Par François Jarraud
L’arrivée de Luc Chatel avait été accueillie avec soulagement. Nommé pour renouer le dialogue avec le monde enseignant après les années désastreuses de Xavier Darcos, le ministre avait excellé à établir un climat nettement plus positif sans pour autant changer l’orientation donnée par le président de la République. Mais on n’échappe pas à un destin. Fatidique été, il a vu se succéder la publication des projets de suppressions de postes, l’annonce du gel salarial, la réforme des retraites et enfin la baisse du soutien accordé aux mouvements pédagogiques. Mais le pire est arrivé au cœur des vacances avec les propos présidentiels sur les Roms et les immigrés, les expulsions brutales, la surenchère dans les mesures sécuritaires. Tout cela se conjugue pour faire de la seconde année d’exercice de Luc Chatel un exercice difficile.
Retraites : Les syndicats donnent rendez-vous le 7 septembre
Sept confédérations, CFDT, CFTC, CGT, FO, FSU, Solidaires, Unsa, ont annoncé le 29 juin une journée nationale de grèves et de manifestations, le 7 septembre, contre le projet ide réforme des retraites.
« Cette réforme, une des plus dures d’Europe, arrive dans une situation économique dégradée où le chômage est en hausse continue et touche plus fortement les jeunes et les seniors », notent les syndicats. « Les politiques de rigueur se généralisent dans toute l’Europe en aggravant les inégalités et hypothèquent fortement toute reprise. Des initiatives intersyndicales viseront à interpeller le gouvernement et ses représentants, aux niveaux national et local, le 13 juillet, jour du Conseil des ministres qui adoptera le projet de loi. Durant l’été, les organisations syndicales interpelleront les parlementaires ».
Mais c’est au moment de l’ouverture de la discussion du projet de loi au Parlement que les syndicats entendent faire presssion. « Les organisations syndicales CFDT, CFTC, CGT, FO, FSU, Solidaires, UNSA décident d’une nouvelle journée nationale de grèves et de manifestations le 7 septembre 2010, au moment où s’ouvrira le débat parlementaire. Elles appellent tous les salariés du privé et du public, les demandeurs d’emploi, les jeunes et les retraités à construire ce jour une mobilisation d’ampleur ».
Communiqué
http://www.cfdt.fr/rewrite/article/27795/les-actualites/mob[…]
Le Snes appelle à la grève les 6 et 7 septembre
Le Snes veut doubler la grève nationale du 7 septembre par une première journée le 6.
A peine rentré, est-il possible de se mettre en grève ? Réponse le 6 septembre où le Snes invite les enseignants du secondaire à se faire grève. Pour le syndicat, » répond à une situation exceptionnelle de crise où le système éducatif, et notamment le second degré, est attaqué comme jamais (budget, réformes, gestion des personnels…) ».
Le 7 septembre est le jour fixé par l’intersyndicale CFDT, CFTC, CGT, FO, FSU, UNSA, Solidaires pour une grève nationale (public et privé) pour la défense des retraites et des salaires. Les enseignants sont donc invités à faire grève avant même d’avoir vu tous leurs élèves (la rentrée des élèves est le 2 septembre). En 2009-2010, les précédents appels du Snes séparément du Sgen et de l’Unsa ont rencontré peu de succès.
Communiqué
http://www.snes.edu/En-greve-les-6-et-7-septembre.html?titr[…]
Les syndicats donnent rendez-vous le 7 septembre
http://cafepedagogique.net/lexpresso/Pages/2010/06/3[…]
L’Ecole menacée par la campagne xénophobe ?
La campagne lancée récemment par le président de la République ne pose pas qu’un défi éthique à l’Ecole. Elle affecte aussi son fonctionnement et doit l’amener à améliorer son efficacité. D’ores et déjà des mouvements appellent à manifester le 4 septembre, 140ème anniversaire de la République.
Les récents propos du président de la République sur l’immigration, les retraits de nationalité et les Roms; ceux ensuite du député UMP Ciotti demandant des sanctions contre les parents des délinquants, la multiplication des incidents (notamment la dernière tragique association entre police, jeune maghrébin et noyade), tout cela a déjà créé dans le pays une atmosphère dégradante et menaçante qui pèsera sur la rentrée.
Des enseignants ont été parmi les premiers à réagir. Ainsi la tribune de S. Kahn dans Le Monde, estimant que « le pouvoir exécutif est tombé sur la tête » ou celle d’Esther Benbassa. Ce n’est pas par hasard que les enseignants d’histoire se manifestent. Les menaces de retrait de la nationalité rappellent évidemment les décrets de Vichy; les propos sur les Roms, les décrets Daladier. Ensemble ils offrent l’occasion d’une belle leçon d’histoire pour expliquer comment la IIIème République en décomposition a donné naissance à Vichy. Plusieurs leaders syndicaux enseignants soutiennent la pétition de la Ligue des droits de l’homme qui rappelle que « le nécessaire respect de l’ordre public n’a pas à être utilisé pour créer des distinctions entre les habitants de ce pays et désigner des boucs émissaires… La Constitution de la France, République laïque, démocratique et sociale, assure « l’égalité devant la loi de tous les citoyens sans distinction d’origine, de race ou de religion ». Nul, pas plus les élus de la nation que quiconque, n’a le droit de fouler au pied la Constitution et les principes les plus fondamentaux de la République ». Elle appelle à manifester à la rentrée, le 4 septembre, pour le 140ème anniversaire de la République.
Obéir ou désobéir ? Inutile de démontrer que les propos présidentiels s’opposent à l’éthique professionnelle des enseignants. Immédiatement les enseignants opposants à Base élèves ont rendu publiques des instructions maladroites diffusées dans l’Ain sur le suivi des enfants du voyage. Les déclarations présidentielles entretiennent ainsi le doute et la méfiance entre un nombre sensible d’enseignants et l’Etat. Luc Chatel avait su œuvrer à la réduction de la fracture héritée de Darcos et Robien. Nul doute que N Sarkozy et E Ciotti lui rendent les choses plus difficiles.
L’Ecole mise au défi. Mais la xénophobie ambiante vient aussi heurter de plein fouet l’Ecole parce qu’elle-même connaît la ségrégation. Si l’OCDE peut démontrer que les élèves immigrés ne « font pas obligatoirement baisser le niveau », elle met en évidence qu’en France les résultats scolaires ne sont pas les mêmes entre élèves autochtones et issus de l’immigration. L’école française n’échappe pas non plus aux préjugés sur les gens du voyage. Le sociologue G Felouzis a pu mettre en évidence, avant même « l’assouplissement de la carte scolaire », les mécanismes ségrégatifs à l’intérieur de l’éducation nationale. S’ils ne sont pas le résultat d’un racisme propre au système, ils pèsent déjà lourdement sur le climat de nombreux établissements. La redéfinition sécuritaire de l’enseignement prioritaire amorcée par L Chatel, qui correspond si bien au nouveau climat voulu par N Sarkozy, donnera-t-elle à l’Ecole de la République une chance de faire valoir l’Ecole face à la guerre civile ?
Pétition LDH
http://www.ldh-france.org/APPEL-CITOYEN-Face-a-la-xenophobie
Tribune S Kahn
http://www.lemonde.fr/idees/article/2010/07/30/ce-p[…]
Etude OCDE
http://www.oecd.org/dataoecd/51/21/36707768.pdf
La ségrégation dans l’éducation nationale
http://cafepedagogique.net/lesdossiers/Pages/2009/106_systE[…]
Document Ain
http://retraitbaseeleves.wordpress.com
Sur le site du Café
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