Le rapport sur la concertation marque un tournant important pris dans l’histoire de l’Ecole en France. Mais beaucoup dépendra de son application particulièrement délicate dans la situation financière actuelle.
Bienvenue au pays ! C’est vraiment le cri du coeur que j’ai envie de lancer en lisant le rapport de la concertation sur la refondation de l’Ecole. Pour la première fois depuis deux quinquennats, en lisant un rapport officiel, je n’ai pas honte. Je n’ai pas envie de l’oublier aussitôt. Ce sentiment d’être un exilé de l’intérieur, de nombreux enseignants l’ont connu ces dernières années en écoutant ce que leur ministre disait. Ils l’ont eu quand de Robien a dressé les parents contre les professeurs des écoles au nom de la syllabique. Ils l’ont ressenti encore plus fort quand Darcos a parlé des « couches » ou qu’il a supprimé la formation des enseignants. Nous l’avons ressenti encore quand on essayait d’intéresser financièrement les enseignants à la disparition des postes des collègues ou quand on nous contraignait d’entraîner nos élèves dans un dispositif trompeur comme les évaluations nationales ou les différentes formes d’aide personnalisée.
Le rapport parle pédagogie comme en parlent les pays du reste du monde. Les auteurs ont lu les rapports intéressants sur ces sujets et s’en servent pour autre chose que caler les armoires. Ils ont une réflexion logique, structurée, savante sur les questions d’éducation qui sont prises au sérieux. Enfin ce pays aborde les questions d’Ecole sous le même angle que les autres pays. D’une certaine façon, la France regagne le camp des pays civilisés en matière d’éducation. Ca mérite d’être dit.
Pour autant le rapport ne règle pas les problèmes. Il avance des solutions. On sait bien qu’à l’Education nationale, on a une grande capacité à pervertir les projets et à transformer les beaux projets en catastrophes. On l’a vécu récemment avec la réforme du lycée. Il va donc falloir suivre les détails de près. Il va falloir se demander où trouver le financement de la formation ou de l’accompagnement scolaire par exemple; Mesurer l’impact des maxima horaires. Et toujours rester vigilants pour que le navire refondation ne soit pas transformé par certains en torpilleur.
François Jarraud
