« Mesuré, et tout à fait juste » Ou « visions simplistes… rapport sévère pour les initiatives du ministre » ? Formateurs, chercheurs ils analysent le rapport de l’Inspection.
Pour François Boule, Cnefei, le rapport est « mesuré, et tout à fait juste… Ce texte, s’il est bien compris, devrait être de nature à tempérer les intentions réformatrices (réactionnaires) du Ministre que la rumeur fait craindre ». Pour Didier Missenard, IUFM d’Antony, « constats et préconisations devraient intéresser les maîtres, aussi bien à l’Ecole qu’au collège ».
Rémi Brissiaud a une vision plus critique : « Le texte de l’Inspection Générale est bien dans l’« air du temps » : le rejet d’un constructivisme radical s’y accompagne d’un appel à l’ « automatisation ». Malheureusement, cette notion, comme d’autres qui ont partie liée avec elle, celle de « mémoire de travail », par exemple, est largement débattue aujourd’hui en psychologie cognitive expérimentale. Et les personnes qui devraient utiliser ces notions avec la plus grande circonspection sont précisément les pédagogues. En effet, un défaut de « mémoire de travail », par exemple, est souvent évoqué pour « expliquer » l’échec scolaire, mais l’inconvénient de cette notion théorique est qu’elle permet de clore l’analyse des causes et leur traitement pédagogique au sein de l’école. Il y a cinquante ans, on disait de tels élèves qu’ils manquent d’intelligence et cette affirmation permettait de ne plus se questionner sur d’autres causes éventuelles de l’échec ; serait-ce un progrès considérable si l’on affirmait aujourd’hui qu’ils ont une mémoire de travail défaillante ?
Une analyse de l’échec scolaire en termes de défaut de conceptualisation offre bien d’autres perspectives pédagogiques. On ne peut donc que regretter que le texte de l’inspection générale n’aborde pas l’automatisation en relation avec la question de la conceptualisation arithmétique et laisse ainsi le champ libre à des visions simplistes de l’accès à l’automatisation ».
Enfin Joël Briand, maître de conférences en mathématiques IUFM d’Aquitaine, revient sur les programmes actuels pour proposer une progression et en souligner l’intérêt. « Les programmes de 2002, par leurs documents d’accompagnement, offrent de bonnes pistes en prenant en compte « l’élève », ce que les programmes du XX siècle ne faisaient pas. Toutefois les décisions qu’un enseignant doit prendre (planification sur l’année) supposent pour lui un travail lourd que les programmes laissent à sa charge. C’est pour cela que je propose de faciliter la lecture des programmes. Le tableau que j’ai proposé est une façon de travailler, mais il y en a d’autres… Une dernière remarque : il serait apaisant que les décideurs cessent de changer les programmes trop souvent : cela a un effet pervers : les enseignants ne « suivent plus ». La parole officielle est, de fait, discréditée ».
A propos du rapport de l’Inspection générale sur les mathématiques à l’école primaire
Jo