Peut-on réformer les rythmes scolaires sans intégrer les attentes des communes ? Oui semble penser le Comité de pilotage qui ne comprend aucun représentant des communes, alors que l’industrie touristique, par exemple, y est représentée. Mais, exclues du comité de pilotage de la conférence nationale des rythmes scoalires, les représentants des grandes villes rappellent qu’ils sont incontournables.
Ainsi l’AMGVF (association des maires des grands villes) rappelle que »toute modification du temps scolaire impacte les dispositifs d’accueil mis en place par les communes ». L’Andev, qui représente les directeurs de l’éducation des villes, pose la question du temps scolaire. « Ne faut-il pas « penser global », et s’interroger également sur les fortes disparités en Europe du temps de classe ? En France, 36 semaines de 4 jours de 6 heures, donc 864 h. Selon mes informations, les « enfants de France » ont l’année scolaire la plus intense ».
Deux exemples, parvenus au Café pédagogique, illustrent l’importance des municipalités. A Strasbourg, 3 écoles primaires ZEP fonctionnent en ARS depuis plus de 15 ans avec le rythme suivant : 5 matinées de classe de 4h (dont le mercredi) et 2 après-midi de 2h soit 24h hebdomadaires; 2 après-midi de 2h consacrés à des activités sportives, culturelles et artistiques en groupes restreints (12 à 15 enfants) et complémentaires des enseignements. Dans l’une de ces écoles, l’horaire de l’après-midi est atypique puisque les enfants reprennent à 15h jusque 17h ce qui permet aux enfants d’avoir un long temps de détente avant de reprendre l’après-midi. Cet horaire permet aussi d’organiser l’aide personnalisée de 14h à 15h, stigmatisant moins les élèves concernés. Cette organisation,, qui va dans le sens souhaité par les chronobiologistes, est remise en question par la ville de Strasbourg. Pour des raisons budgétaires, elle souhaite supprimer une après-midi d’activités ce qui va entraîner une révision des horaires et un alignement vers la semaine de 4 jours. « Les enseignants qui ont vécu l’arrivée de ce nouveau rythme ne l’ont pas accueilli avec enthousiasme car il signifiait travailler le mercredi matin et raccourcir les vacances scolaires », nous précise une mère d’élève. « Mais aujourd’hui, aucun de ces enseignants ne veut faire machine arrière et tous reconnaissent les bienfaits du système ».
A Angers, si la municipalité a réussi à faire revenir une partie des écoles à la semaine de 5 jours, c’est en investissant dans le périscolaire. Comme lé précise Luc Belot, adjoint à l’éducation, « la Ville a joué son rôle en lançant, dès novembre 2008, lors de la Conférence des parents organisée à Angers, une concertation qui a été élargie au 1er semestre 2009 à l’ensemble de la communauté éducative ». Après concertation avec les parents de janvier à mars 2009, grâce à de spetits déjeuners et des tables rondes avec les différents acteurs de l’école, d’avril à juin ont eu lieu des réunions avec les enseignants. Au bout de cette phase, 53% des écoles ont manifesté le regret de la suppression du samedi matin, 57% jugent la journée de 6h trop longue, mais seulement 37% demandent la semaine de 9 demi-journées incluant le mercredi matin.
Au final un groupe scolaire, celui de l’Isoret, expérimentera à partir de la rentrée 2010, la semaine de 9 demi-journées. « Par rapport à l’Isoret, les parents et enseignants ont souhaité dès le départ tester ce nouveau rythme. Le conseil municipal a donné en mars un avis favorable à l’expérimentation et la Ville prépare aujourd’hui avec les acteurs impliqués – services municipaux, écoles, partenaires du quartier – les meilleures conditions d’une rentrée sur 4 jours et demi », souligne M Belot. Dominique Bruneau, directeur de l’Isoret, présente ainsi le nouvel emploi du temps. « Parce que les enseignants savent que les temps d’enseignement du matin sont plus favorables aux apprentissages, il a été choisi de raccourcir le temps de scolarité de l’après-midi et de mettre une matinée supplémentaire le mercredi matin. Dès lors les matières fondamentales : maths et français seront placées le matin prioritairement. Il s’agit aussi sur les temps périscolaires d’amener un plus culturel, éducatif, sportif aux enfants notamment sur le temps de CEL. À nous de rendre les activités suffisamment attractives et d’inscrire un maximum d’enfants, ce afin d’éviter le phénomène des orphelins de 16h. Il a été choisi sur les temps périscolaires de privilégier les partenaires du quartier pour les associer à notre projet : clubs sportifs, centre de loisirs, maisons de quartier, associations locales et oeuvres complémentaires de l’école, conservatoire régional de musique ». Pour la ville d’Angers, le nouvel emploi du temps implique la prise en charge du temps périscolaire de 15h30 à 18h30 4 jours par semaine, de 11h30 à 12h30 le mercredi.
Ces deux exemples montrent qu’il est possible de faire revenir les écoles au rythme de 9 demi-journées à condition de poser la question des relations entre Etat et communes. Il faut que les enseignants soient convaincus que cela améliorera la situation scolaire des enfants. Or cela passe par un investissement budgétaire des communes. Elles ont du mal à le faire en cette période. Une problématique que l’on retrouve dans l’aménagement du temps scolaire testé dans 100 établissements secondaires à la rentrée. Réaménager le temps scolaire c’est alourdir les charges des communes. Si l’on se plait à mettre en avant les résistances des enseignants, on voit qu’il faut aussi poser cette question : est-ce possible sans un transfert budgétaire de l’Etat vers les communes ?
http://www.andev.fr/index.php?id=461
http://www.grandesvilles.org/espace-presse/communiques-presse/rythmes-scolaires-maires-grandes-villes-pas-invites-comite-pilotage
Maternelle Gutenberg Strasbourg
http://mat.gutenberg.over-blog.com/
http://www.angers.fr/fileadmin/plugin/tx_dcddownloads/DP_rythmes_scolaires.pdf