« Jean-Michel Blanquer profitera de la loi sur les retraites pour l’inscrire dans une démarche plus globale sur le métier enseignant ». Recevant la presse lors de plusieurs briefings le 26 novembre, l’entourage de JM Blanquer n’a pas fait d’annonce. Après une lettre aux enseignants pour les inviter à ne pas manifester, il s’agit de porter auprès de la presse les promesses gouvernementales. Mais JM Blanquer lie toujours la revalorisation nécessaire des salaires à de nouvelles charges pesant sur les enseignants.
Comment et combien revaloriser
Rien de bien neuf lors du briefing organisé par l’entourage du ministre le 26 novembre si ce n’est son existence même. Au-delà de l’exclusion (inutile !) du Café pédagogique, le briefing , tout comme la lettre aux enseignants du 12 novembre, montre surtout les craintes du gouvernement à propos de la grève du 5 décembre. Tout est bon pour encourager les médias à rassurer l’opinion.
L’entourage du ministre reconnait que « les professeurs seront les grands perdants de la réforme » et qu’elle doit s’accompagner d’une revalorisation. La question est évidemment le montant de cette revalorisation, sa forme et les conditions qui y sont liées.
Le 3 octobre, E Macron avait estimé que 10 milliards seraient nécessaires pour maintenir le niveau de retraite des enseignants, avant d’ajouter « Je ne vais pas revaloriser demain. C’est vos impôts ! ».
Pas d’engagement sur le maintien du niveau des retraites
Le 26 novembre il n’est plus question de 10 milliards. Aucun engagement n’est pris sur le montant de la revalorisation, ni d’ailleurs sur son calendrier.
Il n’est plus question d’ailleurs de s’engager sur le maintien du niveau de la retraite des enseignants. La promesse gouvernementale c’est de « maintenir le même niveau de pension que pour les corps équivalents de la fonction publique ». Ce n’est pas rien vu le décalage que crée le nouveau mode de calcul de la retraite. Mais ce n’est pas la même chose. La promesse « il n’y aura pas de perdants » semble bien aventurée.
Les retraites et l’avancée du New Public Management
L’entourage du ministre confirme que cette revalorisation sera liée à la redéfinition des missions et des conditions de travail des enseignants. Et là aussi c’est la reprise des propos d’E Macron le 3 octobre : « Le passage au nouveau système (de retraite) pour le corps enseignant ne peut aller qu’avec une transformation de la carrière. Il faudra repenser la carrière dans toutes ses composantes… Comme on paye mieux on change le temps de travail (des enseignants) pour accompagner les jeunes différemment.. On regarde les vacances. »
Pas question de simplement rehausser les grilles salariales. »On ne va pas refaire du PPCR », dit l’entourage du ministre. La revalorisation passerait par des primes conditionnées à de nouvelles missions. L’entourage du ministre évoque l’éducation prioritaire et la prime Rep+ qui sera conditionnée au mérite des enseignants ou encore la fonction de directeur dans le 1er degré.
S’engager sur des primes conditionnées à des missions c’est bien sur creuser les inégalités entre les enseignants. On sait qu’aujourd’hui les heures supplémentaires et les IMP vont d’abord aux cops les mieux rémunérés et aux hommes. Augmenter leur part dans la rémunération va bien dans le sens de la gestion responsabilisante voulue par le new public management. Mais on effet sera d’augmenter les inégalités salariales , déjà importantes dans l’Education nationale. Là dessus l’entourage de JM BLanquer manque déjà d’arguments.
F Jarraud