C’est une approche difficile mais réussie que prend Olivier Quesnel pour amener ses élèves à découvrir la Shoah. Le 18 mai il inaugurait à Saint Lo l’exposition des photos de ses élèves qui sont allés sur les traces de Michone Hadine, un juif déporté à Auschwitz en1943. Olivier Quesnel porte cette démarche depuis plusieurs années.
Concurrence mémorielle
Pas facile de parler de la Shoah à Vire ou à saint Lo. Parce que les deux villes, rasées dans les bombardements des libérateurs en juin 1944 sont marquées par le souvenir de cette extermination. Et aussi parce que concrètement les bombardements ont détruit les traces. Les archives ont brulé. Les lieux ont disparu comme le domicile des victimes ou le lycée où la proviseure a caché un enfant juif.
Olivier Quesnel n’a pas peur de la compétition des mémoires et assure depuis des années, d’abord à Vire puis à Saint Lo, la mémoire des déportés.
Professeur d’histoire-géographie , O Quesnel a d’abord été stimulé par son déficit de formation sur la Shoah. Un stage au Mémorial de la Shoah lui a donné l’occasion d’une mise à niveau et l’envie d’aller plus loin avec ses élèves.
Une approche artistique
A Vire d’abord, puis maintenant au lycée de Saint Lo, O Quesnel engage des volontaires à réaliser une exposition photo sur la mémoire des disparus. « Il s’agit de suivre symboliquement la trajectoire d’un déporté », nous dit-il. Michone Hadine a été arrêté le 23 octobre 1943 à Saint Lo et déporté à Auschwitz le 20 janvier 1944 en passant par Drancy. Il a travaillé à Monowitz où il est mort rapidement. Ce trajet est suivi par les élèves grâce à des aides du mémorial, de la ville, du lycée et à de l’autofinacement.
Pour préparer ce voyage et l’exposition, O Quesnel a utilisé les heures d’EMC et d’accompagnement personnalisé avec ce groupe d’élèves.
« Travailler sur la proximité géographique interpelle les élèves. Leur travail artistique permet de poser la question de la représentation de la Shoah. Les élèves construisent leur point de vue. Ils développent un regard critique. »
O Quesnel n’ira pas plus loin. « Connaitre l’histoire de la manipulation des âmes n’est pas un antidote à la montée de l’antisémitisme », dit-il. « Aux élèves de se forger une âme de citoyen ». Mais l’exposition photo fait le lien entre les victimes d’hier et les survivants d’aujourd’hui.
François Jarraud