C’est à un voyage dans l’histoire de la géographie que Micheline Roumégous nous invite dans le numéro 3/2002 de L’information géographique. Un voyage qui permet de saisir l’évolution d’une discipline scolaire (et celle-ci a particulièrement évolué), les acteurs de cette évolution et aussi les limites de celle-ci.
L’auteur structure l’histoire de la discipline en trois phases : 1968-1985, 1985-1998 et depuis 1998. La première période est fortement parquée par des personnalités comme celle de L. Marbeau. Inspirés par les « méthodes actives » et la pédagogie Freinet, les didacticiens mettent en avant une approche constructiviste. La géographie abandonne les vieux déterminismes physiques pour s’intéresse aux représentation (par exemple les travaux de A. Frémont). 1985 marque un tournant. Les changements soutenus par l’AFDG et le groupe Reclus se trouvent en but à l’hostilité de l’APHG et d’une partie des géographes universitaires. Les programmes de 1985 marquent un retour en arrière à l’école élémentaire. Les didacticiens s’organisent (Maison de la Géographie par exemple) et produisent de nouveaux concepts (les chorêmes par exemple). Le combat se porte sur les programmes du secondaire où l’échec du GTD Martin enterre les espoirs d’un programme cohérent sur le plan des notions de la sixième à la terminale. Les nouveaux programmes des lycées illustrent cette histoire entre les études de cas de seconde et une géographie problématisée un programme de première beaucoup plus traditionnel.
Pour M. Roumégous « au nom d’une toujours revendiquée « liberté de l’enseignant » l’institution se garde de préciser les choix néanmoins faits,mais si embrouillés au cours des négociations (beaucoup de réalisme et de description contre un peu de modélisation et de système : du paysage en toutes choses mais.. sans expliciter les démarches intellectuelles à construire) ».
Rien n’est plus utile à un enseignant que de connaître l’histoire de la discipline qu’il enseigne. Cela lui permet de comprendre les choix du programme, d’en mieux saisir les enjeux à la fois politiques et didactiques et, finalement, de problématiser son enseignement. En ce sens , la lecture des 15 pages de l’article de M. Roumégous s’impose. La diffusion de sa thèse nous serait bien utile.
Ce numéro de L’information géographique publie d’autres articles de qualité. Signalons en deux, au milieu de six. Bernard Elissalde tente d’élaborer une méthodologie globale d’approche des territoires. E. Crouzet réfléchit sur le télétravail et l’organisation sociologique du territoire français. C’est dire que cette revue est, depuis longtemps, un des acteurs importants dans l’évolution de la discipline.
La revue se clôt par des fiches bibliographiques ainsi que par une revue du web rédigée de main de maître par Claudia Renau.
François Jarraud
L’information géographique, volume 65, septembre 2002, édition Sedes.
http://www.editions-sedes.com