Vos élèves ont peur des maths ? Mettez la caméra entre eux et leur peur. Et greffez vos problèmes mathématiques sur la vie quotidienne. C’est ce que fait Benoît Truchetet, professeur de maths au collège Ste Marie de Toulouse. Avec ses élèves de 4ème il a lancé une vidéothèque de défis scolaires qui met de l’amusement dans le cours de maths et surtout les jeunes cerveaux en action..
Ma moyenne est-elle exacte dans l’ENT ? Comment est-elle calculée ? Si je reste sous la douche 30 minutes combien ça va coûter à mes parents ? A quelle vitesse doit aller mon vélo pour passer tous les feux au vert ?Voilà quelques unes des 17 vidéos imaginées, filmées et réalisées par les collégiens pour le cours de maths. Des vidéos qui circulent dans l’établissement come des défis et qui commencent à sortir du collège.
Comment est venu cette idée de mettre la caméra dans le cours de maths ?
L’idée de faire des petites vidéos de problèmes ouverts m’est venue en regardant les vidéos des problèmes de Dudu. Particulièrement sur celle qui reprend le célèbre problème qui permet de déterminer le nombre de grains de blé posés sur les cases d’un échiquier. J’avais pour habitude de donner cet exercice sous forme papier, en devoir, hors temps scolaire, à mes élèves de quatrième. Cette année je me suis amusé à donner à la place d’un énoncé un « QR code » pointant vers la vidéo. Je fus très agréablement surpris par l’engouement que cette vidéo a suscité. L’ensemble des élèves de mes 3 classes de quatrième m’ont rendu leurs recherches.
Je me suis aussitôt dit qu’il y avait une idée à exploiter : passer du support papier à la capsule vidéo pour intéresser l’ensemble de mes élèves aux problème ouverts. J’animais depuis quelques années, au sein du collège, un petit club de montage vidéo. Franchir le pas, en incitant mes élèves à produire à leur tour des vidéos mathématiques humoristiques ne devait pas être techniquement très compliqué. Il me manquait juste une carotte permettant de récompenser les meilleures productions (scénario, tournage et montage).Plusieurs élèves volontaires ont alors tenté l’expérience en empruntant au club un caméscope, un pied d’appareil photo et un PC avec un logiciel de montage vidéo pour tourner des vidéos le week end.
Comment sont réalisées ces vidéos ?
Je reste en contact avec les élèves par mail, sms ou téléphone. Par exemple, hier, alors que je me trouvais au salon des jeux mathématiques à Paris, deux de mes élèves qui devaient tourner une vidéo mettant en scène le problème ouvert de la boîte du pêcheur, m’envoient un sms en m’expliquant qu’elles sont à l’école du cirque du Lido ( à Toulouse) , qu’elles assistent à des répétitions de plusieurs funambules et qu’elles souhaiteraient monter une vidéo sur le sujet. Je les rappelle pour en savoir un peu plus sur le contenu de leur projet, on échange sur le dialogue associé à la vidéo, on y intègre un peu d’humour et c’est parti, je leur donne carte blanche ! J’attends avec impatience le produit fini !
A la prochaine rentrée, nous montons avec un collègue de maths, un projet « Mathématiques et Logique » pour une douzaine d’élèves volontaires. Je vais bien évidemment profiter des heures allouées à ce projet, pour développer l’expérimentation du support apporté par les vidéos et créer une banque de vidéos à réutiliser en cours ou en dehors du temps scolaire.
Comment sont-elles intégrées dans le cours ?
Cela dépend. Je peux les utiliser en début de séquence pour motiver ou en fin de séquence. Mais le plus souvent elles me servent de devoir à la maison. Je fais pratiquer, en moyenne, une fois toutes les 2 semaines, un problème ouvert à mes élèves en alternant entre support papier (problèmes provenant principalement des annales de l’APMEP et de Mathématiques sans frontières) et supports vidéo pour aborder une nouvelle notion, effectuer des piqûres de rappel, ou susciter de l’intérêt pour que tous les élèves recherchent la solution.
Pourquoi ça marche avec les élèves ?
La création des capsules vidéos apporte, à mon avis, un intérêt incontestable aux élèves pour développer l’esprit de recherche chez les élèves. Les vidéos éveillent l’intérêt des élèves car elles sont tournées de façon très drole et elles s’appuient sur la vie quotidienne. Par exemple si je demande aux élèves de calculer le volume de la pyramide de Khéops, cela ne va en intéresser que quelques uns. Si je transforme le même problème en chateau de sable à construire sur la plage en demandant à quelle profondeur il faudra descendre pour se procurer le sable , ça donne aux élèves l’envie d’essayer.
Le jeu est quelque chose d’important pour les élèves. C’est ludique quand ils me soumettent un scénario à partir d’un fait quotidien. C’est aussi ludique quand ils confrontent leurs camarades au défi qu’ils ont imaginé. Au final ça aide les élèves pour leurs apprentissages.
Propos recueillis par F Jarraud