La rentrée sera « progressive ». Répondant aux questions des députés de la Mission « Impact , gestion et conséquences de l’épidémie de Cornavirus Covid-19 » de l’Assemblée nationale le 6 mai, JM Blanquer a du reconnaitre le caractère très partiel de la reprise annoncée pour le 11 mai. Mis en face de la décision du conseil scientifique, le ministre de l’éducation nationale a voulu convaincre que la fermeture est dangereuse pour les enfants et que l’école de la reprise sera une vraie école. Si le ministre tient à donner l’impression que tout est sous contrôle, il n’a pas vraiment répondu aux questions sur le soutien sanitaire apporté aux enseignants.
« Il n’y a pas eu d’ordres et de contrordres »
« La réouverture est un défi. Il ne faut pas en sous estimer la difficulté ». Devant la Mission « Impact , gestion et conséquences de l’épidémie de Cornavirus Covid-19 » de l’Assemblée nationale le 6 mai, JM Blanquer alterne la promotion de ses actions et surtout que jamais il n’a été dépassé par les événements.
La réouverture est une nécessité. « Le déconfinement scolaire est un impératif catégorique pour des raisons sociales… Ne pas envoyer des enfants à l’école peut être plus dangereux que le Covid-19 ». Poussé par les questions d’un député il finit par assumer l’impératif économique. « Les enjeux économiques sont des enjeux sociaux. On ne doit pas opposer cela », finit-il par dire.
« J’affirme qu’il n’y a pas eu d’ordres et de contrordres ». Tout juste reconnait-il que le 12 mars il a été pris de court par la décision de fermeture. « A chaque étape de la maladie il y a eu un stade de réaction ». Le ministre assume la malheureuse formule « nous sommes prêts » lancée 24 heures avant l’effondrement des services numériques de son ministère. Ma Classe à la maison est d’ailleurs unique au monde. « La France n’a pas à rougir », même si ses services reconnaissent 4% de décrocheurs, « et beaucoup plus en LP ».
Ne pas tester les enseignants pour « ne pas gâcher »
Pourtant le ministre est moins sur de lui quand il s’agit des garanties sanitaires. Alors que B Pancher (radical), D. Abad (LR) et D Habib (PS) l’interrogent sur l’irrespect de la consigne de fermeture du conseil scientifique et sur la sécurité sanitaire des professeurs et des élèves, JM Blanquer cherche des réponses mais ne les trouve pas toujours.
Pourquoi les enseignants ne sont pas testés comme dans les autres pays ? « il n’y a pas pénurie de tests mais il ne faut pas les gâcher », répond le ministre. Sur le suivi médical des professeurs, il reconnait que « la médecine de prévention n’est pas un point fort de l’Education nationale » mais « travaille avec les mutuelles pour accueillir les personnels ». Sur le gel et les lingettes, JM Blanquer « aborde ce sujet avec les communes ». Il « pense que les stocks ont pu se préparer ». Ce n’est pas très rassurant !
Des enseignants du second degré convoqués dans le premier ?
Comment va se passer cette reprise ? Il y aura « une grande souplesse locale ». Chaque école en dialogue avec la commune définit son système d’accueil. « Il y aura un assez fort pourcentage de professeurs et d’élèves qui ne seront pas là , à commencer par ceux des établissements fermés »
Le ministre a annoncé que « des personnels du second degré iront prêter main forte pour le premier degré la semaine prochaine ». Que veut dire le ministre ? On sait que des enseignants sont invités à compléter leur temps de service par du télé enseignement. Un service dans le 1er degré existe en langues vivantes dans certaines académies mais cela reste très limitée et exceptionnelle. Le ministre veut il étendre cette situation ?
Surtout la reprise sera une vraie rentrée. « On veut éviter l’école garderie. Il va se passer des choses importantes sur les plans pédagogique et social en mai et juin ». Si le ministre affecte de laisser au terrain le soin de définir les seuils d’accueil, il entretient ainsi la fiction de la continuité pédagogique.
François Jarraud