« Pour
rétablir la discipline et une certaine hygiène de vie, il faudrait concevoir
un plan imposant la tolérance zéro à partir des enfants de 3 ans: là, vous
préparerez l’avenir, parce que, dans quatorze ans, vous aurez à nouveau des
élèves habitués à l’autorité ». Dès la maternelle, Claude Allègre défend
le retour à l’autorité dans un entretien avec Xavier Darcos publié par
L’Express. Pour l’ancien ministre « lorsqu’on a ouvert le lycée de Kaboul,
les petites Afghanes ne sont pas venues nous dire qu’elles s’ennuyaient à
l’école ! », un argument dont la pertinence nous échappe un peu. Face à
ces paroles énergiques, X. Darcos a annoncé la publication prochaine d’un
livret des droits et des devoirs que les élèves devraient signer à leur
entrée dans un établissement. Le dossier interroge également Antoine Prost
sur l’inégalité à l’école. » Tout à notre rêve d’une société égalitaire,
nous refusons les inégalités d’apprentissage et nous voudrions que les
jeunes soient tous de bons élèves. Or tous ne sont pas capables de devenir
professeurs au Collège de France ! » reconnaît A. Prost pour qui « une
vraie différenciation pédagogique reste à inventer au collège. Seules des
méthodes spécifiques peuvent répondre à la diversité des élèves et aux
difficultés de certains ». A. Prost ne se range pas pour autant dans le
camp des « pédagos ». « On dénonce à l’envi le jargon des pédagogues.. mais
on oublie souvent un facteur important de blocage: l’image que les
enseignants ont d’eux-mêmes comme professionnels. L’enseignant se définit
par la discipline qu’il enseigne. Si vous dites que l’important n’est pas
d’enseigner les mathématiques à Toto, mais de comprendre comment Toto va
pouvoir apprendre les mathématiques – ce qui revient finalement au même –
vous passez pour un affreux. Après avoir longtemps combattu cette réaction,
je pense qu’elle a malgré tout des effets très positifs: c’est parce que les
profs se battent pour leur matière qu’ils ne baissent pas les bras dans des
situations très difficiles. Mais il y a autre chose: mettre l’accent sur le
savoir disciplinaire au détriment de la pédagogie – comme le font les
«républicains» lorsqu’ils attaquent les «pédagos» – c’est protéger
l’enseignant contre tout pouvoir extérieur, récuser de façon implicite
l’intervention des parents et des proviseurs, qui n’ont pas le savoir, ainsi
que celle des autres profs. L’exercice libéral du métier d’enseignant se
trouve ainsi préservé. Cela nous ramène au problème essentiel de notre
société: l’individualisme ».
Article de L’Express
Article de L’Express
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