L’enseignement catholique sort il gagnant ou perdant des réformes introduites par JM Blanquer ? Présentant la rentrée de l’enseignement catholique le 4 octobre, Pascal Balmand, son secrétaire général, s’est démarqué de leur philosophie et a déploré les suppressions de postes. Mais au final, l’enseignement catholique sait tirer parti de la politique menée par JM Blanquer.
Une critique du libéralisme des réformes Blanquer
« L’on peut considérer que l’esprit général « des » réformes, et donc le principe unificateur de « la » réforme, correspondent à une logique de « libéralisme tempéré », reposant sur une conception individualiste de l’existence et sur une compréhension concurrentielle de la société. Plus d’individualisation des parcours, un peu plus d’autonomie pour les établissements, et potentiellement plus de concurrence entre les lycéens comme entre les établissements : philosophiquement et politiquement, la culture qui nourrit la réforme est bien une culture libérale », déclare P. Balmand. Mais c’est pour s’end démarquer et affirmer que « notre culture catholique n’est aps libérale ». En référence à « la pensée sociale de l’Eglise », il oppose « l’attention aux plus fragiles » et la mise en réseau des établissements à ce chacun pour soi.
Des réponses aux suppressions de postes
L’enseignement catholique déplore aussi les suppressions de postes (550) à la rentrée 2019. « La perte sèche sera significative et nous contraindra à des redéploiements », annonce-t-il. Il a aussi des plaintes à formuler envers plusieurs académies quant au versement des IMP. Et puis il y a la réforme du lycée qui va redistribuer les cartes des spécialités.
Face aux suppressions de postes, P Balmand annonce « des initiatives d’organisation pédagogique innovante ». En collège il pense à des « classes de cycle ». « Pour certaines classes 40 élèves n’est pas un problème », explique-t-il. On pourrait voir se multiplier ce genre de classes au lycée par exemple même si, une des résultantes de la réforme c’est effectivement une consommation horaire moindre qui compensera en partie les suppressions de postes ».
Reste la question des spécialités. L’enseignement catholique va développer des formations à distance pour pouvoir offrir aux élèves une vaste gamme de spécialités en lycée. Globalement par ses réseaux et sa souplesse, l’enseignement catholique pense pouvoir tirer parti de cette réforme.
L’éducation prioritaire ouverte à l’Ecole catholique
Mais ce que salue particulièrement P Balmand c’est la nouvelle politique d’éducation prioritaire lancée par JM BLanquer. Il évoque « une approche qui semble correspondre à celle que nous avons développée avec notre politique des établissements à moyens éducatifs renforcées ». Le passage d’une logique territoriale à des moyens distribués établissement par établissement en fonction d’indicateurs, sans fort pilotage national, convient tout à fait à l’enseignement catholique. « Il en résulterait que deviendrait possible l’association de nos établissements à cette politique ». L’enseignement catholique arriverait ainsi à bénéficier des moyens de l’éducation prioritaire qui lui est fermée jusque là.
Grâce au gouvernement, 2019 pourrait être une année tournant pour l’enseignement catholique. La logique de mise en concurrence des établissements, même si P Balmand réfute cette vision, va jouer au bénéfice de l’Ecole catholique tout comme la logique sélective de Parcoursup. 2019 verra aussi les recettes de ses écoles renforcées par les versements des communes suite à la scolarité obligatoire à trois ans. L’enseignement catholique pourra aussi se développer dans les zones où il est faiblement implanté grâce à la nouvelle politique prioritaire dès 2020. Si Balmand critique le libéralisme de JM Blanquer, il se félicite aussi de « sa volonté d’écoute réelle » et des « avancées » qui en découlent.
François Jarraud