La victoire électorale du parti socialiste aux élections législatives a ouvert une nouvelle étape pour l’ensemble de l’éducation nationale. C’est celle des premières décisions, du débat et du rappel des contraintes.
Les premières décisions ont été conformes aux attentes. La plus importante a été prise le 25 juin : le nouveau gouvernement a décidé d’imposer des économies à tous les ministères sauf à l’éducation nationale, marquant ainsi l’engagement présidentiel de lui accorder la priorité.
Le nouveau ministre a pris les mesures possibles pour améliorer la rentrée. Au primaire il crée 1 000 postes supplémentaires, chiffre compatible avec le nombre de candidats aux concours. Cela ne compense pas les 5 700 postes dont la suppression était actée. Mais cela va permettre de faire face aux urgences. Dans le secondaire il a trouvé un artifice pour créer 355 postes. Il est au maximum de ce qu’il est possible de faire compte tenu de la crise du recrutement. Ces nouveaux enseignants auront une formation améliorée par rapport à leurs prédécesseurs. Le gouvernement a amorcé un rapprochement nécessaire avec les régions. Enfin il a pris une mesure symbolique sur les rythmes scolaires donnant ainsi l’impression qu’il est prêt à aller plus loin sur ce terrain. Ainsi, six semaines après l’élection de François Hollande, il clôt l’ère Chatel.
Fin juin on entre ainsi dans une nouvelle période. C’est véritablement celle que Vincent Peillon appelle la « refondation » et que l’observateur préférera désigner comme la préparation de la rentrée 2013.
Début juillet commencera la « concertation » annoncée par le gouvernement. En réalité il s’agit d’Etats généraux de l’Ecole qui devraient déboucher à l’automne sur une loi de programmation et, durant toute l’année scolaire, sur une batterie de décrets.
Pendant trois mois, tous les acteurs de l’Ecole vont discuter des changements nécessaires et , surtout, sur la façon de procéder. C’est le moment où le contraintes vont réapparaître.
La première est financière. Aujourd’hui l’Education nationale apparait protégée des tours de vis budgétaires par la volonté présidentielle. Pour Vincent Peillon cette position est extraordinairement forte. Est-elle durable ? Durera-t-elle jusqu’aux décrets d’application de la loi de programmation ? La situation politique et économique en disposera.
D’autres contraintes sont plus invariantes. On a pu constater à travers l’exemple de l’extension de deux journées des vacances de la Toussaint à quel point toute transformation de l’Ecole impacte toute la société. Ce qui la rend d’autant plus difficile. Les vagues consensus entre les partenaires de l’Ecole vont fatalement rencontrer les questions d’intérêt. Le rapport de force syndical n’a pas autant changé depuis les dernières élections que certains veulent nous le faire croire. Enfin les vrais changements à l’intérieur de l’éducation nationale, dans la classe, sont très lents. Ceux qui seront introduits par la réforme de la formation, ne donneront leurs fruits que bine après le quinquennat.
C’est peut-être par l’action sur son environnement qu’il sera le plus facile de changer l’Ecole. Cela redonnera du jeu à tous les acteurs de l’Ecole, particulièrement aux acteurs du numérique.
Pour Vincent Peillon les 6 mois à venir sont déterminants. Il a été jusque là un ministre consensuel, capable de tenir sur l’Ecole un discours unificateur et inspirant la confiance. Il va maintenant devoir démontrer des qualités de négociateur et de stratège politique. Bon courage !
François Jarraud