13 décembre : Le plan Robien pour les Zep
« Aujourd’hui, on donne trop peu, à trop de monde. D’ailleurs, on ne donne pas vraiment à des « personnes », mais à des « zones », qui sont définies de manière trop vague, trop hétérogène, pour des effets qui sont, en conséquence, insuffisants ». Gilles de Robien a présenté mardi 13 décembre son plan d’éducation prioritaire. Il reprend les directives du premier ministre.
Une redéfinition des zep.« La nouvelle logique consiste à ne pas découper des « zones », mais à définir des publics, selon des critères homogènes et plus précis ». Les zep seront réparties en trois classes. De 200 à 250 collèges, avec les écoles de leur secteur, particulièrement en difficulté deviendront des collèges « ambition réussite ». Ils seront choisis selon leur composition sociale, la part d’élèves en retard, les résultats en 6ème et le nombre d’élèves non francophones. Ces établissements bénéficieront des moyens nouveaux présentés ci-dessous. Une centaine au moins d’établissements perdraient le label zep dans un délai de 1 à 3 ans. Les autres garderont les moyens actuels.
Des moyens supplémentaires dans les collèges « ambition réussite ». Ces établissements bénéficieront du soutien de 1000 enseignants chevronnés, sélectionnés par les rectorats pour épauler leurs jeunes collègues. Ces postes seront prélevés sur les moyens actuels. Ils bénéficieront d’accès à la hors classe. 3000 assistants pédagogiques seront recrutés. Les enseignants exerçant dans ces collèges depuis 5 ans bénéficieraient d’une priorité lors des mutations.
Un catalogue pédagogique. Quelques dispositifs sont énumérés : des études surveillées obligatoires, un tutorat par des étudiants, des dispositifs d’encadrement éducatif parascolaires, le prêt par les collectivités locales d’ordinateurs… Un choix pédagogique paraît plus intéressant : chaque élève sera suivi à l’aide d’un « livret de compétences » et les établissements mettront en place des groupes de compétences qui permettront des parcours différenciés. Le redoublement sera banni de ces collèges. Mais comment impulser ces changements pédagogiques sans reconnaître les équipes pédagogiques ? Le plan prévoit d’accorder une grande liberté pédagogique contractuelle aux établissements avec un pilotage par les résultats. Ce catalogue pédagogique est-il crédible ? Ce qui est sur c’est que le dispositif prévoit également d’avancer les classes de découverte professionnelle en 4ème, ce qui revient à pré-orienter les élèves en fin de cinquième et à anticiper leur échec.
Des parents à éduquer. Le plan souhaite « réinvestir les parents dans l’éducation de leurs enfants ». Partant de cet a priori, le ministre demande aux collèges de convoquer régulièrement les parents, et de leur faire suivre des cours de langue française…
Au bon gré des intervenants extérieurs. L’école ne sera pas son propre recours dans ces établissements. Le ministre demande à des étudiants de soutenir pédagogiquement les élèves. Il sollicite des entreprises ou institutions pour parrainer des filières d’excellence dans chacun de ces établissements.
http://www.education.gouv.fr/actu/element.php?itemID=200512131451
Le dossier de presse
http://www.education.gouv.fr/actu/element.php?itemID=200512131115
Les réactions au plan Robien
Le plan est fraîchement accueilli par les organisations syndicales à l’exception du Sgen-Cfdt. Celui-ci » acte positivement la philosophie de l’ensemble qui repose sur un « réseau de réussite » avec une notion de ciblage ». En revanche, le Sgen-CFDT « regrette vivement qu’une fois de plus on ne propose aux enseignants des Zep que des mesures qui excluent totalement la notion de temps. Il faut du temps pour mettre en oeuvre des projets, se concerter, rencontrer les partenaires… Les exigences demandées à l’école primaire sont à la fois indigentes, méprisantes pour les collègues (dire qu’un enseignant de maternelle doit faire parler les enfants…) et relèvent du fantasme en ce qui concerne le sujet à la mode sur la méthode globale. Par ailleurs, une fois de plus, la notion de cycle disparaît ».
Le Se-Unsa partage l’appréciation positive pour la concentration des efforts sur 250 établissements et la dynamique de projet. Mais estime que « l’addition de mesures ne suffit pas à donner sens à une véritable politique de relance de l’éducation prioritaire dans notre pays…. Ce n’est pas leur nombre qui compte mais leur cohérence et les moyens dégagés pour leur mise en oeuvre ». Le syndicat relève particulièrement que ces mesures » ignorent l’école maternelle où pourtant tout commence et se joue, parfois très tôt ; traitent de l’école élémentaire sans qu’on comprenne véritablement de quoi elle disposera de nouveau pour mieux faire réussir les élèves » .
Pour le Snuipp » ce dispositif se caractérise par l’absence de mesures en faveur de l’école maternelle et élémentaire alors que chacun s’accorde à penser que la réussite scolaire se construit dès le plus jeune âge ». Pour le Snes » c’est un véritable plan de dynamitage de la politique ZEP que propose aujourd’hui le ministre de l’éducation nationale. Ces annonces confirment l’orientation de la loi Fillon et le choix de passer d’une logique territoriale de lutte contre les inégalités à celle d’une individualisation des parcours et de la distinction de quelques élèves « méritants ». Aucun moyen nouveau pour redonner du souffle aux ZEP ».
http://www.sgen-cfdt.org/actu/article959.html
http://www.se-unsa.org/presse/comm/page.php?id=051213
http://www.snes.edu/snesactu/article.php3?id_article=1856
Les propositions concrètes de l’OZP
» Il faut nommer les meilleurs enseignants en ZEP, et surtout en SUPE, mais les meilleurs ne sont pas nécessairement ceux qui réussissent dans les établissements les plus favorisés. Ce sont les équipes capables de réussir dans des conditions difficiles ». L’Observatoire des Zones Prioritaires revient à la charge et développe son plan pour relever le défi de l’école dans les quartiers. D’abord elle distingue les ZEP des SUPE, les Sites urbains prioritaires en éducation « cumulant un échec scolaire massif, une « fuite » des personnels et des élèves et un développement de l’exclusion sociale ». Dans ces territoires, l’OZP demande des mesures beaucoup plus radicales que les ZEP actuelles. Ils concernent entre 3 et 5 % des élèves des écoles et collèges publics.
Pour l’OZP, « la ressource rare, encore plus nécessaire que les postes et les crédits, ce sont ces équipes capables de réussir dans des conditions difficiles… C’est la présence de telles équipes qui doit être assurée, en renforçant et en renouvelant les personnels en place. Les nouvelles équipes seraient formées sur la base de l’adhésion à une définition du métier d’enseignant associant le travail en équipe, dans le cadre d’un projet, la recherche de pratiques enseignantes susceptibles de mener les élèves à la réussite et l’acceptation d’un rôle d’éducateur. Le choix d’équipes de direction renforcées est stratégique, ainsi que le soutien et le pilotage de la hiérarchie de l’Education nationale pour assurer la pérennité du dispositif.
La gestion des ressources humaines est donc au centre de la politique d’éducation prioritaire ».
http://www.association-ozp.net/article.php3?id_article=1733
T. Piketty veut plus de moyens pour les zep
« D’après les dernières estimations disponibles à partir du panel du ministère, réduire la taille des classes à 18 élèves en CP et CE1 en Zep permettrait de réduire de près de 40 % les écarts aux tests de compétence à l’entrée en CE2 entre Zep et non-Zep » Dans Libération, Thomas Piketty défend sa thèse sur l’efficacité d’une augmentation des moyens en zep. Il montre qu’elle serait aussi le signal d’une nouvelle politique.
« Que l’on ne s’y trompe pas : une telle politique représenterait des redéploiements considérables de moyens. Si l’on souhaitait la mettre en oeuvre à moyens constants (le primaire est globalement bien doté en France), elle entraînerait une légère hausse des effectifs hors Zep, sans impact réel sur les enfants concernés, mais qui ferait bondir les parents en question. Surtout, elle exigerait une refonte complète des procédures d’affectation de moyens actuellement appliquées par l’administration. Plus difficile à mettre en oeuvre, une telle politique aurait pourtant le mérite de dessiner une forme de discrimination positive à la française, fondée sur l’allocation de réels moyens supplémentaires aux territoires qui font face aux plus lourds handicaps, et non pas sur la seule logique de l’admission préférentielle ».L’Expresso du 22 avril 2005 montrait que le débat reste ouvert entre ceux qui demandent plus de moyens et ceux qui préféreraient une autre pédagogie.
http://www.liberation.fr/page.php?Article=342457
http://cafepedagogique.net/lexpresso/Pages/2005/04/index220405.aspx
Se-Unsa : s’intéresser aux apprentissages plus qu’aux moyens
« On patauge ». C’est ainsi que Luc Bérille, secrétaire général du Se-Unsa, caractérise la politique gouvernementale en matière d’enseignement prioritaire. Alors que le gouvernement annonce avec précipitation une réforme des Zep, le Se-Unsa souhaite se faire entendre sur ce sujet. « On est pour une politique de la ville. Il faut effectivement traiter en même temps l’emploi, le logement, la sécurité mais il faut que les objectifs de cette politique soient affichés et que cette politique tende à la cohésion sociale » estime le Se-Unsa.
« On souhaite qu’il y ait une démarche nouvelle qui permette de fédérer les expérimentations de terrain, de les évaluer, de faire le bilan… Le plus important c’est d’avoir une équipe qui fonctionne autour d’un projet et qui ait du temps pour le faire » précise Philippe Niémec. Pour le Se-Unsa, les moyens supplémentaires ne suffiront pas. La réussite des zep passe par une réflexion collective sur les apprentissages.
C’est justement cette analyse qui a fait défaut ces dernières années, estime Nicolas Renard, président de l’Observatoire des Zep. Depuis 1999, « le dispositif est en roue libre ». A preuve : il a été oublié dans la loi Fillon. Pour l’OZP il faut partir de ce qui marche, car tout ne va pas si mal, dans les établissements, voire dans les classes, qui fonctionnent bien et faire le bilan. L’Ozp distingue notamment les zones les plus en difficulté, qui nécessiteront plus d’attention, de l’ensemble des zep.
Un lycée d’excellence en banlieue
» Nous sommes partis du constat qu’il existait localement des réussites au sein d’établissements qui cumulent pourtant beaucoup d’handicaps, mais faute de moyens ou de mutualisation, elles ne sont pas systématisées ». L’idée est lancée par Richard Descoings, directeur de Sciences-Po, et Gilbert Béréziat, président deParis6. Ils veulent, en mutualisant les bonnes pratiques des établissements, créer un lycée d’excellence en zep. Le lycée offrirait un fort soutien pédagogique aux élèves grâce à des bourses d’entreprises.
Article du Monde
http://www.lemonde.fr/web/article/0,1-0@2-3226,36-716367@51-704172,0.html
Proposition de loi pour la diversité sociale en prépas
« Le recrutement dans les classes préparatoires aux grandes écoles des lycées publics… s’effectue parmi les élèves de tous les lycées de métropole et d’outre-mer ». Jean-Marc Ayrault et des députés socialistes ont déposé un projet de loi visant à démocratiser l’accès aux classes préparatoires. Le principe est simple : « la détermination des meilleurs élèves bénéficiaires de ce droit s’effectue, lycée par lycée, sur la base des résultats au baccalauréat… Les bénéficiaires de cette procédure auront droit à des bourses d’études en fonction des ressources de leur famille ».
Proposition de loi
http://www.assemblee-nationale.fr/12/propositions/pion2688.asp