sans rien apprendre véritablement aux élèves ? Pire, est-ce que cela ne creuse pas les inégalités entre les « bons élèves » qui peuvent en bénéficier et les autres qui en profitent pour débrayer ou même chahuter… ? » P.Meirieu montre qu’on peut utiliser des modèles de groupes différents de façon à ce que chaque élève en tire parti. D’autres aspects sont abordés comme la discipline ou l’autonomie et entraînent des réponses concrètes.
Mais son site est aussi une arme à un moment où le doute s’installe et où l’école est menacée de régression. Sous le titre « Peut-on tomber plus bas » , P. Meirieu fustige dans son bloc-notes les errements de G. de Robien. » Une politique qui est, en réalité, un renoncement à éduquer : renoncement à éduquer quand on se contente de garantir à tous un « socle » de savoirs fonctionnels déconnectés de la culture qui leur donne sens; renoncement à éduquer quand on laisse les établissements se ghettoïser de plus en plus, dans l’enseignement privé comme dans l’enseignement public, et qu’en favorisant toujours « l’entre soi » on interdit la découverte de l’altérité; renoncement à éduquer quand on se propose d’installer, dans des lycées qui n’ont pas d’infirmière ou de Conseiller d’éducation, des permanences de la police…; renoncement à éduquer quand, plus globalement, on préfère toujours l’exclusion à la formation, l’expulsion à l’intégration, la sanction qui humilie à la sanction qui intègre…. P. Meirieu appelle donc à résister. » Il faut, bien sûr, résister à ces renoncements, à ce renoncement du pari dans l’homme et dans l’avenir… Et il faut aussi se battre pour faire, sans cesse et obstinément, émerger les enjeux éducatifs dans l’opinion publique ».
Le site de P. Meirieu
Le bloc-notes de P. Meirieu
Résistez !