F. Jarraud
Connaître l’épreuve des bacs généraux
La définition de l’épreuve
C’est une note de service de 2001 qui a défini l’épreuve actuelle au bac, qui s’inscrit dans une tradition qui remonte, au minimum, à Anatole de Monzie en 1925. Les nouveaux programmes sont valides depuis 2004.
Au bac général l’épreuve écrite dure 4 heures. Elle est coefficientée 7 en L, 4 en ES et 3 en S.
Trois sujets sont proposés aux choix des candidats. Les sujets portent sur toutes les parties du programme de chacune des séries. L’un des trois sujets de chaque série est constitué par un texte philosophique. Dans toutes les séries, ce texte est emprunté à un auteur qui figure dans la liste du programme.
Pour l’épreuve orale de contrôle :
Le candidat présente à l’examinateur la liste des œuvres philosophiques dont l’étude est obligatoire. Cette obligation s’impose à tous les candidats, qu’ils soient élèves d’un établissement ou candidats libres. L’épreuve orale porte obligatoirement sur l’une des œuvres présentées, dont un bref fragment doit être expliqué. Au cours de l’entretien, toute notion du programme peut faire l’objet d’une interrogation distincte ou, si possible, en liaison avec l’étude du texte.
Au cas où le candidat, en contravention avec les dispositions réglementaires, ne présente aucune liste, ou présente une liste qui n’est pas conforme au programme, il est recommandé de fournir au candidat deux ou trois œuvres, le candidat choisit l’une d’entre elles, dont il lui est demandé d’expliquer un bref fragment. Compte tenu des obligations fixées par le programme et des présentes instructions, l’interrogation devra essentiellement permettre au candidat de tirer parti de sa culture, de ses qualités de réflexion, des lectures qu’il a pu faire au cours de l’année.
Dans toutes les séries, l’interrogation dure vingt minutes environ afin de permettre au candidat de montrer ses possibilités ; il dispose de vingt minutes environ pour la préparer.
http://espaceeducatif.ac-rennes.fr/jahia/Jahia/site/es[…]
L’évaluation
Comment corriger les devoirs de philosophie ? Des conseils sont donnés aux correcteurs.
http://pedagogie.ac-amiens.fr/philosophie/evaluation.htm
Connaître l’épreuve des séries technologiques
Une note publiée au B.O. du 8 juin définit les épreuves de philosophie des bacs technologiques à compter de la session 2007. Peu de changement : une épreuve écrite (trois sujets : deux dissertations, une explication de texte) de 4 heures, (coeff 2 ou 3), une épreuve orale de contrôle (durée 20 minutes, coeff 2). L’épreuve dure 4 heures. Les coefficients : ST2S, STG, STI, STL, hôtellerie : coefficient 2. Série TMD : coefficient 3.
Pour toutes les séries, trois sujets sont proposés aux candidats ; deux de ces sujets sont des sujets de dissertation ; le troisième est constitué par une explication de texte philosophique.
Pour le troisième sujet, il faut que le texte, emprunté à un auteur qui figure dans la liste du programme, se rapporte à une ou plusieurs notions du programme.
Le texte choisi sera accompagné de questions qui en guideront l’étude.
Des sujets particuliers sont élaborés pour les candidats de la série TMD. Pour toutes les autres séries et spécialités, les sujets sont communs.
http://www.education.gouv.fr/bo/2006/23/MENE0601210N.htm
L’épreuve orale de contrôle des séries ST2S, STG, STI, STL, hôtellerie dure 20 minutes et a un coefficient 2. En TMD c’est un coefficient 3. Le candidat présente à l’examinateur la liste des textes étudiés, empruntés ou non à une même œuvre, parmi les œuvres des auteurs inscrits au programme. Le candidat se présente à l’épreuve avec un exemplaire des textes de sa liste. L’épreuve orale porte sur l’un des textes présentés ou, à défaut, sur un bref texte proposé par l’examinateur, en liaison avec les notions du programme. L’interrogation doit permettre au candidat de faire preuve de connaissances élémentaires (vocabulaire, problèmes fondamentaux…), de tirer parti de ses qualités de réflexion et d’expression, ainsi que des lectures qu’il a pu faire au cours de l’année.
Le programme
» Dispensé durant une seule année, à la fin du cycle secondaire, et sanctionné par les épreuves d’un examen national, l’enseignement de la philosophie en classes terminales présente un caractère élémentaire qui exclut par principe une visée encyclopédique. Il ne saurait être question d’examiner dans l’espace d’une année scolaire tous les problèmes philosophiques que l’on peut légitimement poser, ou qui se posent de quelque manière à chaque homme sur lui-même, sur le monde, sur la société, etc. Il ne peut pas non plus s’agir de parcourir toutes les étapes de l’histoire de la philosophie, ni de répertorier toutes les orientations doctrinales qui s’y sont élaborées. Il convient donc d’indiquer clairement à la fois les thèmes sur lesquels porte l’enseignement et les compétences que les élèves doivent acquérir pour maîtriser et exploiter ce qu’ils ont appris. Le programme délimite ainsi le champ d’étude commun aux élèves des séries technologiques ». Après d’âpres discussions, le nouveau programme des séries technologiques est entré en application à la rentrée 2006. Il se compose d’une liste de notions et d’auteurs.
Le programme
http://espaceeducatif.ac-rennes.fr/jahia/Jahia/site/esp[…]
Les épreuves
http://espaceeducatif.ac-rennes.fr/jahia/Jahia/site/esp[…]
Le site de Grenoble
Le site offre également une approche des notions aux programmes des bacs STT, STI, STL, ST2S et STI arts appliqués.
http://www.ac-grenoble.fr/PhiloSophie/
STG : Un texte d’Epictète
L’académie de Nantes propose l’analyse d’un Entretien d’Epictète : « Croire en l’indépendance, n’est-ce pas faire preuve d’égarement ?
http://www.pedagogie.ac-nantes.fr/1188938149328/0/fiche___r[…]
Le manuel multimédia de Nantes
La rubrique philosophie de l’espace pédagogique de Nantes propose en cette rentrée un petit pratique multimédia de philosophie pour tous et pour personne.
Vous pouvez accéder à un ensemble de documents relatif au programme de philosophie des classes terminales (textes philosophiques, sujets de dissertations, documents audio et vidéo de philosophie, activités pédagogiques, cours et conférences en ligne, ressources multimédia associées, …). Il est autant destiné aux professeurs souhaitant trouver de nouvelles ressources, qu’aux élèves pour illustrer, prolonger ou approfondir leur cours mais aussi aux parents pour prendre connaissance des réflexions menées par leurs enfants durant cette année de terminale.
Par exemple, sur le thème de la biologie, Stéphane Vendé nous propose des extraits vidéo (avec F. Dagognet), des sujets de dissertation, une sélection de ressources.
Le manuel
http://www.pedagogie.ac-nantes.fr/79652062/0/fiche___pa[…]
Les cours du LOG
Le Lycée Ouvert de Grenoble pratique depuis des années l’enseignement à distance en faveur des grands sportifs ou des malades. Les cours de philosophie du LOG sont maintenant hébergés sur le site académique ainsi que les ressources qui leur sont associées. C’est la totalité du travail de plusieurs années qui sera disponible.
http://www.ac-grenoble.fr/PhiloSophie/
Les notions
Sur le site académique de Grenoble, Pierre Hidalgo aborde les notions aux programmes des terminales générales et technologiques. Une mine d’information pour découvrir le programme.
http://www.ac-grenoble.fr/PhiloSophie/
Les auteurs au programme
Une sélection de sites Internet pour étudier chaque auteur au programme.
http://espaceeducatif.ac-rennes.fr/jahia/Jahia/site/esp[…]
Les révisions du bac en podcast !
Réviser le bac philo dans le bus en allant au lycée. C’est ce que proposent les éditions Hatier depuis 2006. Méthodologie, définitions, problématiques, sujets de bac problématisés : pendant les semaines qui précèdent le bac, 22 programmes audio permettront de réviser tout le programme des séries générales et technologiques (notions communes). Hatier, qui édite également les Annabac, publie « Livre & Clic », une collection de supports de révision pour les bacs philosophie et français associant un livre avec un site Internet sonorisé.
La philo en vidéo avec M-éditer
Les éditions M-Éditer mettent progressivement en ligne, gratuitement, leur catalogue de vidéos de sciences humaines en général et de philosophie en particulier sur Youtube.
Les trente premières vidéos sont particulièrement adaptées au programme de terminale : la vérité, morale et politique, le mal totalitaire etc. Les prochaines vidéos : Que faisons-nous de notre finitude ? par Joël Gaubert; De l’authenticité ou comment devenir soi-même ?, Caroline Baudoin; Memento mori, philosophie du K.-O., Pascal Taranto; Le bonheur et la mort, Jean-Marie Frey; De quoi parlons-nous exactement lorsque nous parlons d’euthanasie ?, Jacques Ricot.
La collection de vidéos
http://www.youtube.com/user/M1962Editer#g/u
S’entraîner
Réfléchir
Sur le site d’Amiens, C. Prompsy propose de petits exercices de réflexion : QCM sur quelques repères, exercices de logique etc. A Nantes, S. Vendé publie des exercices et QCM sur des citations philosophiques.
http://pedagogie.ac-amiens.fr/philosophie/experiences.htm
Apprendre à philosopher
Voilà une œuvre originale et très utile aux lycéens. Jacques Ricot propose deux CD conçus spécialement pour les lycéens, accompagnés d’un livret qui résume et éclaire les interventions. « À une question philosophique, fournir les éléments de sa solution en trois minutes et demie ! L’exercice pour le philosophe habitué à des séquences autrement plus longues, n’est pas sans péril. Mais parce que je crois aux vertus de la parole concise, j’ai accepté de relever le défi en m’adressant au grand public. »
http://www.pedagogie.ac-nantes.fr/01076825/0/fiche___res[…]
Explications de textes
« A la fin du premier trimestre, trois réunions départementales se sont tenues dans notre académie. Elles avaient pour vocation de susciter une réflexion commune sur l’explication de texte, sa nature et sa place dans notre enseignement. A l’issue de ces trois rencontres, nous étions convenus de consigner les conclusions de ces discussions et de les communiquer à tous afin qu’elles jouent un rôle régulateur dans la conduite de notre enseignement et dans nos pratiques d’évaluation, notamment lors des épreuves du baccalauréat ». Le travail de ces rencontres picardes est mis en ligne par M. Francis Foreaux, IPR, Jocelyne Breton, M. Arnaud Desjardin et Pierre-André Huglo. Ils évoquent l’épreuve écrite, l’oral et l’organisation de l’épreuve.
http://pedagogie.ac-amiens.fr/philosophie/philoofficiel/consignestextes.htm
Le site versaillais publie des exemples d’explication de textes philosophiques : A. Saint-Pol et L. Dechezleprêtre travaillent sur des extraits d’une lettre de Descartes, E. Ostier sur un texte de Bergson. A Grenoble, P. Hidalgo nous livre son analyse d’un texte de Proust sur l’art.
http://www.philosophie.ac-versailles.fr/enseignement/Ex[…]
http://www.philosophie.ac-versailles.fr/enseignement/e[…]
http://www.philosophie.ac-versailles.fr/enseignement/ex[…]
http://www.ac-grenoble.fr/PhiloSophie/articles.php?lng[…]
Lecture suivie : Descartes – Lettre au marquis de Newcastle
Le Lycée Ouvert de Grenoble nous offre cette lecture interactive d’un texte de Descartes. La souris en passant sur certaines zones donne accès à des informations qui éclairent le texte. Un bel entrainement à l’oral du bac !
http://www.ac-grenoble.fr/PhiloSophie/articles.php?lng[…]
Les annales
3 000 sujets de dissertation, 1117 textes philosophiques et encore 3302 sujets de dissertation etc. : ca vous tente ? L’académie d’Amiens offre ses liens spécialisés, y compris des sujets des années 1930 et 1940 !
http://pedagogie.ac-amiens.fr/philosophie/sujetsbac.htm
Faut-il aimer autrui pour le respecter ? (ES, 2007) Le désir peut-il se satisfaire de la réalité ? (S, 2007) Les sujets tombés au bac depuis 2004 sont ici.
http://pedagogie.ac-amiens.fr/philosophie/sujets/BAC-QUESTIONS.html
Les sujets de tous les bacs de 2007
http://pedagogie.ac-montpellier.fr/Disciplines/philos[…]
La philo au bac 2010
« Faut-il oublier le passé pour se donner un avenir ? » « Dépend-il de nous d’être heureux ? » « Le rôle de l’historien est-il de juger ? » « Une vie heureuse est-elle une vie de plaisirs ? » C’est le florilège des dissertations proposées au bac 2010. Retrouvez tous les sujets sur le site du ministère.
http://www.education.gouv.fr/cid52154/ba[…]
Le forum de Grenoble
« J’ai eu un prof cette année qui a essayé de nous montrer pourquoi Socrate est un sophiste, mais le blocage de ma FAC a réduit la durée du semestre et il n’a pas eu le temps d’aller jusqu’au bout… Je vais essayer de résumer ce sur quoi s’articule, selon moi, l’argumentation faisant de Socrate un sophiste, car je suis curieux de voir ce que vous en pensez. Il s’agit aussi du point où en est ma compréhension de Platon – je n’arrive pas à le rendre plus cohérent autrement que avec cette explication. » Le forum du site académique grenoblois offre ainsi des moments de réflexion philosophique portés par des élèves. Une vraie préparation au bac où on pourra échanger sur un plan ou trouver de l’aide.
http://www.ac-grenoble.fr/PhiloSophie/
Communiquer : Apprendre la philosophie avec un blog : le témoignage de Didier Moulinier
Didier Moulinier anime une série de blogs qui sont chacun une révélation. Il sera ici surtout question d’Apprendre la philosophie, un blog tourné vers ses élèves. Mais on saurait trop inviter les enseignants à visiter aussi « Enseigner la philosophie » et ses rubriques originales, décapantes, ouvertes sur le monde.
Votre blog offre à la fois des cours, des TD, de la méthodologie, des corrigés. Comment articulez-vous vous le cours et les documents de cours mis en ligne ? C’est un rappel, une visibilité pour les parents, un après-cours ?
Votre question revient à demander : pourquoi proposer des cours en ligne avec tout ce qui les accompagne (TD, textes, corrigés), est-ce une pratique pédagogique bis, complémentaire, alternative, et destinée à qui ?
Je destine en priorité le blog http://apprendre-la-philosophie.blogspot.com à mes propres élèves. J’enseigne dans un lycée de province « moyen » qui concerne une population sociologiquement assez hétérogène, avec des classes générales et techniques. Mon blog s’adresse donc résolument à ces élèves là : pas vraiment aux classes prépas ni aux étudiants de faculté. Je ne publie rien qui ne puisse être compris par la moyenne de mes élèves. Je ne vois pas l’intérêt de publier des leçons d’agrégation juste pour épater la galerie (les collègues ?!), d’autant plus que j’anime par ailleurs d’autres blogs orientés vers la recherche.
Mes élèves sont donc informés de l’existence de ce blog, mais je ne les oblige aucunement à le consulter (d’ailleurs certains « campagnards » n’ont pas encore internet et le réseau internet du CDI de mon Lycée interdit l’accès aux blogs en général !!). Il s’agit donc d’un travail d’appoint, d’une possibilité qui leur proposée d’approfondir ce que l’on fait en classe, éventuellement de retrouver et d’imprimer des documents utilisés, etc.
Et pour les devoirs ?
Vous voulez dire les corrigés ? Je fais souvent des corrigés qui sont aussi des rappels méthodologiques (je fais, et je dis comment je fais). Généralement je ne m’étends pas sur des pages et des pages, je n’aime par me répéter par rapport aux leçons qui sont elles-mêmes des problématiques développées. L’intérêt du blog pour les élèves est évidemment de pouvoir consulter des corrigés sur des sujets différents de ceux qui leur sont proposés en devoirs. Lorsque je donne un DM (devoir maison), il est évident que je ne publie le corrigé qu’après-coup.
Je sais bien que cette question des corrigés sur internet est un « sujet qui fâche » de nombreux collègues… C’est un fait : les élèves peuvent récupérer sur le net des corrigés sur à peu près tous les sujets possibles et imaginables. Mais les professeurs aussi ! Je veux dire que si les possibilités de fraude se sont multipliées avec internet, les moyens de contrôle aussi ! Il faut être naïf ou particulièrement étourdit pour se laisser berner : le simple usage d’un moteur de recherche comme Google permet de confondre le plus petit plagiat en retrouvant immédiatement le corrigé incriminé. Je ne parle pas des officines, ces escrocs qui vendent de (piètres) corrigés pour quelques euros, que bien souvent d’ailleurs on peut retrouver ailleurs sur le net ! Il suffit de prévenir fermement ses élèves, dès le début de l’année, en donnant la règle : vous pouvez tout utiliser, vous aider avec toute sorte de sources, mais vous ne devez jamais recopier, pas la moindre phrase ! Sinon : paf ! Un correcteur même débutant est parfaitement capable de reconnaître le phrasé d’un professeur et ainsi, après une très courte recherche, de confondre l’élève. Personnellement, je crois en l’utilité des devoirs maison qui permettent aux élèves de se cultiver, parce qu’il n’y a pas de réflexion sans (un peu de) culture. Non ?
Quels échos en avez vous du côté des élèves et des parents ? Est ce une motivation ?
Non, ce n’est pas du tout la motivation. Concernant les parents : je n’ai aucun écho ! Seule une partie (1/4 je crois) de mes élèves s’intéresse au blog, mais comme ce sont les plus motivés, ces petits curieux vont plutôt voir sur mes autres blogs (psychanalyse par exemple) ce qui s’y passe… Certains me « cueillent » même sur MSN pour continuer la discussion commencée en cours ! Donc des liens différents se tissent parfois, même s’ils restent finalement des rapports prof/élèves : possibilité d’évoquer l’actualité, la politique, la musique… Mais c’est toujours l’avis du prof de philo qui les intéresse, pas question de « copiner » ! Et comme je donne rarement mon « avis » sans ramener à un questionnement philosophique… l’éthique est sauve !
Vous avez de nombreux autres blogs qui traitent par exemple de la psychanalyse. Comment sont-ils arrivés dans la vie du prof ? Comment influent-ils sur la relation aux élèves ?
Alors c’est plutôt le prof qui est venu se greffer, un peu accidentellement, sur une vie de recherche philosophique et, comme vous l’avez remarqué, plurielle. Je vous ai évoqué le côté anecdotique lors de la précédente réponse. Mais il y a une question de fond, bien plus passionnante : quel rôle joue la recherche (alors même qu’on n’a pas le statut d' »enseignant-chercheur » – c’est bien dommage !) sur la pratique enseignante d’un professeur de philosophie au Lycée ? Pour ma part, cette incidence est essentielle. D’abord c’est l’esprit de la recherche qui prime, pas différent de l’esprit d’apprentissage à mon avis : je continue la recherche (même après un doctorat) parce que je me considère toujours comme un apprenti-enseignant ! Les choses évoluent tellement vite, les élèves, les conditions matérielles qui nous sont faites dans l’Education Nationale, etc., comment pourrait-on se reposer sur son « statut » d’enseignant ? Je ne sais toujours pas comment faire, je refais toujours mes cours, j’essaie d’inventer, souvent je me plante… Bref je suis un étudiant, résolument.
Mes autres blogs (à part « Résistances » où je vomis ma bile… pour supporter l’évolution politique de ce pays) sont tournés vers l’actualité philosophique, la méta-philosophie, la non-philosophie et la psychanalyse. L’actualité, parce que se tenir informé (des nouvelles publications notamment) est pour moi une question d’éthique. La psychanalyse, je ne l’enseigne pas spécialement à mes élèves, c’est un éclairage personnel et constant, une perspective originale et redoutablement cohérente sur le Sujet (donc au moins pour toute la première partie du programme de terminale). La « non-philosophie », ce n’est pas une critique ou une négation de la discipline, mais la condition de possibilité même de toute invention philosophique (et donc pédagogique) : par exemple, comment faire avec la résistance des élèves à la philosophie, là où les philosophes tendent habituellement à minorer cette résistance (simple effet de l’ignorance : nul n’est méchant volontairement !), cette « discipline » élaborée par François Laruelle introduit un peu de philo-fiction et d’esprit d’invention, des potentialités pédagogiques inouïes en dédramatisant radicalement le geste du philosopher.
Lorsque je vois des élèves n’en voulant rien savoir, non seulement de « la » philosophie mais des problématiques qu’on leur soumet, je ne me dis pas d’emblée qu’ils ont tort parce qu’ils sont incultes ou idiots. Je me dis que j’ai à apprendre quelque chose de cette résistance. Peut-être « savent-ils » après tout ? Mais quoi ? Ca m’interroge…
De nombreux professeurs de philosophie rejettent l’usage des TICE. Comment expliquez vous cette position ?
Oui, la profession n’est pas spécialement avant-gardiste de ce côté-ci… Je suppose que c’est sa manière à elle de résister ! Mais à quoi ? La plupart des professeurs de philosophie, conformément d’ailleurs à la doctrine officielle de l’inspection, considère que le meilleur de la transmission philosophique passe par le cours oral sans médiation (surtout pas de polycopiés ! alors vous pensez, internet !) avec, dans le meilleur des cas, la participation active des élèves dans l’élaboration du questionnement. (Osons espérer que le prof se-donnant-en-représentation-entrain-de-penser devant ses élèves est une espèce en voie de disparition, et cette pratique une mauvaise plaisanterie définitivement obsolète !). Cette surestimation (je dirais « idéologique » pour faire vite) de la parole enseignante (renvoyant l’audio-visuel du côté de l’inauthentique et de la « passivité ») me paraît dommageable en ceci qu’elle nous confine dans des situations de moins en moins faciles, ne serait-ce que de devoir dispenser la quasi-intégralité de notre enseignement sous la forme de « cours magistraux » devant des auditoires de 30 ou 35 élèves plus ou moins attentifs (c’est la règle en terminale, du moins dans mon lycée). Tout le monde s’y épuise évidemment. Combien de temps ce système va-t-il tenir et rester crédible ? Personnellement, je ne suis pas loin de penser que le modèle du cours magistral – véritable quintessence de l’acte philosophique selon la tradition -, où un individu est censé captiver et quasiment convertir son public par la seule magie du verbe, a sérieusement du plomb dans l’aile : il faut être aveugle, ou sourd, pour ne pas s’en rendre compte !
Donc les TICE proposent d’autres formes de médiation et de transmission, des pratiques enseignantes alternatives, et bien entendu l’usage d’internet en fait partie. A ce propos je suis toujours interloqué lorsque j’entends parler de l' »outil internet »… Un « outil », internet ?! Pour le coup, il faut ne rien comprendre à rien pour oser dire cela. Internet n’est pas un outil, mais de plus en plus (avec le web2 et bientôt 3, 4…) un clone virtuel du monde réel : je ne vois pas en quoi cela répond à la définition d' »outil », pas même « outil de communication ». On ne communique pas « avec » internet, internet est une forme de communication… Or on ne pense pas – même en philosophie – sans s’informer (j’y reviens et j’y tiens) ni sans communiquer.
Didier Moulinier
Propos recueillis par François Jarraud
Le blog Apprendre la philosophie
http://apprendre-la-philosophie.blogspot.com/
Blogs philosophiques
Pour préparer le bac , faire ses devoir,réviser, le site d’Amiens fait connaître des blogs philosophiques tenus par des enseignants. Bientôt 30 blogs !