Par Eric Castanet
Les problèmes de la mise en place du nouveau programme du cycle terminal des lycées. L’UdPPC prend position et dénonce les difficultés rencontrées. Venez découvrir la pétition lancée.
L’UdPPC a accepté de partager avec nous ces positions.
Le Conseil de l’UdPPC, réuni le 2 février 2013, a décidé de lancer la pétition reproduite ci-après. Cette pétition est centrée sur les difficultés constatées en terminale S, mais bien des dysfonctionnements sont patents dans les autres séries. Nous en avons dénoncé un certain nombre lors de l’audience au ministère d’octobre dernier et nous ne manquerons pas de les souligner à nouveau lorsque nous remettrons cette pétition et ses signatures à nos interlocuteurs.
L’UdPPC a toujours été dans une démarche dynamique vis-à-vis des évolutions de l’enseignement des sciences, mais rappelle que les récents changements auraient nécessité une réelle concertation. La conception d’un programme ne peut se faire dans l’urgence et à un très petit nombre de mains. Elle doit d’abord établir un bilan des programmes antérieurs en termes d’apprentissage, mais aussi prendre en compte les modalités et les conditions matérielles de mise en œuvre du programme : les enseignants sont-ils formés aux nouvelles méthodes qu’on souhaite les voir pratiquer ? Comment les aider à faire évoluer leurs pratiques ? En résumé, comment accompagner les évolutions qui sont souhaitées ? La conception d’un programme doit enfin prendre en compte les évolutions du public concerné et les éventuelles coupes significatives dans les horaires. Ceci n’a pas été fait.
Une partie des difficultés rencontrées par les élèves est liée à un horaire insuffisant en sciences, en classe de première S. Par ailleurs, l’absence de formalisme dans cette classe de première, alliée à un programme malgré tout très dense, fait que la confrontation aux difficultés rencontrées rend le passage en terminale S particulièrement délicat. Les professeurs qui enseignent au niveau terminal nous confirment les craintes que nous avons exprimées à plusieurs reprises sans être entendus. L’enquête que nous avons réalisée en première (et dont nous publierons les résultats dans le prochain numéro du Bup) va totalement dans le même sens. Nous demandons par conséquent un renforcement conséquent de l’horaire de sciences physiques en première S.
Dans l’enseignement technologique, il nous semble que le programme du tronc commun STL/STI2D (Sciences et technologie de laboratoire / Sciences et technologies de l’industrie et du développement durable) est cohérent et satisfaisant. Toutefois en STL, nous constatons dans le cours de CBSV (Chimie, biochimie, sciences du vivant) que certaines notions sont mal définies. Cet enseignement technologique transversal, qui doit faire intervenir des collègues de disciplines différentes, est trop souvent attribué en totalité à une seule personne. La spécialité SPCL (Sciences physiques et chimiques en laboratoire), quant à elle, comporte beaucoup trop de notions différentes qui ne peuvent être abordées que dans une approche de culture scientifique. Nous constatons qu’il n’y a pas de place pour l’entraînement et la répétition (tous les TP sont en effet différents) et nous voulons ici témoigner de nos craintes relatives à l’épreuve expérimentale.
À propos des conditions de mise en place du cours de CBSV en première STL et de l’enseignement de spécialité en terminale STL, l’UdPPC souligne l’épuisement des collègues. Ils doivent créer seuls tous les documents pédagogiques, sachant qu’il n’existe aucun manuel, que les documents académiques ou nationaux sont très peu nombreux, mais aussi qu’aucun temps de formation n’a été organisé, très peu de stages ayant été proposés. Par ailleurs, la mise en place d’une pédagogie de projet risque d’être contre-productive en raison de moyens insuffisants (horaire, taux d’encadrement, locaux inadaptés, personnels de laboratoire) et d’une absence de cadrage national.
En ce qui concerne la formation des professeurs, nous ne pouvons qu’approuver le retour à l’entrée progressive dans le métier ; en revanche l’UdPPC s’interroge sur l’empressement et la désinvolture avec lesquels les ministères souhaitent la mise en place des ESPE (Écoles supérieures du professorat et de l’éducation) dès le mois de septembre 2013. Comme pour la réforme du lycée dont la pétition ci-dessous dénonce des effets néfastes, une réflexion plus mûrie aurait été souhaitable.
Le Conseil de l’UdPPC, réuni le 2 février 2013, a décidé de lancer la pétition suivante afin que le ministère prenne en considération les énormes difficultés ressenties par les enseignants et par les élèves, difficultés qui accompagnent la mise en place du programme de terminale S et de façon générale, du cycle terminal des lycées (première S et terminale S). Les professeurs se sont engagés dans la mise en pratique de ces nouveaux programmes, au prix de difficultés et d’un investissement personnel sans précédents et l’impression de travailler à marche forcée est vive ! L’expérience montre qu’à force de privilégier la quantité des sujets abordés au lieu de la qualité des apprentissages, des incohérences dans l’agencement et les contenus des programmes entraînent des dysfonctionnements préjudiciables au succès de leur mise en place.
Il apparaît aujourd’hui qu’en l’état, le programme de terminale S n’atteint pas les objectifs qui lui sont assignés ; loin de faire aimer les sciences, il risque de provoquer une désaffection significative pour la poursuite d’études scientifiques, tant est profond le décalage entre les attendus implicites de ce programme et les compétences réellement acquises par les élèves.
En conséquence, nous demandons :
– une réécriture claire de la colonne « compétences exigibles » du programme de terminale. Cette colonne doit permettre de structurer les notions et contenus, en fixant les impératifs que chaque professeur doit observer dans le cadre de l’examen final (baccalauréat), sans remettre en cause ses choix pédagogiques ;
– qu’à court terme, des allègements significatifs du programme de terminale S soient publiés ;
– qu’à plus longue échéance, une réécriture de certaines parties des programmes, tant en première S qu’en terminale S soit réalisée ;
– que tout soit mis en œuvre afin de faire le point sur la réforme des lycées en sciences physiques, notamment en ce qui concerne les programmes du cycle terminal des lycées en série S (première S, terminale S) : activation de la commission du suivi des programmes, concertations académiques, tables rondes sous la direction des autorités de tutelle, etc. Il faudra également se donner les moyens d’estimer les effets de ces nouveaux programmes sur les choix d’orientation des élèves.
http://www.udppc.asso.fr/petition/index.php?petition=2&signe=oui
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