Ce n’était pas passé inaperçu : publiée habituellement en février ou début mars, la répartition des postes mis aux concours du premier degré avait du retard. Et le Snuipp Fsu avait réagi à ce retard. A la veille de l’épreuve écrite, le Journal officiel du 5 avril a enfin fait connaitre le volume et la répartition des postes. C’est une très mauvaise nouvelle pour les candidats : dans la plupart des académies la chute est sévère. C’est même la moitié des postes qui s’évaporent dans 7 académies. Des choix politiques qui vont peser aussi sur la rentrée 2020.
Un millier de postes en moins
Les arrêtés publiés le 5 avril annoncent les postes mis aux concours externe (9636 postes) , externe spécial (162), troisième concours (695), second concours interne (274) et second concours interne spécial (18 postes).
Depuis l’arrivée de JM Blanquer rue de Grenelle, ces chiffres n’ont fait que baisser. En 2017 on comptait 13 001 postes pour ces concours, 11 840 en 2018 et maintenant 10 785.
Dans 6 académies le nombre de postes divisé par 2
D’autant que la répartition par académie va sonner durement aux oreilles des candidats dans de nombreuses académies. Dans 6 académies, le nombre de postes proposés au concours externe est réduit de moitié par rapport à 2018. Ainsi à Amiens on comptait 400 postes en 2018, il n’y en a plus que 235. Sur Aix Marseille on passe de 495 à 300, à Lyon de 652 à 423, à Montpellier de 210 à 135, à Orléans de 402 à 238, à Rennes de 180 à 98.
Créteil et Versailles sont des cas à part car les deux académies disposent également de concours spéciaux. A Créteil 1540 postes sont proposés soit 90 de plus qu’en 2018 et 500 postes au concours spécial soit 100 de plus qu’en 2018. Pour Versailles , 1650 postes sont offerts contre 1700 en 2018 et 200 postes au concours spécial contre 250 en 2019.
Quelques académies gagnent des postes : Limoges et Clermont (+34 et +3), la Corse (double ses postes), les DOM (Mayotte +10, Guyane +40). Enfin Paris propose 374 postes contre 312 l’an dernier et Nantes 322 au lieu de 198.
Evidemment la répartition de ces ouvertures de postes surprend. Des académies à croissance démographique négative voient le nombre de postes augmenter (Paris, Clermont, Limoges, Corse) alors que des régions dynamiques connaissent une chute rapide (Rennes, Aix Marseille, Montpellier par exemple). Certaines académies sont maltraitées depuis 2018 comme Lille, Amiens, Aix Marseille. D’autres sont favorisées sur plusieurs années comme Paris et la Corse. Il est vrai que comme Dgesco, JM Blanquer favorisait déjà Paris…
Une publication à la veille des épreuves
On comprend mieux la publication si tardive de ces arrêtés. Le ministère a attendu la veille des épreuves écrites du concours externe des PE (épreuves les 8 et 9 avril) pour communiquer des chiffres aussi décourageants.
Si l’on est candidat à Amiens, Lyon, Aix Marseille, Montpellier ou Orléans, il est clair que l’Etat vient au dernier moment de changer la donne. Les candidats ont deux fois moins de chance d’être pris que l’an dernier.
Quelle priorité au primaire ?
On connait le discours de JM Blanquer sur « la priorité donnée au primaire ». Ces propos s’appuient sur une réalité positive : les dédoublements en Cp Ce1 de l’éducation prioritaire. Mais cette mesure, qui ne s’applique pas partout faute de postes (par exemple en Seine Saint Denis), est réalisée en prélevant des moyens dans les autres classes du primaire et sur le second degré. Budgétairement depuis le premier budget de JM Blanquer l’éducation nationale détruit des postes.
Un tel comportement laissera des traces. Avec la baisse tendancielle des postes proposés, c’est évidemment un signal négatif envoyé aux étudiants qui alimente la crise de recrutement déjà existante dans plusieurs académies.
Et puis il y a le message envoyé à tous les enseignants du premier degré. Un millier de jeunes admis aux concours en moins c’est des collègues en moins pour les rentrées à venir.
François Jarraud
Répartition des postes aux concours PE du public 2019