« Intervenir dans les cours, on adore ça ». Jeudi 20 mai, l’association Initiadroit, qui missionne chaque année des avocats pour qu’ils illustrent en classe par leur expérience les cours d’éducation civique, aurait pu fêter 12 ans d’interventions enrichissantes en classe. Mais c’est un événement national, la 1ère Coupe nationale des élèves citoyens, qui mobilisait Lucile Rambert et son équipe. Un millier de collégiens et lycéens participaient à une finale nationale animée, clôturée par une cérémonie en présence de la ministre de la justice, Mme Alliot-Marie, du recteur de Paris et du bâtonnier du barreau de Paris.
« Le sport c’est le courage, l’audace, le respect de l’adversaire. Le sport c’est le coureur de Marathon« . Dans un gymnase du stade Charléty,à Paris, sur une estrade, neuf lycéens discourent sur des thèmes imposés par Initiadroit : « la sanction de la violence dans le sport », « les dérapages collectifs dans le sport » et « le sport peut-il devenir le prétexte à des débordements incontrôlés, individuels ou collectifs ? ». Ils arrivent en fin d’un parcours qui a commencé des mois plus tôt où ils ont du franchir la première étape d’une sélection régionale. Des milliers d’élèves ont participé à la Coupe nationale des élèves citoyens, de la 6ème à la terminale. Jeudi 20 mai ce sont les finales nationales qui ont vu le matin s’affronter 12 collégiens, et l’après-midi 9 lycéens, représentant les trois niveaux (2de, 1ère et terminale).
Ce sont les filles qui parlent du sport et qui affrontent la salle. Peu de garçons ont le courage de l’orateur. Sur scène, certains élèves bafouillent mais la conviction est là. Et les discours sont construits. « Je leur ai appris 4 choses », rappelle M. Reboh, professeur d’économie au lycée Erik Satie de Paris. « Il faut au début du discours cerner le sujet, en définir les termes, poser la problématique et annoncer le plan ». Avec ses collègues de français et de comptabilité, il a entrainé les élèves de terminale pro comptabilité du lycée dans cette coupe. « Chaque groupe d’élèves a pris en charge une partie du discours. L’oratrice s’est imposée d’elle-même ». Vivement acclamée par ses camarades, cette jeune fille montre beaucoup de conviction et d’allant.
« Les élèves ont appris beaucoup de choses en droit en préparant le discours », précise M. Reboh. « Mais ils ont aussi appris le poids des mots. Ils ont vu qu’à partir d’un sujet on peut rédiger un discours de 4 pages ». Le lycée accueille les équipes d’Initiadroit dans les classes depuis 4 ans. « »Pour les élèves c’est un contact intéressant avec des professionnels. Et ça complète très bien le cours. Les élèves écoutent beaucoup mieux. Avec les avocats d’Initiadroit, y’a pas de « oui mais » ! «
D’ailleurs les élèves écoutent avec intérêt le sociologue Patrick Mignon évoquer la violence dans le sport. « Pour que le sport reste un jeu limité à ce qui est prévu par se srègles, il faudrait pouvoir faire disparaître toutes les ingérences. Le sport est une activité qui va dans le sens d’une société qui croit en l’égalité. Or la violence vient souvent d’un sentiment d’inégalité. Le spectateur qui a le sentiment qu’il n’est pas traité de manière égale trouve dans le sport un espace où revendiquer ».
La remise des prix suit les plaidoiries des apprentis avocats devant un jury composé de membres du barreau de Paris. C’est au tour de Michèle Alliot-Marie de parler des effets délétères de la violence, de remercier les élèves qui sont arrivés en finale et de remettre, avec Patrick Gérard, recteur de Paris, et Christian Charrière-Bournazel, bâtonnier, les trophées aux vainqueurs de la Coupe.
C’est une classe de seconde ski étude du lycée Prévost de Villard de Lans qui emporte la coupe des classes de seconde pour une plaidoirie convaincante prononcée par une élève qui pourrait bien en faire son métier. La coupe de première est attribuée au lycée Notre Dame de Guingamp. C’est la terminale pro comptabilité du lycée Erik Satie de Paris qui reçoit le trophée des terminales.
Grâce à Initiadroit, plus de 900 avocats interviennent bénévolement dans les cours d’éducation civique dans une dizaine de régions. « Le contact avec les enseignants est excellent », nous confie Lucile Rambert, directrice d’Initiadroit. « On ne remplace pas l’enseignant mais on a le pouvoir d’illustrer le cours à partir de notre expérience d’avocat. On peut ainsi faire découvrir ce qu’est le droit et la justice en France à des élèves qui souvent ne les connaissent qu’à travers des séries télévisées américaines. On adore tenir une classe, voir les élèves réfléchir et penser. C’est très rafraichissant. On sort enrichis ». Voilà des « avocats enseignants » qui en redemandent. Combien d’élèves en 2011 pour la deuxième édition de la Coupe ?
François Jarraud
Initiadroit