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Internet au primaire L’école de la rue Saint-Sébastien se situe à Paris dans un quartier bien connu des Parisiens, le quartier Voltaire – République. Nicolas Fédélich est un jeune collègue qui y termine sa troisième année d’enseignement. C’est aussi un webmestre expérimenté. FJ- Quand on arrive sur le site de l’école, on est surpris par ses qualités techniques et pédagogiques. Le site s’appuie beaucoup sur des animations, des fichiers sonores. On sent une recherche constante sur le plan formel et, en même temps, des activités extrêmement riches, comme ces pages poignantes sur la déportation des élèves juifs de l’école sous Vichy. Comment avez-vous mené ce projet ? NF- Les pages sur les enfants déportés ont été conçues à l’occasion de la cérémonie de pose de la plaque commémorative de la déportation. On avait déjà reçu dans le passé des survivants des camps. On a parlé avec les enfants, on leur a raconté l’histoire de cette période. Leur travail a consisté essentiellement en la rédaction des questions posées aux anciens déportés. Ensuite des enfants volontaires ont fait les dessins qui illustrent les pages. Enfin tous les enfants de l’école ont préparé une chanson que l’on peut entendre sur le site. FJ- Comment les enfants ont-ils préparé leurs questions qui sont très pertinentes ? NF- A partir des cours. Ce qui est important c’est de greffer l’histoire sur le contexte local. Par exemple quand les survivants ont visité l’école, ils ont retrouvé des objets de l’époque ce qui permet d’ancrer les faits dans l’esprit des enfants. C’est important pour les enfants de savoir que tel lavabo était déjà là à cette époque dans l’école. Les questions des enfants sont pertinentes car elles renvoient à des aspects de la vie quotidienne et elles sont posées avec le vocabulaire de l’enfance. Cela leur permet de mieux saisir l’horreur de la déportation. En même temps, ca ne les enferme pas dans l’horreur. Quand on a réalisé ce travail, l’émotion était très forte dans l’école. En fait Internet fixe ce moment d’émotion. FJ- La chanson enregistrée par les élèves est très belle. Le son prend une grande place sur le site. On n’écrit pas à l’école de la rue Saint-Sébastien ? NF- Utiliser le son a plein d’avantages : cela donne de la valeur aux documents. Ca me permet également de travailler avec le prof de musique. Enfin il faut utiliser tous les médias. Il faut utiliser les techniques adaptées au but qu’on poursuit. Sur le site on voit quand même que les élèves ont écrit des poésies et un roman policier. Ils participent à la réalisation du site à la hauteur de leurs moyens et selon les objectifs ciblés. De toute façon, malgré parfois un effet d’annonce, je ne connais pas un site qui soit entièrement réalisé par les enfants. Je pense d’ailleurs que le site Internet d’une école ne doit pas forcément refléter toutes les activités de l’école. FJ- Pourtant on pense généralement qu’Internet permet justement une ouverture sur l’extérieur, de la transparence. Vous êtes contre ? NF- Non bien sur. Mais ce qui compte c’est que les pages réalisées s’insèrent dans un projet d’école. Et que le travail des enfants leur soit profitable. On ne cherche pas à être spécialement transparent ou ouvert, on réalise des projets dans les classes avec les enfants, c’est tout. Il est certainement nécessaire encore de réfléchir au contenu, parce qu’utiliser l’outil ce n’est pas apporter du contenu, il n’y a pas d’égalité « Internet = Transparence » ou des choses de ce genre. FJ- Ne pensez-vous pas qu’une diffusion un peu systématique sur Internet motiverait davantage les enfants ? NF- Je ne crois pas. La publication n’apporte rien pour nous en terme de motivation. Les enfants n’y sont pas sensibles. Et surtout cela dépend des travaux. Il faut que le support soit adapté au travail. Ca c’est essentiel. Par exemple la simple publication d’un texte non dynamique ne gagne rien à être sur Internet. En général les enfants préféreront un livre qui est un objet mieux perçu par leur famille, plus familier, plus tactile. Pour les enfants le monde extérieur c’est surtout les copains. Le reste a moins d’importance. En fait peu de sites sont vus réellement par des personnes extérieures à l’école. Autant l’utilisation du traitement de texte apporte quelque chose à un texte (le choix des polices, la mise en page etc.) autant la publication sur le net n’apporte généralement rien si les projets ne sont pas pensés pour Internet. FJ- Pourtant vous publiez vous même sur le réseau.. NF- Oui mais pas des textes bruts. Des documents adaptés au support : un roman-photo, des poésies dynamiques par exemple. F- Vous ne ressentez pas l’attrait de la nouveauté lié à Internet ? NF- Si ! Bien sur ! Internet est bien une révolution ! Mais c’est une révolution lente et qui consiste pour une grande part dans la gratuité. On peut faire de belles choses avec les enfants sans dépenser. La mise en ligne de textes sans tenir compte du support relève, pour moi, de la mode. On imagine des destinataires qui n’existent pas. J’utilise de la craie. Les enfants ont des cahiers. Tout est affaire de support. Les enfants ont besoin de livres. Ils les aiment et Internet ce n’est pas la mort du livre. Il n’y a pas concurrence entre ces supports. Chacun a ses avantages. Il m’arrive de faire réaliser des pages Internet aux enfants. Par exemple, dans les descriptions de paysages qui sont sur le site, les enfants ont réalisé les pages Flash. C’est bien leur travail. Ils ont choisi les zones à colorier et rédigé les légendes. Ces pages ont été presque » entièrement faites par les enfants « . D’ailleurs les enfants ont une grande familiarité avec l’informatique. Et leurs performances m’impressionnent. Ils apprennent très vite. L’ordinateur est en fond de classe et les enfants savent rapidement le manipuler. Par exemple, ils savent utiliser la tablette graphique. Ils y retrouvent la gomme, le crayon, des outils qu’ils connaissent bien. FJ- Cette familiarité vient de l’école ? NF- Non. Ca vient largement de l’extérieur. FJ- En dehors de ces exemples, comment utilisez-vous les TICE à l’école ? NF- En priorité pour faire du traitement de texte. Egalement pour créer des pages web avec Le Pagicien en vue de réaliser un cédérom sur la classe de neige. Ce ne sera pas publié sur le net. Et on utilise tout le matériel multimédia : appareils photo, webcam, camescope, micros, et en sciences on fait de l’EXAO (Expérimentation Assistée par Ordinateur) dans la classe. FJ- Vous emmenez les enfants sur Internet ? NF- On a beaucoup utilisé Internet comme source documentaire, même si ce n’est pas un aspect que j’exploite prioritairement. Je préfère faire travailler les élèves sur des réalisations pour le site. Enfin on a une projet qui est lié à notre objectif pédagogique d’apprendre aux enfants d’accepter les différences. Nous avons commencé des séquences d’échange en visioconférence avec des enfants malades de l’hôpital Robert Debré. La mise en place s’est faite doucement, parce que c’est un projet difficile pour des raisons techniques et humaines. Mais c’est aussi un projet formidable. Le site de l’école : http://ec-24-saint-sebastien.scola.ac-paris.fr/ |
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