Après Timss on pouvait s’attendre à des
résultats désastreux pour Pisa 2015. En apparence c’est la stabilité qui
l’emporte avec des scores qui tournent autour de la moyenne de l’Ocde. Si les
résultats ont cessé de dégringoler, les écarts entre les disciplines
augmentent. Alors que le niveau en français se redresse, celui des sciences ne
bouge pas mais le niveau en maths décroche. Surtout les écarts se creusent
entre les élèves favorisés et les défavorisés, entre les autochtones et les
immigrés, entre la filière professionnelle et la générale. Avec Pisa 2015, au
pays de l’égalité revendiquée, le système éducatif montre encore un peu plus le
chemin des inégalités…
Des
résultats divergents selon les disciplines
Les résultats de Timss
montraient une nette chute de niveau en maths des écoliers. On pouvait penser
que ce serait aussi le cas dans Pisa. D’autant que les élèves de 15 ans testés
en 2015 ont fait leur scolarité presque tout entière au moment des suppressions
de postes sous le gouvernement Fillon et ont connu les programmes de 2008 qui
ont leur part de responsabilité dans les résultats de Timss.
Soulagement : la ministre de l’éducation Nationale,
qui rend compte des résultats le 6 décembre avec l’Ocde, n’aura pas à commenter
des résultats en baisse. La France reste dans la moyenne de l’Ocde, avec les États
Unis ou l’Autriche, derrière l’Allemagne, et on observe peu de variations par
rapport à Pisa 2012. La chute engagée depuis 2003 semble stoppée.
En sciences, qui est la matière principale dans
Pisa 2015, la France est un peu au dessus de la moyenne Ocde (493) avec 495
points. Un niveau stable. On compte 29 % d’élèves performants et très
performants, soit un peu plus que la moyenne. Mais on a 22% d’élèves en
difficulté (21% en 2006); ce qui est un peu plus que la moyenne Ocde. On
observe là l’éclatement du système éducatif. Un trait sur lequel on reviendra.
En maths, la France a chuté de 511 en 2003 à 493
en 2015. C’est un peu au dessus de la moyenne Ocde (490) mais l’évolution est inquiétante (on était à
497 en 2012).
En compréhension de l’écrit, on est passé de 497
en 2012 à 499 en 2015. On est au dessus de la moyenne de l’Ocde (493). Mais la
proportion d’élèves faibles est restée la même. C’est celle des élèves
performants qui a un peu augmenté.
Ces différences entre disciplines n’étaient pas
aussi marquées les années précédentes. Cela veut dire que les pratiques
pédagogiques divergent et qu’il faut se soucier de recadrer les pratiques là où
il n’y a pas de progrès.
De très
fortes inégalités sociales
La France apparait donc comme le pays des
inégalités avec un système éducatif qui éclate en deux pôles qui augmentent
chacun aux deux extrêmes.
C’est corrélé avec des inégalités sociales. L’Ocde
calcule ce que fait gagner comme points en moyenne une hausse d’une unité
sociale. Dans l’Ocde, cela représente 38 points soit un peu plus d’une année de
scolarité. En France on en est à 57, soit pratiquement deux années d’écart
entre les élèves défavorisés et favorisés. Aucun des 72 pays participant à Pisa
ne connaît un écart plus important.
Même éclatement entre les élèves immigrés et les
autochtones. Dans l’Ocde, en moyenne, un élève immigré de première génération a
53 points de moins qu’un autochtone. En France c’est 87, soit 3 années de
scolarité. Pour la seconde génération,
c’est respectivement 31 et 50. La bonne nouvelle, c’est qu’avec la seconde
génération l’écart faiblit, donc le système peut s’adapter. La mauvaise c’est
que cela reste un écart énorme.
Enfin Pisa a aussi évalué l’écart entre les élèves
de lycée professionnel et les autres : l’écart en France est le double de
l’écart moyen dans l’Ocde.
Évidemment, toutes ces inégalités se retrouvent
dans les mêmes établissements. La France s’est bien gardée de participer à
l’enquête établissement. Mais la principale leçon à retenir de Pisa 2015, c’est
que l’école républicaine française apparaît comme la championne des inégalités
pour les pays développés de l’OCDE.
François
Jarraud