« Nous voulons montrer que les réformes continuent ». Interrogé le 21 septembre par la commission de la culture et de l’éducation de l’Assemblée nationale, JM Blanquer est paru sur la défensive, défendant des orientations qui sont critiquées. Il a défendu sa politique sanitaire, la « revalorisation » qu’il poursuit et sa campagne sur la laïcité.
Quels fruits des dédoublements ?
« Notre objectif est de creuser le sillon des transformations nécessaires », affirme JM Blanquer le 21 septembre devant la commission de l’éducation de l’Assemblée. Il donne comme exemple les dédoublements en grande section de maternelle qui couvrent cette année 92% des classes de Rep+ et 50% des Rep. Les 100% seront atteints à la rentrée 2022 ou 2023.
Cette politique donne t-elle des fruits , interrogent des députés ? A vrai dire c’est la première fois que la question est posée de façon frontale. JM Blanquer promet un « rebond » dans les évaluations internationales qui sera visible dans TIMSS 2023. « On aura un rebond pour deux raisons : la politique dans le primaire aura porté ses fruits et permettra d’avoir des élèves aux savoirs fondamentaux renforcés. Et le fait d’avoir maintenu l’école ouverte donne un avantage par rapport aux autres ». Autrement dit le ministre est peu assuré des progrès. Il a raison car ses propres évaluations nationales montrent la progression des écarts entre éducation prioritaire et les autres écoles et des progrès globaux fort limités, comme nous l’expliquons ici. Et si nos résultats en maths déclinent c’est à cause des professeurs des écoles qui ont un bagage insuffisant. TIMSS montre pourtant qu’iln’y a pas de correlation entre les diplômes des enseignants et les résultats des élèves. Et le ministre ajoute lui-même que la grande faiblesse est dans la résolution de problème ce qui renvoie à des difficultés en français. Ajoutons ce que relève Pierre Merle : Pisa ne montre pas la même dégringolade que TIMSS ce qui donne à penser que l’évaluation elle-même y a sa part.
La revalorisation
Le second point politique concerne la revalorisation des enseignants. JM Blanquer annonce 1.2 milliards de revalorisation en 2022 et « le quinquennat qui affiche la plus forte hausse budgétaire de l’Education nationale ». Ce dernier point est obtenu en comptant la hausse de 2017 dans les actions de JM BLanquer alors qu’elle relève du gouvernement précédent. Les enseignants savent qu’ils ne vont pas être augmentés de 1400€ par an, quasiment un 13eme mois. Ce milliard additionne une mesure qui concerne tous les agents publics sur les mutuelles (200 M), l’avancement à l’ancienneté (GVT) (400M), la prime informatique (200M) et la revalorisation (260 M) et des mesures catégorielles ne concernant pas les enseignants. Ce qui est intéressant c’est que le ministre compte le GVT comme de la revalorisation. « Les moyens du GVT c’est peu de débat mais c’est une injection de pouvoir d’achat ». Le Grenelle demandait la suppression du GVT et la mise en place de l’avancement au mérite… En réalité sous le quinquennat la dépense d’éducation est descendue à 6.6% du PIB. Elle était à 6.9% en 2017.
La laîcité
Enfin il y a la laïcité . C’est un député Liberté et territoires, Bertrand Pancher, qui souligne que la campagne d’affiches a suscité un tollé. Le ministre se fâche. Il ne trouve pas de connotations aux prénoms des enfants choisis pur les affiches et ne voit pas leur race. Et il accuse le député « de suivre des écoles sociologiques » que lui même ne suit pas…
Deux annonces
Deux annonces ont quand même eu lieu. La première concerne « Préau » le fameux « comité d’entreprise » imaginé lors du Grenelle. Sa mise en route aurait lieu début 2022. Mais on ne connait pas le financement dont il disposera. La seconde concerne le lancement d’une instance sur les langues vivantes, anciennes et régionales. Elle pourrait voir le jour rapidement.
François Jarraud