La loi sur le voile « crée une sorte de paix des armes mais ne règle rien. Elle peut accroître un sentiment d’humiliation. Or l’expérience scolaire des immigrés comporte déjà sa part de frustration, de non-reconnaissance, de discrimination. Mettre le voile, c’est finalement revendiquer une appartenance stigmatisée. Les filles qui portent le voile assument le stigmate et se redressent symboliquement, en quelque sorte. Où est le problème au fond ? » Pour Françoise Lorcerie, CNRS, interrogée par Libération, la loi sur le voile ne résout aucune question. » Avec cette loi, on fait l’hypothèse que les filles portent le voile sous pression, ce qui est peut-être vrai, certaines vivent effectivement une situation d’oppression familiale avec ou sans voile, d’ailleurs. D’un autre côté, le fait de porter le foulard a pu ouvrir aux filles des espaces de liberté dans des milieux familiaux extrêmement répressifs. Des filles «protégées» par le foulard ont été autorisées à poursuivre des études au lycée et en fac, ce qui n’aurait peut-être pas été le cas sans cela. Mais plus largement, le port du foulard répond à des comportements très pluriels. De ce point de vue, la jurisprudence du Conseil d’Etat qui prévoyait une réponse au cas par cas était bonne. Il faut cesser de voir systématiquement le voile comme le cheval de Troie de l’islamisme dans la République. Certains comportements ouvertement prosélytes doivent évidemment être réprimés. Et la réglementation antérieure à la loi le permettait ».
Article de Libération
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