Par Rémi Boyer de l’association Aide aux Profs
Souvent présentée comme l’une des deux seules voies traditionnelles (avec les fonctions d’inspecteur) d’évolution professionnelle pour les enseignants par les cellules d’aide aux enseignants et de seconde carrière, la fonction de gestionnaire d’EPLE est exigeante, et une seconde carrière de ce type doit à notre avis être précédée au moins d’un bilan de compétences.
Eric Larcher (Café n°102) estimait lui-même que les processus actuels de recrutement mériteraient d’évoluer : « Il faut vraiment réformer les processus de recrutement, se doter de processus professionnels, avec une partie des épreuves consacrée aux connaissances académiques et une deuxième partie consacrée au positionnement de l’individu dans le système éducatif et par rapport à la fonction à laquelle il postule, afin de vérifier que ce qu’il imagine correspond bien à la réalité du terrain. Je suis partisan d’externaliser ce recrutement : des cabinets spécialisés, des associations indépendantes des académies pourraient s’en occuper. »
Ils conviennent que des étapes intermédiaires permettent de réussir ensuite dans ce métier exigeant :
D’après Paul Quénet, DAFCO de Caen, les enseignants qui ont d’abord occupé des fonctions de conseiller en formation continue (CFC) réussissent bien sur ce type de fonctions :
http://cafepedagogique.net/lemensuel/lesysteme/Pages/2[…]
Eric Larcher (ancien DAFCO et DAFPIC) confirme lui aussi que ceux qui ont occupé des fonctions de « chefs de travaux » s’adaptent bien à ces fonctions très exigeantes : « Après avoir occupé les fonctions de « coordonnateur des enseignements technologiques », peu d’enseignants reviennent devant élèves. Beaucoup deviennent proviseur de lycée, car ces fonctions leur ont mis le « pied à l’étrier », comme une seconde carrière temporaire, intermédiaire ».
http://cafepedagogique.net/lemensuel/lesysteme/Pages/20[…]
Tous les chefs d’établissement ont-ils choisi avec passion ce métier ?
Georges Fotinos, IGEN et actuel conseiller du président de la MGEN, a publié une étude approfondie sur le moral des chefs d’établissement, que vous pouvez demander à recevoir gratuitement auprès de la MGEN : http://www.mgen.fr/index.php?id=868
Une chronique d’Emmanuel Davidenkoff pour France Info le 20 février 2008 confirme ce constat :
http://www.france-info.com/spip.php?article98535&theme=[…]
En 2006, cet article de presse évoque le « blues du chef d’établissement », l’alourdissement des tâches, voire la crise des vocations :
http://versailles.snpden.net/Ze_Docs_Acad/Manif_26-11-0[…]
En 1996, le Café évoquait déjà cette difficulté à venir du recrutement :
http://cafepedagogique.net/lemensuel/lesysteme/Pages/20[…]
Ici et là sur le web fleurissent des forums de gestionnaires d’EPLE, et des personnels de direction de collèges et de lycées, permettant de se faire une idée précise des atouts et des inconvénients de ces fonctions :
http://gestionnaires.actifforum.com/gestionnaires-d-eple-c1/
http://personnel-de-direction.fr/index.php?option=com_front[…]
Alors, ce métier est-il en crise ? Est-il souhaitable, lorsque l’on est enseignant, de tenter directement le concours de chef d’établissement en espérant ainsi entreprendre une seconde carrière administrative ?
Nous pensons qu’il est préférable de tester d’abord les conditions d’un emploi administratif à responsabilités en évoluant vers un poste en détachement, permettant un retour en arrière en cas d’échec, alors qu’une fois titularisé sur un poste de chef d’établissement, ce retour en arrière n’est plus possible, sauf en démissionnant. Jean-Claude Baise (café n°88) avait été de ceux là, procédure peu appréciée en général par l’institution :
http://cafepedagogique.net/lemensuel/lesysteme/Pages/20[…]
Quel document consulter pour se faire une idée concrète des missions confiées et des responsabilités exercées ?
Pour accompagner la carrière des chefs d’établissement, le Ministère procède d’ici fin 2009 à une actualisation de fiches pratiques du guide juridique qui les concerne:
http://www.education.gouv.fr/cid3946/guide-juridique-du-chef[..]
La précédente édition complète datait de 2001 :
http://media.education.gouv.fr/file/70/7/2707.pdf
Nous conseillons vivement aux candidats à cette fonction de consulter ces fiches avant de passer le concours afin de bien évaluer la dimension du travail qui leur sera demandé.
Devenir chef d’établissement, c’est embrasser une carrière plus diversifiée, plus lourde de responsabilités (ce document les évoque : http://www.ac-limoges.fr/IMG/pdf/respons.pdf ), mais aussi pleine d’imprévus, aucun jour ne ressemblant à un autre. C’est devenir chef d’une entreprise : une école, un collège, un lycée. Parfois plusieurs milliers d’élèves, des équipes de quelques dizaines à une centaine de personnes, personnels pédagogiques et administratifs confondus.
Alors que beaucoup d’enseignants hésitent, en seconde carrière, à créer une petite entreprise, nous nous étonnons de leur capacité à prendre les rênes de véritables grandes entreprises que sont les collèges et les lycées, l’exemple de Françoise Duplessis (témoignage du mois) ci-dessous prouvant que ce métier est loin d’être de tout repos, loin de la routine qu’éprouvent parfois les enseignants demeurés dans le même établissement plus de dix ans, en enseignant aux mêmes niveaux de classe un programme qui, dans l’ensemble, n’est jamais profondément transformé dans certaines disciplines.
Quelles sont les conditions et modalités d’emploi de ce métier ?
Le web nous fournit plusieurs guides pratiques sur les fonctions de chef d’établissement, le déroulé de carrière (indice, primes, promotions) :
http://www.ac-rouen.fr/rectorat/profession_recrutement/[…]
Le site de l’ESEN oriente aussi sur l’extranet de la DAF qui contient des informations utiles sur la gestion des EPLE :
http://www.esen.education.fr/fileadmin/user_upload/Modules/Fo[…]
Pour accéder à l’intranet de la DAF, l’extranet du site Pleiade donne directement les codes d’accès :
https://www.pleiade.education.fr/portal/pleiade/daf
Vous pourrez ainsi consulter toutes les données liées aux indices et aux primes qui vous intéressent, mais aussi mieux vous informer sur la LOLF, qui régit les normes comptables auxquelles sont soumis tous les EPLE.
Devenir chef d’établissement, c’est aussi apprendre la LOLF.
Avant de vous lancer, pensez à consulter des témoignages, à rencontrer des chefs d’établissement :
Avant de se lancer, il peut être aussi utile de consulter les nombreux témoignages d’anciens stagiaires, afin de se forger sa propre opinion sur la difficulté du concours, le contenu de la formation, les réalités d’exercice des fonctions sur le terrain : http://snupden.fsu.fr/spip.php?article4
Dans le Café n°95, Alain Quibel, directeur du lycée professionnel Providence-Miséricorde à Rouen, nous avait déjà évoqué la diversité de ses responsabilités et son emploi du temps :
http://cafepedagogique.net/lemensuel/lesysteme/Pages/2008/95[…]
Et quand viendra le moment de préparer le concours…
Pour ceux que le métier intéresse, une bibliographie exhaustive est fournie par l’académie de Versailles :
http://www.ac-versailles.fr/public/upload/docs/application/pdf[…]
Des personnels expérimentés prodiguent dans cet ouvrage récent des conseils pour réussir le concours :
http://www.eyrolles.com/Entreprise/Livre/personnels-de-d[…]
Le métier n’est plus réservé aux anciens enseignants, comme l’a permis le BIR n°21 du 4 février 2008 :
http:// www.ac-lyon.fr/index.php?module=media&action=Display[…]
Comme le montre cette étude ( http://cat.inist.fr/?aModele=afficheN&cpsidt=16556208 ) les fonctions s’ouvrent peu à peu à d’autres fonctionnaires de différents ministères : réussissent-ils mieux ou moins bien que ceux qui ont œuvré toute leur vie au service de la pédagogie ? Cela mériterait une étude universitaire…
Enfin, ce site répondra à toutes les interrogations des plus exigeants et des plus curieux sur ces fonctions de gestionnaires d’EPLE :
http://pagesperso-orange.fr/gestionnaires03/index.html
L’ESEN propose cette année 2009-2010 un Master en direction des futurs directeurs d’EPLE :
http://www.esen.education.fr/fileadmin/user_upload/Contenus/F[…]
En route pour la mobilité professionnelle…volontaire ?
Par Rémi Boyer de l’association Aide aux Profs
Le ministre Eric Woerth, rapporteur général de la RGPP, assure le pilotage de ce dispositif ambitieux, en toute transparence, avec un suivi rigoureux, en toute transparence.
Suivez-en les étapes sur ce site clé : http://www.rgpp.modernisation.gouv.fr/
En effet, depuis début 2009 se constituent progressivement dans les préfectures de régions des plateformes régionales d’appui interministériel à la Gestion des Ressources Humaines. Elles seront chargées de faciliter la restructuration d’une partie des services de l’Etat, en réalisant une gestion des mobilités et des carrières des agents des différents ministères dont les postes sont supprimés. Chaque plateforme comprend un directeur, un conseiller mobilité carrière, un conseiller formation, un conseiller en action sociale, et un webmaster afin d’alimenter les bourses de l’emploi régionales qui seront créées.
Conseiller mobilité carrière (CMC) est un métier nouveau, défini par un guide méthodologique diffusé fin novembre 2008 par la DGAFP et que nous avions évoqué à ce moment là. En 2009, l’Etat compte recruter une centaine de CMC, et peu à peu il y a fort à parier que ce métier sera déployé aussi dans les universités, les établissements publics de l’Etat, puisque l’objectif est d’inventer une nouvelle GRH, une nouvelle GPEEC, pour répondre enfin, nous l’espérons, à toutes les préconisations des rapports qui se sont succédés depuis 1998 sur ces thèmes.
Ce chantier de grande ampleur représente clairement l’une des grandes priorités de l’Etat, et un calendrier rigoureux a été fixé, afin de garantir le succès de cette rationalisation des emplois. A l’automne 2009, l’ensemble du dispositif sera pleinement opérationnel, pour une RGPP dynamique, à la hauteur des ambitions affichées.
Les ministères de la Défense et de l’Education Nationale ont préféré dans la grande majorité des cas recruter en interne, dans leur vivier de personnels administratifs, leurs CMC. Il est vrai que dans le cadre de la RGPP, les rectorats sont également touchés par les compressions d’effectifs, et que c’est une manière, là aussi, de faciliter les secondes carrières des APAENES par exemple.
Dans quelques cellules de seconde carrière du MEN, des enseignants ont été recrutés, et mis à disposition sur des supports de chargés de mission. Leur nombre nous paraît cependant clairement insuffisant par rapport au potentiel de personnels à traiter. Dès que le feu vert de la mobilité sera donné, il y a à craindre un « appel d’air » et un engorgement : comment réagirons dans ce cas les cellules de seconde carrière ?
Le Ministère de la Culture s’est lui aussi doté d’une cellule mobilité et carrière, tandis qu’apparaissent peu à peu sur www.biep.gouv.fr des emplois dédiés à l’accompagnement de la mobilité des agents de l’Etat et de la gestion de leurs compétences.
Pour la MIFOR, avec du renfort, ça va marcher fort…
Par Rémi Boyer de l’association Aide aux Profs
D’après nos informations, pour l’Education nationale, l’action de la MIFOR (mission formation de la DGRH délocalisée à l’ESEN) est en marche, avec un calendrier de formation accéléré des conseillers mobilité carrière qui a démarré en février 2009, pour toutes les académies.
Le plan de formation de la MIFOR vise aussi à améliorer entre autres l’accueil téléphonique et de visu dans les différents services académiques, par la diffusion et l’enseignement d’un référentiel appelé « Marianne ». Le référentiel s’applique aussi à la qualité de l’information délivrée par les services académiques aux enseignants. Ce dispositif de rapproche quelque peu d’une « charte d’accueil », faisant aussi penser à une volonté d’adopter une « démarche qualité », ce qui constituera une grande avancée.
Le plan de formation de la MIFOR prévoit des formations de 2 jours à 7 jours aux entretiens de carrière, aux bilans de carrière, aux bilans de compétence, et globalement à tous les outils de gestion des ressources humaines, l’objectif affiché étant de faciliter les parcours de carrière, la gestion de la mobilité (liée à la RGPP avant tout), mais aussi de gérer les compétences des différents ministères.
Une volonté de développer une gestion des parcours professionnels personnalisés est ainsi affirmée, mais nous pensons qu’il concernera en priorité les personnels administratifs dont les postes sont supprimés, du fait de la disparition d’une partie des directions départementales et régionales.
Quid de l’indemnité volontaire de départ (IDV) ?
Par Rémi Boyer de l’association Aide aux Profs
Nous avons fêté le 17 avril dernier le 1er anniversaire d’un décret qui avait été appliqué dans bon nombre de ministères, mais pas à l’Education nationale : sans doute parce que les effectifs ne sont pas les mêmes.
Remémorons-nous la circulaire n°2166 du 21 juillet 2008, rappelant les décrets du 17 avril 2008 : http://www.fonction-publique.gouv.fr/article1265.html
L’IDV avait aussi été rappelée dans la circulaire B7 n°2166 du 21 Juillet 2008 de la DGAFP.
Cette IDV est très attendue :
http://droit-finances.commentcamarche.net/forum/affich-384830[…]
Monsieur le Ministre Xavier Darcos s’exprimait récemment dans Confidences+ de Canal Plus le 12 avril 2009 (de 02’45 à 03’39):
http://www.canalplus.fr/c-infos-documentaires/pid1895-c-dimanche.html?
Il y indiquait notamment le retard pris par le développement du dispositif de seconde carrière, qui devrait être enfin pleinement opérationnel, grâce à la formation actuelle des acteurs, à l’automne 2009, tandis que l’indemnité de départ volontaire pourrait enfin être versée à tous ceux qui attendent l’application du décret du 17 avril 2008.
En effet, la note ministérielle sur la circulaire d’application date du 7 avril 2009, et les rectorats et inspections académiques ont répercuté cette information dans leurs services entre le 20 et le 30 avril derniers.
Voilà celle de l’académie de Nice:
http://www.ac-nice.fr/ia-06/sections/actualites/indemnite_d[…]
Voilà celle de l’académie de Rennes:
http://www.fichier-pdf.fr/2009/05/05/j68ufsl/IDV.pdf
Nous avons croisé ces deux documents pour vous permettre de mieux comprendre les incidences de ce dispositif dans le cadre d’un projet de seconde carrière hors fonction publique :
Comme le décret n°2008-368 du 17 avril 2008 l’a stipulé, l’IDV s’adresse à ceux qui créent ou reprennent une entreprise, ou qui veulent mener à bien un projet personnel. La nature du « projet personnel » n’est pas précisé dans la circulaire. Elle s’adresse aussi à ceux qui ont fait l’objet d’une opération de restructuration prévue par arrêté ministériel (en clair, ils ont perdu leur poste et on leur donne le choix entre l’IDV et un accompagnement pour retrouver un autre poste).
Le dispositif est applicable :
– aux fonctionnaires et agents non titulaires de droit public recrutés pour une durée indéterminée,
– les enseignants des établissements privés ayant un agrément ou un contrat définitif peuvent aussi en bénéficier : nous tenons à saluer ce souci d’équité entre tous les enseignants,
– les agents détachés, en congé parental ou de présence parentale, ou en disponibilité, sont éligibles à cette IDV. Les fonctionnaires stagiaires ne peuvent en bénéficier, sauf s’ils étaient déjà titulaires dans un autre corps de fonctionnaires.
Pour obtenir l’IDV, la démission de l’agent doit avoir été acceptée (cf article 24 de la loi n°83-634 du 13 juillet 1983, alinéa 2). L’IDV ne peut être perçue dans le cadre d’un départ en retraite, d’un licenciement ou d’une révocation. Une fois la démission acceptée par l’autorité hiérarchique, l’agent est radié des cadres et perd donc sa qualité de fonctionnaire, et donc le concours qu’il a obtenu. De ce fait, la personne ne peut pas obtenir la liquidation immédiate de sa pension de retraite (il faudra attendre l’âge normal…).
Il est prévu des exclusions au dispositif de l’IDV, liés aux engagements de servir du fonctionnaire en fonction du concours obtenu :
– les instituteurs recrutés avant 1991 doivent avoir donné leurs 10 ans à l’Education nationale,
– les professeurs des écoles recrutés par second concours interne et ayant suivi un cycle préparatoire sont aussi soumis à 10 ans de services effectifs,
– les agents qui ont bénéficié d’un congé de formation doivent d’abord en redonner le triple à l’Etat (donc 3 ans de services pour 1 an de congé à plein temps, donc logiquement si le congé a été donné à mi-temps, la quotité à redonner est de 18 mois à plein temps),
– les fonctionnaires qui se situent à 5 ans ou moins de leur liquidation de pension ne peuvent bénéficier de l’IDV (donc pas moins de 5 ans avant 55 ans pour les instituteurs et pas moins de 5 ans avant 60 ans pour les autres),
– les fonctionnaires qui effectuent leur service à l’étranger doivent avoir d’abord retrouvé une affectation en France avant de demander à bénéficier de l’IDV.
Alors, pour l’IDV, quelle procédure pour déposer sa demande ?
– adresser à l’inspecteur d’Académie ou au Recteur, par la voie hiérarchique (donc le chef d’établissement, qui apposera son cachet et sa signature sur la lettre) une demande d’attribution de l’IDV, en précisant le cas dans lequel se situe (cf ci-dessus) sa demande,
– ensuite, le fonctionnaire recevra par voie postale l(dans les 2 mois) a suite qui est donnée à sa demande (car les demandes d’IDV seront évaluées au cas par cas), et du montant de l’IDV qui peut lui être attribué. Si le fonctionnaire n’en est pas satisfait, il peut à ce moment là formuler un recours,
– si la décision a été positive, le service gestionnaire de l’IDV reçoit en entretien le demandeur afin d’être bien sûr que le fonctionnaire a bien compris les conséquences de l’obtention de l’IDV et de la démission,
– dans un 2e temps, le fonctionnaire présente sa démission à son rectorat ou son IA qui a 4 mois pour lui répondre,
– une fois la démission acceptée, le versement de l’IDV est effectué, sauf en cas de création d’entreprise ou de reprise d’entreprise : à ce moment là, l’IDV est versée en 2 fois : 50% dans les 6 mois de la démission, à condition que le fonctionnaire produise l’extrait de K BIS attestant qu’il a bien créé son entreprise, et les 50% restants à l’issue du premier exercice comptable de sa nouvelle activité. Dans les autres cas, l’IDV est versée en une seule fois.
Dans quels cas l’IDV peut-elle être refusée ?
– l’activité ou le projet envisagé (ex : le fonctionnaire est recruté sur un emploi de salarié dans le privé) est susceptible de porter atteinte à la continuité du service (donc pour les enseignants, si la discipline est déficitaire dans l’académie, il est fort possible qu’on ne vous l’accorde qu’à la fin d’une année scolaire, comme cela se pratique déjà pour l’obtention des demandes de disponibilité, de détachement ou de mise à disposition, ce détail représentant le frein le plus important actuellement aux projets de secondes carrières des enseignants, les seuls concernés de tous les fonctionnaires de l’Etat par cette contrainte),
– la démission peut être aussi refusée dans l’intérêt du service, si l’agent est indispensable par exemple sur son poste et qu’il ne peut être remplacé rapidement. Cela permet aussi dans ce cas au fonctionnaire de se sentir conforté dans ses compétences, puisqu’il est alors jugé irremplaçable dans l’immédiat.
Les fonctionnaires en détachement, en congé parental ou en disponibilité n’ont pas la même contrainte du calendrier scolaire et ont donc plus de chances de voir leur demande aboutir tout au long de l’année. Néanmoins, pour obtenir l’IDV ou pour donner sa démission, le fonctionnaire doit s’adresser à son administration d’origine (et non pas à la direction de la structure qui l’emploie s’il est détaché).
Combien peut-on obtenir avec l’IDV ?
Le montant ne peut dépasser 24/12e du traitement brut perçu par le fonctionnaire au cours de l’année écoulée, et qui précède le dépôt de la demande de démission. Dans tous les cas, c’est l’ancienneté qui joue, dans le respect du plafond fixé par le décret du 17 avril 2008.
– moins de 10 ans d’ancienneté : 0 à 50% du plafond prévu
– de 10 à 25 ans d’ancienneté : de 50 à 100% du plafond prévu
– plus de 25 ans d’ancienneté : de 30 à 80% du plafond prévu.
Nous ne comprenons pas ce dernier point, mais il semble que l’Etat ait considéré que les démissions seraient sans doute plus faciles entre 10 et 25 ans d’ancienneté qu’au-delà. Il est en effet plus facile de reconstruire un projet professionnel entre 35 et 45-50 ans qu’au-delà, nous pouvons le confirmer, d’après les 1400 contacts que nous avons eus depuis octobre 2006 à distance avec des enseignants de tous âges et de tous niveaux d’enseignement.
Enfin, et c’est très important : une fois l’IDV et la démission obtenue, il n’est pas possible bien sûr de tenter un autre concours de la fonction publique ou d’être recruté comme titulaire ou non titulaire dans l’une des 3 fonctions publiques (FPE, FPH, FPT) dans les 5 ans qui suivent. Si l’ancien fonctionnaire déroge à cela, il devra rembourser l’IDV qui lui aura été versée. Cela nous semble « couler de source », sage précaution.
Quelles « secondes carrières » vise le Ministère ?
Par Rémi Boyer de l’association Aide aux Profs
Les différents services des rectorats vont être quelque peu affectés par le retour devant élèves d’une partie des chargés de mission en mises à disposition qui étaient employés en mise à disposition, chaque recteur d’académie ayant été incité par le Ministère à ramener au bercail ces enseignants égarés…même s’ils étaient en train de commencer leur seconde carrière…
Bon nombre d’enseignants en RASED doivent renoncer à leur professionnalisation, tandis que des associations complémentaires de l’enseignement et d’autres structures ont dû rendre des postes d’enseignants.
Nous pensons qu’il ne s’agit pas là que d’une mesure « d’économies », mais ce peut être aussi le signe que les vocations pour le métier d’enseignant sont en baisse, et le rapatriement de ceux qui sont en mise à disposition ou le fait de ne pas renouveler des disponibilités permet de « combler le trou » de manière temporaire. D’après des études du Sénat, de l’Assemblée Nationale et les éléments du pré-rapport Pochard, il y a 10 ans, 25% des étudiants de l’université préparaient les concours de l’enseignement, alors que depuis 5 ans, nous sommes tombés aux alentours de 10%.
Nous avions à plusieurs reprises souligné dans nos publications (cf AFAE, n°120, décembre 2008 et Lettre de l’Education n°595) que les postes prospectés par le dispositif ministériel de seconde carrière ne sont pas adaptés aux compétences détenues par les enseignants. Nous sommes en effet certains que la très grande majorité des emplois qui ont été proposés et qui sont actuellement pourvus ne l’ont pas été par des enseignants.
Nous en voulons pour preuve ce que les sénateurs ont constaté en donnant les chiffres des enseignants qui en ont bénéficié en 2007 et en 2008 :
http://cubitus.senat.fr/rap/a08-100-5/a08-100-52.html
Nous avons aussi écouté récemment cet extrait audio sur le web qui nous interpelle sur l’orientation que peut parfois prendre la « seconde carrière », qui concerne plusieurs académies d’après les circulaires que nous repérons aussi sur le web :
http://www.ipernity.com/doc/43966/1862506
Ce type de secondes carrières fait plus penser à ce qui est réalisé depuis plusieurs années dans le cadre des « reconversions » (= changement de discipline) et des « reclassements » (= changement de discipline aussi…).
Depuis octobre 2008, nous constatons qu’aucun nouveau poste n’a été publié sur les pages web dédiés à la seconde carrière des différents sites académiques, à l’exception du repérage de quelques postes dans quelques établissements publics, qui paraissent déjà sur d’autres sites web :
http://www.ac-paris.fr/portail/jcms/piapp1_61741/postes-seco[…]
-Lyon n’indique plus que le site de la BIEP :
http://www.ac-lyon.fr/seconde_carriere_des_enseignants.html
-Reims, comme d’autres académies, pratique une prospection ici et là, preuve qu’aucun poste n’est réservé dans le cadre de ce dispositif, et que c’est en fait aux candidats à chercher par eux-mêmes :
http://www.ac-reims.fr/2ndcar/1choix.htm
En fait, nous constatons que les postes publiés et étiquetés « seconde carrière » ne sont pas nouveaux : certains sont publiés depuis belle lurette chaque année par le BOEN, d’autres par le réseau du SCEREN, par les GRETA, etc. Il semble que les acteurs des cellules de seconde carrière manquent de temps pour réaliser une veille documentaire digne de ce nom pour aider les enseignants dans leurs recherches, ou que leur accès aux multiples ressources fournies par le web est limité.
Il semble que ce dispositif manque surtout de moyens en personnels, puisque nos correspondants locaux nous signalent qu’à la rentrée 2009, des cellules d’aide aux enseignants devront « rendre des postes ». En sera-t-il de même dans le cadre de la RGPP pour les cellules de seconde carrière ? La question mérite d’être posée, puisque les SGAR des préfectures de région vont coordonner la mobilité interministérielle.
Contrairement à ce que l’on pense, tous les détachements disponibles dans la sphère éducative (qui est très vaste !) ne sont pas publiés (loin de là, encore un petit effort !) par la BIEP (à peine 20% de ceux que nous repérons en fait).
Nous ne sommes pas les seuls à nous inquiéter de ce manque de motivation ministérielle pour les secondes carrières des enseignants, les syndicats aussi :
http://snetaagrenoble.unblog.fr/tag/conges/
Quel constat font les enseignants qui contactent les cellules de seconde carrière ?
Par Rémi Boyer de l’association Aide aux Profs
Depuis début 2009, les pré-bilans réalisés par des enseignants de tous niveaux auprès de notre association démontrent une nouvelle évolution en matière d’approche de la seconde carrière par les personnels administratifs chargés de la mettre en œuvre :
– les métiers de « seconde carrière » privilégiés par les Rectorats concernent les fonctions qui répondent à leurs besoins immédiats: chef d’établissement, inspecteur (IEN, IA-IPR car le concours attire de moins en moins, la sélectivité y diminue d’année en année), professeur des écoles, professeur de collège, de lycée. C’est sûr, l’Education nationale va devoir recruter de nombreux cadres dans les années à venir. Pourquoi tenter d’orienter un enseignant vers les fonctions de chef d’établissement s’il n’en a pas envie ? (relire en début de rubrique le témoignage de Eric Larcher sur le mode de recrutement). Pourquoi ne pas saisir cette chance historique de la seconde carrière pour réellement accueillir positivement tout projet de mobilité, quel qu’il soit, et enfin instaurer la fluidité des emplois et des mobilités dans notre système éducatif ? Pourquoi cette crainte de l’avenir, d’une pénurie des vocations par exemple ? Le métier d’enseignant devient difficile à exercer toute une vie, pourquoi ne pas saisir cette opportunité des décrets qui se multiplient sur la mobilité pour dynamiser les parcours de carrières des professeurs autrement qu’en leur proposant toujours les mêmes fonctions ?
– les cellules de seconde carrière font « patienter » les enseignants qui espèrent un poste, en constituant des « viviers de compétences » (des attentes risquent d’être déçues…puisque 300 000 professeurs sont potentiellement éligibles à ce dispositif…) : à un moment, il se produira un engorgement. Que va-t-il se passer ? Quelle forme de sélection adopter pour des milliers de candidatures annuelles, et si peu de postes à proposer ?
– les bilans de compétence, même quand l’ancienneté requise (10 ans) est présente, ne sont pas tous acceptés, ce qui en frustre plus d’un. Nous comprenons néanmoins que cette technique vise à « tester » la motivation de l’enseignant, mais à partir de quel moment celui-ci va-t-il ensuite se démotiver ? Où doit se situer le « juste milieu » ?
– Les CV sont adressés par les DRH aux structures susceptibles de recruter (Crdp et Cddp par exemple, alors que la disparition de ce réseau est régulièrement pressentie, faute de crédits pour les faire fonctionner), accompagnées de lettres de « candidature spontanées », alors que l’on sait très bien pourtant que les candidats qui seront éventuellement recrutés sont ceux qui auront adressé leur lettre durant le laps de temps du recrutement, après la publication d’un poste,
– les délais pour obtenir un entretien au sein d’une DRH sont souvent longs : un à deux mois…
– alors que l’on garantit aux candidats au dispositif de seconde carrière la confidentialité de leur démarche, il est curieux qu’il leur faille adresser leur demande sous couvert de leur chef d’établissement…Tous les chefs d’établissement considèrent-ils comme positif que leurs enseignants aient envie d’une autre carrière, de partir ? Cela n’est pas sûr, et le risque d’être « catalogué » directement sur son lieu de travail comme « en difficulté » n’est pas négligeable, puisque c’est souvent la première approche réalisée par les cellules d’aide aux enseignants : quitter son métier, non, ce n’est pas forcément être en difficulté.
Dans les années qui viennent, nos travaux de recherches universitaires analyseront plus en détail ces freins, ces lenteurs à la mobilité, afin de proposer de nouvelles approches, de nouvelles méthodes. Nous sommes très satisfaits que le MEN se soit en partie inspiré des documents et des idées que nous lui avions présentés en 2007 et adressé en 2008, preuve que notre dispositif associatif est bien d’utilité publique.
Depuis 2006, nous avions anticipé ce mouvement de mobilité, et il est curieux que notre association ne soit jamais associée à des travaux de réflexion, alors que nous accueillons chaque année à distance plus de 500 professeurs de toutes les académies, l’équivalent des contacts que reçoit en une année une grande académie, ce qui nous apporte régulièrement une vision globale et précise de ce qui se passe à ce niveau dans le système éducatif.
Nous ne comprenons pas non plus qu’un travail d’approche par les compétences n’ait pas conduit à élaborer, dès le départ, un véritable référentiel des compétences transférables pour identifier tous les types de métiers où l’enseignant possède déjà des pré-requis pour se reconvertir. C’est pour cette raison que nous approfondissons nos recherches sur cette problématique, à travers le recueil de ceux qui ont réalisé, bien avant la mise en place de la MISECA, leur seconde carrière. Les secondes carrières existent en effet depuis longtemps, via le détachement, mais le ministère ne communiquait pas sur ce point, car la mobilité externe des enseignants est toujours « taboue » (cf thèse de François Quinson : « quitter la classe », en 2004). Quand va-t-on se libérer de l’idée que tous les enseignants ont choisi ce métier par vocation et qu’ils ne sont pas capables de faire autre chose en dehors de ce qui leur est proposé dans l’Education nationale ?
Les futurs Masters de l’enseignement intègrent cette dimension, heureusement, afin d’ouvrir le champ des possibles, des différentes fonctions accessibles dans les métiers des sciences de l’éducation et de la formation.
La boîte à outils…
Par Rémi Boyer de l’association Aide aux Profs
Des fiches-guides bien utiles :
L’académie de Reims a mis en ligne cet excellent outil avec de nombreuses fiches, qui répondront à de nombreuses interrogations :
http://www.ac-reims.fr/guide_grh/1choix.htm
L’académie de Créteil présente aussi un listing très complet :
http://www.ac-creteil.fr/jahia/Jahia/lang/fr/pid/400
Si vous vous posez des questions sur votre future retraite (la dernière carrière !), c’est là : http://retraite.orion.education.fr/
Quelques chiffres !
– Le site www.biep.gouv.fr a reçu un million de visites depuis les 9 mois de son existence.
– 4000 annonces ont été pour l’instant publiées
– le flux des publications de postes est de plus en plus important,
– l’entretien professionnel est expérimenté actuellement dans 9 ministères, et concerne 225 000 fonctionnaires (les enseignants ne sont pas concernés).
A noter sur vos tablettes…
La Revue Savoirs organise le 2 juin une journée d’étude sur « la motivation au travail et en formation » :
http://netx.u-paris10.fr/savoirs/Accueil.htm
Nos travaux de recherche sur Aide aux Profs, à travers les accompagnements à distance de projets professionnels que nous menons au fil des mois, nous enseignent que la motivation est vraiment le concept le plus important, déclencheur, de la réelle mobilité professionnelle, bien avant le concept de compétences.
Certes, les savoirs, savoir-faire et savoir-être doivent être présents, mais sans conviction, sans estime de soi, sans motivation intrinsèque ou extrinsèque, le projet d’évolution professionnelle demeure souvent un rêve que la personne ne réalise pas, mais regrette les années suivantes. Pour évoluer professionnellement, lorsque l’on manque de confiance en soi, d’informations, et de motivation, c’est vraiment important d’être accompagné.