« Les instances académiques restent sourdes à nos interventions depuis plusieurs mois. Notre mobilisation actuelle et le refus d’avaliser le dispositif « ambition réussite » en conseil d’administration sont les seuls facteurs qui ont obligé l’inspection à nous recevoir. Cependant nos différents interlocuteurs ne semblent toujours pas avoir pris la mesure des enjeux de l’éducation prioritaire et de la situation exceptionnelle de notre collège. Mais que fallait-il attendre d’un dispositif qui n’a pris en compte, en amont, les observations et analyses des familles et des acteurs de terrain ». Abdelkader Mekkaoui, délégué Sgen, et ses collègues entameront mardi 23 mai leur 4ème semaine de grève. Leur établissement, le collège République à Bobigny (93), est pourtant classé « ambition réussite », c’est-à-dire qu’il bénéficie du maximum de moyens octroyés par le plan Robien pour l’éducation prioritaire.
Situé au centre de Bobigny, près de l’Anpe et d’un lycée professionnel, le collège compte plus de 1000 élèves venus des différentes cités de la ville. A l’origine du mouvement deux revendications. « Nous protestons contre l’abandon programmé de toute ambition de réussite scolaire dans l’éducation prioritaire. En effet, la réforme « ambition réussite » propose essentiellement la marginalisation des élèves en difficultés par des dispositifs qui semblent préparer des parcours dérogatoires au collège unique; avec comme horizon l’apprentissage précoce à 14 ans. L’échec ou la réussite des élèves serait de leur responsabilité individuelle et l’institution ne leur proposerait qu’une pré-orientation sans se donner les moyens matériels et humains de leur offrir un collège, réellement, unique dans le cadre d’une scolarité obligatoire ».
Il y a ensuite une attente locale. » Les moyens dérisoires, à notre échelle, et surtout inadaptés que constituent les 4 professeurs EP1 que l’on nous alloue ne répondent pas à nos besoins. De par notre expérience quotidienne, il nous semble que l’on peut jouer sur aux moins deux leviers principaux (sans exclusive) pour favoriser la réussite scolaire des élèves. Nous devons impérativement alléger les effectifs des classes et mettre en oeuvre des pratiques pédagogiques adaptées à nos publics… C’est dans cet esprit que nous demandons le dédoublement des classes dans certaines matières (les langues par exemple). Il ne s’agit pas ici de groupes de niveaux, comme l’impose le dispositif « ambition réussite », mais de petits groupes qui doivent rester hétérogènes. Ce principe, que nous avons mis en oeuvre cette année, a montré ses effets positifs sur les résultats scolaires des élèves…On nous oblige aujourd’hui à l’abandonner… Or, l’individualisation des parcours mise en avant par le contrat « ambition réussite » abandonne toutes les stratégies pédagogiques axées sur les interactions à l’intérieur du groupe-classe qui nous apparaissent comme étant le véritable facteur d’investissement scolaire ».