Le ministre de l’éducation nationale a longuement présenté son projet de loi d’orientation de l’éducation sur France 2 le 18 novembre. Fixant des objectifs ambitieux (100% de jeunes « qualifiés » mais aussi 80% d’une tranche bac au niveau bac et 50% de diplômés du supérieur soit 15% de plus que le taux actuel), le ministre a exposé les recettes, nettement conservatrices, qui selon lui permettront de les atteindre.
Le socle commun obligatoire. Le ministre intègre la grande section de maternelle dans la scolarité obligatoire et annonce la mise en place d’un « socle commun de connaissances » que chaque élève devra maîtriser sous peine de redoublement dès le début du primaire. Il comportera le français, les maths, la LV1, « l’outil informatique » et une culture de base comportant l’histoire-géographie, l’éducation civique, les sciences et la technologie. Les élèves en difficulté bénéficieront, au collège, de 3 heures de soutien hebdomadaires.
Le brevet redeviendra un examen complet. A coté d’épreuves obligatoires (français, maths, histoire-géo ou SVT) comptées pour 8 points, il comportera des matières évaluées en contrôle continu (LV1, histoire-géo ou SVT et 2 matières au choix de l’élève). Le brevet ne sera pas un examen d’entrée en seconde mais… sera passé avant le dernier conseil de classe de troisième…
L’apprentissage des langues sera renforcé : dédoublement des cours en terminale, enseignement de la LV1 dès le CE et de la LV2 dès la 5ème.
Le bac comportera moitié d’épreuves passées en contrôle continu.
Dans l’enseignement professionnel » le bac professionnel sera préparé en 3 ans au lieu de 4 actuellement.
Du côté des enseignants, F. Fillon souhaite les astreindre à remplacer les enseignants absents.
Un coup de force contre les innovations pédagogiques.
« Les TPE c’est très bien » affirme F. Fillon. Mais il décide leur suppression apportant comme seul argument sa volonté d’alléger l’année de terminale, avant de reconnaître que sa décision dégagera des moyens. « Mais je les conserve en seconde et en première », répète trois fois le ministre. Cela risque d’être difficile : les TPE n’ont jamais existé en seconde… ce qui pourrait faire croire que cette décision, lourde de conséquences, n’a pas vraiment été réfléchie. Seule innovation pédagogique ayant réussi à percer en lycée, les TPE ont été au bout du compte acceptés par les enseignants et sont plébiscités par les lycéens (90% des candidats les ont présenté au bac 2004). Ils sont sacrifiés sans aucun argument sérieux sur l’autel du conservatisme pédagogique au mépris de l’investissement des équipes éducatives et des souhaits des lycéens. La suppression des TPE en terminale et au bac aboutira à ne plus les proposer en première. C’est un signal clair et négatif envoyé aux enseignants qui ont essayé de faire évoluer l’école. Ce n’est pas le seul. F. Fillon rétablit la note de conduite : elle entrera dans le brevet des collèges à coté du B2i transformé à son tour en examen traditionnel. Pour les élèves faibles, il préconise le redoublement, conseillé dès le début du primaire au mépris d’études convergentes qui établissent qu’il est nocif au primaire. Il crée « le collège unique à filières différentes » qui pré-oriente dès la 4ème les élèves vers le professionnel. Enfin, pour les cas difficiles, les classes relais seront quintuplées : une étude récente du ministère montrait qu’elles fonctionnaient davantage comme des soupapes de sécurité des collèges absorbant des élèves difficiles plutôt que comme un dispositif de rescolarisation. Par ces décisions F. Fillon détruit les rares innovations pédagogiques qui ont su s’imposer dans les établissements et encourage au mépris des sciences de l’éducation. La loi Fillon marque bien une régression pédagogique.
Le texte du projet de loi Fillon
L’avant projet de la loi d’orientation pour l’avenir de l’école reprend l’essentiel des annonces de F. Fillon le 18 novembre. Ce court texte (7 pages) fixe de nombreux objectifs pour l’Ecole : 100% de jeunes qualifiés, 80% au niveau bac, 50% de diplômés du supérieur, 15% d’étudiants supplémentaires en sciences, 20% d’élèves supplémentaires en allemand, 10% en langue ancienne, 50% d’apprentis en plus, une hausse de 20% des jeunes filles dans les séries scientifiques etc. En dehors de ces objectifs pour un avenir plus ou moins lointain, on retiendra 4 décisions précises. D’une part la création d’un Haut conseil de l’éducation chargé de conseiller le ministre sur la pédagogie et les programmes, à la place du Conseil national des programmes et du Haut conseil à l’évaluation de l’école. Ce conseil sera probablement un organe plus politique que technique puisque nommé par les plus hautes instances de la République. D’autre part, chaque établissement créera un Conseil pédagogique, composé de représentants des enseignants de chaque discipline et de représentants des professeurs principaux, chargé de coordonner les enseignements et les méthodes pédagogiques. Ce conseil coexistera avec le rappel dans la loi de la liberté pédagogique des enseignants, celle-ci s’exerçant « dans le cadre des programmes et des instructions du ministre… sous le contrôle des membres des corps d’inspection ». La loi prévoit également un effort pour la formation des enseignants (20% de formations supplémentaires) mais précise que « la formation des enseignants s’effectue prioritairement en dehors des obligations de service d’enseignement » , ce qui pourrait rendre le premier objectif illusoire. Enfin le projet de loi décide le passage des IUFM sous contrôle universitaire dans un délai de 3 ans. C’est donc un texte extrêmement sommaire qui est proposé au CSE.
Dans une tribune de Libération du 26 novembre, G. Dupon-Lahitte,président de la FCPE, José Fouque, président d’Education & Devenir, André Legrand, ancien recteur, et Philippe Meirieu dénoncent « une politique réactionnaire, dangereuse, en recul par rapport à toutes les réformes initiées aussi bien par la gauche que par la droite depuis Langevin Wallon ». Pour eux les mesures prises par F. Fillon (suppression des TPE, instauration des punition collectives, généralisation du redoublement) sont une grave rupture. « L’objectif affiché de démocratiser l’accès au diplôme est difficile. Il ne pourra pas être atteint par des mesures démagogiques. Il implique, au contraire, une volonté politique forte et courageuse, capable d’entraîner la mobilisation de tous les acteurs dans les établissements scolaires. La véritable confiance dans les enseignants consiste à les mettre en situation d’exercer un métier ô combien! difficile avec dynamisme et inventivité. Un ministre se doit d’aider les enseignants à faire en sorte que tous leurs élèves, loin d’être pour eux des dangers, soient susceptibles de progrès et que les familles, loin d’exercer contre eux un pouvoir dangereux pour l’école, soient au contraire des partenaires. Une corporation, craintive et repliée sur elle-même ne pourra jamais réussir ce grand pari, dont les enjeux économiques, sociaux et éthiques sont déterminants pour l ‘avenir de notre pays ».
http://education.devenir.free.fr/Documents/projetdeloi25-11-04.pdf
http://www.liberation.fr/page.php?Article=257002
Après consultation, la loi Fillon inchangée
A l’issue du temps de « concertation approfondie avec l’ensemble des partenaires sociaux de l’Education », malgré des réactions hostiles et un vote négatif du Conseil supérieur de l’Education sur un premier élément de la loi, François Fillon a publié vendredi 3 décembre un projet de loi inchangé par rapport au texte communiqué fin novembre. L’Expresso du 29 novembre en avait fait l’analyse. Rappelons que le projet de loi supprime les TPE en terminale, modifie le brevet, en y introduisant notamment une note de discipline, réforme le bac en introduisant le contrôle continu ou le contrôle en cours de formation et astreint les enseignants à effectuer des remplacements. Le projet de loi sera soumis au C.S.E. le 16 décembre et proposé au conseil des ministres en janvier. Certains éléments pourraient entrer en vigueur, si le projet est adopté par le Parlement, dès la rentrée 2005.
http://www.education.gouv.fr/actu/element.php?itemID=20041231440
http://cafepedagogique.net/lexpresso/Pages/2004/11/index291104.aspx
Des restrictions à venir
Jusqu’où iront les restrictions budgétaires ? Le « rapport annexé » au projet de loi d’orientation sur l’éducation mobilise déjà certaines catégories d’enseignants qui craignent la disparition de nombreux postes, voir de certains enseignements. Ainsi l’Apses, une association de professeurs de sciences économiques et sociales annonce « la fin programmée des SES » en seconde. En effet le rapport réduit à 1 choix l’option de spécialité (au lieu de 2). Même si le projet de loi augmente le choix d’options facultatives, certaines disciplines ne s’y retrouvent pas. Ainsi l’Apses craint que les élèves aient à choisir entre leur LV2 et l’option SES et optent pour le premier afin de préserver leur scolarité. Pour l’Apses, cette situation entraînerait « une marginalisation de la série ES par un recrutement tari ». Le même problème pourrait se poser par exemple pour les SMS, l’IGC, l’ISI, l’ISP et l’EPS. Un autre motif d’inquiétude se trouve dans le « réexamen » de tous les dédoublements en lycée et dans la suppression des décharges en collège et lycée. Ainsi ce que les langues gagneraient en terminale elles le perdraient à tous les autres niveaux. « La philosophie du gouvernement n’est pas celle d’une réduction de moyens » affirme François Fillon dans une dépêche AP. Il va lui falloir le démontrer.
http://www.loi.ecole.gouv.fr/documents/uploaded/Projet_loi _orientation_Liens.pdf
http://permanent.nouvelobs.com/social/20041207.FAP9026.html?1016
http://www.apses.org/article.php3?id_article=50
Les 14 points de la loi Fillon
Après le show télévisé ministériel, les 14 points du projet de loi Fillon ont été mis en ligne par le ministère.
http://www.loi.ecole.gouv.fr/_web/Objects/Redirect.php?NodId=69&;PHPSESSID=ba8ebb6a7dbce7d15ab9efa15a3c273e
http://www.loi.ecole.gouv.fr/documents/uploaded/14propositionsFFillon.pdf
http://www.adobe.fr/products/acrobat/readstep2.html
Consternations et indignations
Qui est satisfait du projet de loi sur l’éducation de F. Fillon ? Les critiques pleuvent sur des mesures qui ne semblent satisfaire personne.
C’est du coté des parents que la désillusion semble la plus grande. » La PEEP avait mis de grands espoirs sur cette volonté de faire évoluer notre école. Quelle désillusion ! Que de temps perdu ! Que de gâchis pour les élèves » s’exclame l’association de parents d’élèves. » La PEEP déplore, par ailleurs, le mépris total affiché pour les parents d’élèves dont le ministre n’a même pas parlé dans son intervention. Nos craintes étaient fondées, nous en avons la preuve. La PEEP a espéré une réforme concrète : nous avons concrètement un recul inacceptable ». La FCPE dénonce » la vacuité du projet ministériel en matière de lutte contre les inégalités scolaires. Proposer jusqu’à 3 heures de soutien individualisé à l’école primaire n’est qu’un effet d’annonce lorsque le ministre tente de combiner cette mesure avec l’accent mis sur le redoublement, dont toutes les recherches s’accordent pour décrire l’inutilité et les conséquences néfastes… Inscrire la notion floue, ambiguë et dangereuse de « liberté pédagogique » dans la loi, ce n’est rien d’autre que renoncer à redéfinir la mission des enseignants, qui est la pierre angulaire pour lutter contre les inégalités scolaires, faire vivre la mixité sociale et faire que l’Ecole constitue son propre recours.
Passer à la trappe ce problème essentiel, c’est faire son deuil de toute évolution durable du système éducatif. »
Les lycéens, particulièrement concernés par la loi, la rejettent. Ainsi la FIDL dénonce la réforme du bac et voit dans le projet Fillon « l’école de nos grands-parents ».
La Ligue de l’enseignement évoque « un conservatisme patelin qui entretient une Ecole inégale.. Pas un mot sur les projets d’établissement. Rien sur le travail en équipe. Aucune mention de la place des parents. Silence sur les autres acteurs éducatifs ».
Du coté syndical, le Snes estime que le ministre « n’a pas fait la démonstration qu’il se donnait les moyens d’atteindre ces objectifs en donnant un nouvel élan au système éducatif.. Le contrat personnalisé de 3 h de soutien individualisé semble correspondre à un simple redéploiement des moyens actuellement attribués aux établissements prioritaires ». Le Snes manifeste son opposition aux réformes du bac et du brevet. Le Sgen estime que la conception ministérielle de la liberté pédagogique « exclut de fait toute prise en compte de l’évolution du métier indispensable à la transformation : le travail en équipe et la pratique du projet, la nécessaire concertation, le rôle des parents, des associations, … Les annonces concernant le redoublement, l’orientation précoce s’inscrivent bel et bien dans le cadre d’une politique éducative réactionnaire. En fait de nombreuses propositions comme celles concernant l’examen du baccalauréat, qui mérite effectivement d’être revu, semblent avoir comme motivation essentielle des considérants budgétaires. Le ministre a sans doute réussi sa prestation de » communicant « , mais l’École, la réussite de tous les jeunes, la prise en compte des inégalités ont besoin d’un projet ambitieux, courageux même. Ce n’est pas le cas ».
La presse est, elle aussi, critique. L’éditorialiste du Monde estime que F. Fillon « n’a pas su trouver une réponse neuve à la contradiction à laquelle est confronté le système éducatif français ». Dans Libération, E. Davidenkoff voit au contraire dans la loi « un changement de cap radical » : les enseignants détiendraient « toutes les clés de la réussite scolaire » tout en estimant que cela n’arriverait pas à les convaincre de soutenir le projet. Dans un second article, il dénonce la méritocratie : » La droite a agi avec l’éducation comme avec l’insécurité. Martelant que le système partait à la dérive, que l’illettrisme gagnait du terrain, que la violence explosait, elle a convaincu une partie importante de l’opinion que ce qui est tragiquement vrai pour une minorité (d’établissements et d’élèves) vaut pour l’ensemble. Les bénéfices politiques de cette construction sont évidents : elles font croire à l’urgence de réponses pour répondre à l’urgence ainsi créée. Ses bénéfices pour le système éducatif sont beaucoup plus aléatoires. Fillon prend le risque d’ossifier la capacité mécanique du système à exclure les plus démunis et à surprotéger les mieux dotés. Et de perpétuer un consumérisme scolaire qui s’accommode fort bien des références républicaines à la méritocratie et du profond conservatisme qui se niche derrière le pragmatisme « apolitique »..
Rarement un projet aura suscité autant d’opposition. Au point que, le 21 au soir, le premier ministre intervenait pour dire qu’il souhaite « qu’une place particulière soit faite aux parents qui sont des acteurs à part entière de la communauté éducative ». Un communiqué qui fustige le ministre.
http://www.peep.asso.fr/actualite.php?id_actu=33&PHPSESSID=e482547db347669fe159e771e9d8b088
http://www.fcpe.asso.fr/article.aspx?id=397
http://actu.voila.fr/Depeche/depeche_emploi_041119130237.ridfi6v9.html
http://www.liberation.fr/page.php?Article=254842
http://www.liberation.fr/page.php?Article=254939
Autres Réactions
Libération rend compte sous le titre « Fillon, mauvais pédagogue » des premières rencontres entre le ministre de l’éducation nationale et les syndicats après la présentation du projet de loi sur l’éducation. Le Sgen fait part de son « profond désaccord ». La Fsu évoque un texte « problématique ». L’Unsa, interrogée par l’AFP, est déçue : » la philosophie du texte qu’on nous propose va à l’encontre de nos positions. Il est marqué par une logique d’individualisme, il semble que les mots « travail collectif » ou « équipe éducative » soient tabous alors que l’autorité hiérarchique est développée ». La dernière grande association de parents, l’Unapel, manifeste elle aussi son opposition : » nous sommes exclus des travaux préparatoires et, semble-t-il, de la pensée même du ministre. C’est surprenant et c’est révoltant… Il est dommage que la réforme n’aborde pas les questions de fond, se borne à affirmer qu’il faut amener les enfants à réussir, ce qui est évident, sans s’interroger sur les moyens d’y parvenir et sans se préoccuper de la vie, de l’état d’esprit, des acteurs de l’Ecole ». Seul Le Figaro publie, sous la plume de Robert Redeker, une apologie de François Fillon, libérateur du peuple : » Influencée par les idées issues de Mai 68, l’école a pris, ces deux dernières décennies, le chemin inverse : elle s’imposa de briser le lien entre la culture et l’école, dans le but d’en priver le peuple… Le résultat de cette démagogie : empêcher les enfants des classes populaires de s’élever vers les crêtes de l’intelligence humaine. L’école ouverte sur la vie est l’école de l’enfermement, l’école qui enferme les enfants défavorisés dans leur vision du monde, l’école qui enferme le peuple dans ses préjugés. L’école ouverte sur la vie est une prison… Propriété, durant les dernières décennies, des classes moyennes, l’école est rendue, par les projets de François Fillon, au peuple ». Une tribune qui ne nie pas que les sciences de l’éducation mais aussi la sociologie de l’école…
http://www.liberation.fr/page.php?Article=256109
http://actu.voila.fr/Depeche/depeche_emploi_041123122413.uy720uup.html
http://www.lefigaro.fr/debats/20041120.FIG0148.html
Les Cahiers pédagogiques condamnent le projet Fillon
« Le nouveau ministre avance à visage découvert : éloge de la dictée considérée comme un des beaux arts, légalisation de la punition collective, projet de suppression des TPE en terminale. Et voilà que maintenant on nous annonce l’introduction d’une note de comportement au brevet. La liste n’est pas close ; on peut s’attendre à une remise en cause des tout récents programmes du primaire, il a même été question de l’examen d’entrée en sixième. Il est frappant de voir que, animé par un louable désir de simplification et d’économie budgétaire, le ministre préconise de supprimer les contenus et les dispositifs complexes répondant aux défis du monde du XXI° siècle tandis que sont mis à l’honneur quelques éléments solidement traditionnels (les bonnes vieilles méthodes), quantitatifs (dédoublement des classes de langue en terminale) ou disciplinaires. L’idée, vieille comme la scolastique la plus formelle, est que les contenus d’enseignement renferment naturellement leurs modes de transmission et s’imposent d’eux-mêmes pour peu que les enseignants disposent de bonnes conditions pour se faire entendre et sachent utiliser l’arsenal répressif propre à réduire les gêneurs au silence… » Pierre Madiot, rédacteur en chef des Cahiers pédagogiques condamne dans un éditorial le projet Fillon. « Ignorant le rapport de l’Inspection générale qui reconnaît aux TPE le mérite d’être » une remarquable préparation à la poursuite d’études « , le ministre veut les supprimer afin que les élèves se préparent mieux à l’examen ! Merci pour la démonstration… Nous aurons une école plus sélective et une autorité plus arbitraire. Voilà une affaire résolue ».
http://www.cahiers-pedagogiques.com/article.php3?id_article=1252
Les parents unis contre la loi Fillon
C’est rare : les trois grandes organisations de parents d’élèves, la FCPE,la PEEP et l’UNAPEL, publient en commun une tribune dans Le Monde du 24 novembre. Ils dénoncent le « silence » sur les parents dans le projet de loi du ministre de l’éducation nationale, « l’immobilisme prétendument républicain » du texte de loi et son manque d’envergure. Pour les parents, » choisir une école sans parents, c’est choisir l’école du passé, c’est faire régresser la France en matière d’éducation, de culture et de cohésion sociale… Ce qui doit advenir, c’est une école qui place la personne de l’élève, et non une classe d’âge, au centre de ses préoccupations ; une école qui redise sa confiance à des enseignants soucieux de dispenser un savoir incarné dans le progrès humain, une école qui ne referme pas la porte de la crainte sur des parents plus désorientés que démissionnaires ; une école, enfin, qui, sans perdre sa spécificité, s’ouvre aux regards et aux richesses du monde extérieur ».
http://www.lemonde.fr/web/article/0,1-0@2-3232,36-388261,0.html
P. Meirieu dénonce le calcul pitoyable de la loi Fillon
« Vive « l’école rentable »! Dehors les « empêcheurs d’enseigner en rond » ! Si tel est le calcul, il est, tout à la fois, tragiquement politicien, déontologiquement inacceptable et terriblement régressif ». Philippe Meirieu, dans une tribune publiée par Le Monde du 24 novembre, analyse sévèrement le projet de loi sur l’éducation de F. Fillon. « Une telle démarche constitue une grave régression : les enseignants pourront, en effet, s’émanciper du projet d’école ou d’établissement et mettre ainsi en péril la cohérence éducative nécessaire aux enfants les plus fragiles. Les parents, eux, au nom de l’obligation de résultats, accentueront la pression consumériste sur l’école : ils ne manqueront pas de faire circuler les palmarès nécessaires permettant aux initiés d’épargner à leurs enfants les mauvais professeurs… En réalité, un tel calcul est pitoyable : fondé sur un mépris symétrique des parents réduits à des « consommateurs d’école » et des enseignants considérés comme de piètres professionnels, ne disposant que des sanctions, redoublements et exclusions pour faire réussir leurs élèves… Restent – et c’est peut-être le plus grave – les grands chantiers oubliés : la fracture scolaire qui se creuse de plus en plus entre les établissements prestigieux et les établissements ghettos ; la concurrence entre les établissements privés et publics et, au sein de l’enseignement public, entre ceux qui jouent la carte de la mixité sociale et ceux qui lui préfèrent celle de la sélection ; la nécessité d’enrayer le développement des officines privées de soutien scolaire, qui spéculent honteusement sur l’angoisse des familles ».
http://www.lemonde.fr/web/article/0,1-0@2-3232,36-388263,0.html
Les réactions à la loi Fillon
Pour le Snes Fsu, le projet de loi« confirme les inquiétudes suscitées par ses premières annonces ». Le syndicat souligne plusieurs points négatifs : » les heures de soutien du CIRE (Contrat individuel de réussite éducative) seront financées partiellement par les heures d’itinéraires de découverte (IDD) et, selon toute probabilité, par tout ou partie des moyens des ZEP, même s’il est affirmé que le principe du dispositif ZEP n’est pas remis en cause. Toutes les heures dédoublées en lycée, en dehors des langues vivantes, sont supprimées. Toutes les heures statutaires (heures de labo, de cabinet d’Histoire Géo, premières chaires) sont remises en cause dans la mesure où elles ne seraient plus » désormais justifiées « . La seconde option obligatoire de détermination (3h) est supprimée dans toutes les classes de seconde ». Le Snes craint un collège à plusieurs vitesses et s’oppose à la réforme du bac. Le SE-UNSA « considère que l’avant-projet de loi d’orientation ne règlera aucun des défis d’avenir posés à l’Ecole… Ce projet apparaît en totale contradiction avec les valeurs éducatives et l’action développées depuis le début des années 80. On cherche en vain les propositions permettant de traiter les inégalités sociales et de favoriser la réussite de tous les élèves ».
Une analyse que partage Philippe Meirieu. Pour lui, » l’avant-projet de loi de François Fillon révèle un changement de philosophie très important. La loi de 1989 établissait un ‘droit de l’enfant à l’instruction’, parlait d’éducation des élèves et concluait par l’apprentissage de l’exercice de la citoyenneté à l’école. Ainsi, l’école française était-elle une institution organique de la République et formait d’abord des personnes à la participation à la vie publique. Or, l’actuel avant-projet.. supprime la référence au droit de l’enfant, parle de formation scolaire et non plus d’éducation, place l’autorité des professeurs au premier plan, évoque le travail nécessaire et la mise en valeur des qualités personnelles et des aptitudes de l’élève: tout cela est inquiétant car on peut y lire une sorte d’idéologie des dons, une évacuation implicite de tout effort spécifiquement pédagogique et l’affirmation que les problèmes seront résolus avec simplement de l’autorité et du travail ». Le directeur de l’IUFM de Lyon est « scandalisé » par la suppression des TPE (P. Meirieu a signé la pétition initiée par le Café et le CRAP). S’agissant du bac, » On devrait revoir toutes les épreuves et l’évaluation sur le modèle des TPE et développer ainsi la recherche documentaire, la démarche expérimentale, le travail en groupes. Le baccalauréat doit devenir un moyen pour faire évoluer la pédagogie vers plus d’exigence authentique. Introduire du contrôle continu pour diminuer le bachotage, c’est bien. Introduire des épreuves impliquant un vrai travail de recherche et permettant de favoriser une approche plus citoyenne des savoirs serait encore mieux ». Enfin, il craint un effet négatif des mesures d’organisation des établissements. » Loin d’aller vers une mobilisation des acteurs au service de l’école, je crains que ces mesures encouragent le soupçon réciproque et suscitent bien du découragement chez ceux et celles qui se battent au quotidien, dans les situations les plus difficiles, pour l’honneur de notre institution scolaire ». L’association Education & Devenir parle d’un « retour en arrière ». » La notion fondamentale de projet d’établissement outil d’harmonisation et d’échange, a quasi disparu. Quel sera en effet le rôle d’un conseil pédagogique face à la reconnaissance insistante de la liberté individuelle de chaque enseignant en matière de discipline et de pédagogie ? Ne va-t-on pas accroître l’aspect » profession libérale » si souvent dénoncé du métier d’enseignant ?… Toute la dynamique issue de la création d’établissement autonome (EPLE – loi de 1985), de la loi d’orientation de 1989, du texte définissant les missions de l’enseignant (1997) et des innovations destinées à développer le travail en équipe et à donner du sens aux enseignements (TPE, IDP, PPCP) est remise en cause. La classe devient une » boîte noire » refermée sur elle-même, le tissu relationnel reliant la classe à l’établissement et à l’extérieur est déchiré ». Pour l’association, » à aucun moment on a perçu dans les propositions du ministre la compréhension du vécu de l’échec scolaire. A l’heure actuelle on ne sait déjà pas aider l’élève à surmonter le premier échec qu’il rencontre. Dans un parcours parsemé d’évaluations déterminantes ne va-t-on pas reléguer radicalement et plus tôt les plus démunis ?.. L’école va-t-elle produire des êtres formatés s’adaptant parfaitement aux besoins économiques du moment ou former des citoyens engagés, autonomes et critiques ? »
http://www.se-unsa.org/_comm/041126.htm
http://www.snes.edu/snesactu/article.php3?id_article=1245
http://education.devenir.free.fr/Tribune.htm
Les associations éducatives inquiètes de la loi Fillon
Reçues par le ministre le 29 novembre, les 8 associations du CNAECEP (Cemea, Occe, Pep, Ligue de l’enseignement, JPA, Francas, Foeven, Eedf) ont exprimé leurs craintes « sur le renforcement des inégalités scolaires et sociales pouvant résulter du contenu des différentes mesures et tout particulièrement la course au mérite, … l’abandon programmé des TPE et des IDD ».
http://www.jpa.asso.fr
L’école à deux vitesses
« Les propositions du ministre sont paradoxales. D’un côté, elles mettent le doigt là où ça fait mal, d’un autre, elles y répondent en accentuant les problèmes. Depuis plusieurs décennies, l’école a connu une démocratisation indéniable, mais malheureusement encore partielle. Ainsi, les enfants des classes populaires, majoritaires, sont toujours ceux qui ne parviennent pas à s’approprier les savoirs, dans une école où une bonne partie des programmes est toujours conçue sur le modèle, pourtant minoritaire, des enfants des classes cultivées. Dans sa réforme, Fillon occulte cette dimension. Il n’explique pas, fondamentalement, d’où viennent les difficultés des élèves en échec et ne cherche pas à les résoudre. Il se contente juste d’estimer que cela vient d’eux-mêmes, de leurs capacités. C’est le retour l’idéologie des « dons ». » Dans L’Humanité du 6 décembre, Stéphane Bonnéry, Paris VIII, critique la loi d’orientation, accusant F. Fillon de créer « une sous-école… pour les gamins qui ne suivent pas ».
http://www.humanite.presse.fr/journal/2004-12-06/2004-12-06-451349
L’UMP soutient la loi Fillon
Qui accueille favorablement le projet de loi sur l’éducation de François Fillon, demandions-nous dans L’Expresso du 22 devant l’isolement du ministre. L’UMP vole au secours du ministre. « En garantissant à tous les élèves la maîtrise d’un socle commun, pour qu’aucun enfant ne sorte plus du système scolaire sans qualification, en revalorisant l’enseignement professionnel, en simplifiant le baccalauréat… le ministre replace chaque élève dans une dynamique de progrès et d’égalité des chances » a déclaré à l’AFP la porte-parole du parti présidentiel. Un soutien suffisant ?
http://actu.voila.fr/Depeche/depeche_emploi_041122123114.o7xezneg.html
La PEEP rassurée
A l’issue d’une rencontre avec F. Fillon, où elle a renouvelé ses propositions sur le socle commun et la place de parents à l’école, la PEEP » se félicite de voir que ses propositions sont majoritairement prises en compte ». Elle rappelle » son opposition à la suppression des TPE en terminale ».
http://www.peep.asso.fr/actualite.php?id_actu=27&PHPSESSID=2323ed28bfd55a8c610ae7809a8a255d