A l’issue d’une réunion au ministère, un syndicat annonce le maintien des 36 semaines de cours jusqu’en 2017. C’est la réforme du temps scolaire promise par Vincent Peillon qui disparaît au moment où s’ouvrent les discussions sur la réforme du métier.
La Direction de l’enseignement scolaire du ministère (Dgesco) a reçu le 17 septembre les syndicats pour leur présenter les projets de calendrier scolaires jusqu’en 2017. Selon le Snalc, les calendriers présentés par le ministère prévoient « le maintien d’une année comportant 36 semaines de cours ». La procédure de rattrapage des deux journées accordées à la Toussaint serait également supprimée. De fait, pour le Snalc, elle « occasionnait d’innombrables problèmes dans les établissements et ne satisfaisait personne ». Le Café avait essayé en vain, début septembre, d’obtenir de la Dgesco des éclaircissements sur le rattrapage.
Un projet pourtant confirmé
Vincent Peillon avait confirmé à de nombreuses reprises sa volonté de réduire les congés d’été des enseignants. Ainsi en février 2013 : « Sur l’été, nous devons être capables d’avoir un zonage l’été, deux zones. Et nous devons être capable d’avoir six semaines. C’est suffisant. « Nous commençons par l’école, il faudra continuer avec les collèges et lycée et puis il faudra faire l’année scolaire ». Dans son dernier livre (Refondons l’école, Seuil), le ministre écrivait à propos des 38 semaines de cours : « ce schéma reste aujourd’hui valide et est reconnu comme pertinent par la grande majorité des acteurs éducatifs. C’est celui qui a inspiré la première étape de la réforme qui sera mise en oeuvre à la rentrée 2013 ». Enfin, le dossier de la rentrée 2013 évoquait encore comme un problème « une année concentrée sur 36 semaines ». Alors que la réforme des rythmes scolaires a encore du mal à passer chez de nombreux enseignants du primaire, Vincent Peillon enterre une occasion de conflit avec les professeurs.
Des idées lancées par Chatel
Déjà en juillet 2011, le rapport du comité de pilotage sur la réforme des rythmes scolaires réuni par Luc Chatel avait préconisé 38 semaines de cours. Le comité était présidé par Christian Forestier, administrateur général du CNAM, et Odile Quintin, ancienne directrice générale de l’éducation à la commission européenne. Ils étaient entourés de 16 membres, parmi lesquels Roger Bambuck, inspecteur général, Eric Debarbieux, sociologue, Bernard Hugonnier, OCDE, Jean-Marc Roirant, Ligue de l’enseignement, Monique Sassier, médiateur de l’EN, et François Testu, chronobiologiste. Le rapport souhaitait 8 semaines de petites vacances sur 4 périodes de 2 semaines et des vacances d’été ramenées à 6 semaines au lieu de 8.
Une anomalie en Europe ?
En février 2013, V. Peillon déclarait qu’il y a 40 semaines de cours en Allemagne, laissant entendre que c’est la norme européenne. Mais est-ce exact ? Le régime des vacances en Allemagne diffère d’une région à l’autre. Effectivement en Bade-Wurtemberg on compte 12 semaines de vacances dont la moitié en été. Mais on en compte 13 en Bavière, à Berlin, à Hambourg et en Rhénanie Pfalz par exemple. La Finlande compte 16 semaines de congés annuels, l’Italie 17, l’Espagne 15 et le Royaume-Uni 13. En Europe, seuls le Danemark, l’Allemagne et le Royaume-Uni ont des vacances d’été inférieures à 8 semaines, avec 6 semaines dans ces trois cas. Seize pays européens ont des vacances d’été de 9 semaines et plus. Le record est à chercher en Lettonie et Estonie avec 13 et 12 semaines toujours en été. Mais Chypre, la Finlande, la Hongrie, l’Islande, la Roumanie, la Slovaquie et la Suède ont deux mois et demi de congés d’été. Avec 6 semaines de congés d’été, la France s’alignerait sur l’exception et non la norme.
Changer le calendrier ou le métier ?
En fait, aucun pays européen n’applique les rythmes souhaités par les chronobiologistes, le fameux 7 semaines de cours suivis par 2 semaines de vacances. Et on aurait du mal à trouver un lien entre les résultats aux évaluations internationales et l’organisation des congés. La durée du temps d’enseignement varie aussi beaucoup en Europe. Mais la France, avec ses 864 heures au primaire et 1108 dans le secondaire, fait partie des pays où il y a le plus d’heures. Seuls le Luxembourg et le Portugal en ont davantage.
En renonçant aux 38 semaines de cours, le ministre règle aussi une question difficile. Faire travailler les enseignants deux semaines de plus aurait forcément eu un coût. Faire évoluer le métier d’enseignant, le grand chantier de l’année pour V. Peillon, en aura forcément un. On voit mal comment le ministre pourra faire face à une seule de ces exigences. Alors les deux…
François Jarraud
L’Express confirme le communiqué Snalc et donne le détail des calendriers