Peut-on s’asseoir sur une circulaire ? Le Snpden, syndicat très majoritaire des personnels de direction, démontre que oui. Il a clairement fait reculer le ministère sur la circulaire d’application de la réforme du collège et défendu avec succès l’autonomie des établissements. Le Snpden va donc soutenir la réforme dans sa phase d’application. Il propose déjà des modèles d’application pour les EPI et les langues anciennes.
La circulaire d’application recadrée par le Snpden
Publiée au B.O. du 2 juillet, la circulaire d’application de la réforme du collège avait beau affirmer que la réforme » renforce l’autonomie des établissements et des enseignants et par conséquent leur capacité d’adaptation », elle cadrait de façon trop précise aux yeux du Snpden l’organisation des enseignements. Dans une lettre du 13 juillet, P Tournier, secrétaire général du Snpden, pointait vers la ministre des désaccords. La circulaire précise la destination des groupes à effectifs réduits (sciences expérimentales, la technologie, les langues vivantes étrangères, les langues régionales et l’enseignement moral et civique). Elle indique comment les élèves doivent être répartis entre les classes. Le Snpden menaçait de ne plus soutenir la réforme.
Dans une lettre en date du 31 août, la ministre de l’éducation nationale cède clairement aux demandes du Snpden sur l’organisation des collèges et leur marge d’autonomie et revient sur les points litigieux de la circulaire d’application. « Il revient au conseil d’administration d’arrêter l’organisation de l’établissement en classes et groupes d’élèves, l’emploi des dotations en heures d’enseignement », écrit la ministre. « La circulaire… ne remet pas en cause les dispositions du code de l’éducation relative aux compétences des conseils d’administration ni la liberté d’action qu’elles reconnaissent aux établissements… Elle ne peut être lue comme une limitation de l’autonomie de l’établissement… Il n’est nullement question de cibler les marges horaires professeurs sur ces seuls enseignements (allusion aux sciences expérimentales, la technologie, les langues vivantes étrangères, les langues régionales et l’enseignement moral et civique). Les équipes pédagogiques ont toute liberté pour déterminer l’organisation qui leur semble la plus pertinente « .
Un choix réduit d’EPI et d’intervenants
Satisfait, le Snpden annonce déjà ce que sera l’organisation dans les établissements. « On ne va pas inventer des usines à gaz organisationnelles » prévient P Tournier. Le Snpden semble avoir tiré les leçons des dérapages de la réforme du lycée qui a montré les limites des fonctionnements en barrette et de l’éclatement des classes. « On se méfie du trop grand nombre d’intervenants devant des élèves de 6ème ».
Pour les EPI, enseignements pluridisciplinaires, le Snpden recommandera de réduire le choix des élèves. Ils auront à choisir 6 EPI dans un choix de 8 ou même.. de 6. « Si on veut lutter contre la ségrégation sociale il faut réduire le choix », estime P Tournier. « L’étude du Cnesco montre que c’est la complexité d’organisation qui alimente la différenciation sociale ».
Les langues anciennes réduites à un EPI en 5ème
Le Snpden recommandera, en s’appuyant sur la lettre ministérielle, de revenir sur l’organisation des EPI de langues anciennes. La circulaire précise que l’enseignement pratique interdisciplinaire « Langues et cultures de l’Antiquité » peut être suivi en classes de cinquième, quatrième et troisième. « Il y aura un seul EPI de langues anciennes de 5ème mais pour tous les élèves », annonce P Tournier. En offrant le latin à tous les élèves, il estime que cela augmentera finalement le nombre de collégiens qui prendront l’option.
Selon le Snpden, la rentrée c’est bien passée. 19% des chefs d’établissement la juge meilleure que la précédente; 13% moins bonne. C’est maintenant que les problèmes vont arriver, quand les enseignants de langues anciennes, sciences expérimentales, technologie, langues vivantes et d’EMC vont venir voir leur principal la circulaire à la main pour s’entendre parler d’autonomie de l’établissement…
François Jarraud