Par François Jarraud
La culture scolaire et la culture scientifique sont elles identiques ? C’est la question qui rebondissait, mardi 15 septembre 2009, sous la coupole du grand amphithéâtre de la Sorbonne lors du colloque national sur l’enseignement de l’histoire des arts à l’école, au collège et au lycée.
Dans la salle s’affrontaient représentants de l’éducation nationale et historiens des arts, défenseurs des savoirs scientifiques attirés par les emplois possibles et pédagogues protégeant leur champ carré. Tous avaient à envisager, sur injonction présidentielle, une question : comment faire entrer l’enseignement de l’histoire des arts dans le système éducatif français ?
Pourquoi un enseignement d’histoire des arts ? A l’anglaise (voir L’Expresso du 14 septembre), Luc Chatel, venu ouvrir le colloque, présente l’enseignement de l’histoire des arts comme « une méthode sans équivalent pour dépasser l’inhibition, avoir confiance en soi, assimiler un langage universel ». Il manifeste l’engagement du ministère en annonçant la nomination prochaine d’un Inspecteur général d’histoire des arts. François Perret, doyen de l’Inspection générale, se situe sur le même terrain. L’enseignement de l’histoire des arts est « une éducation à la sensibilité dans un pays où de tout temps on a privilégié la rationalité ». Il s’agit de mettre tous les enfants au contact de l’art et qu’aucun ne soit étranger à son passé.
Histoire des arts ou histoire de l’art ? Mais pour Pierre Rosenberg, ancien patron du Louvre, « les œuvres d’art ne se livrent pas d’elles mêmes ». Il fustige des instructions officielles qui affirment que les enseignants n’ont pas besoin de formation pour enseigner l’histoire des arts. « Or que peut dire la professeure de français sur Vermeer ? » Il revendique au mieux l’enseignement d’une nouvelle discipline, l’histoire des arts, avec capes et agrégation, à défaut au moins des capes doubles lettres – histoire des arts ou histoire – histoire des arts. Ce n’est évidemment pas le chemin pris par l’éducation nationale. JL Nembrini, directeur de l’enseignement scolaire, estime qu’il faudra que l’histoire de l’art entre dans les masters professeur des écoles ou prof d’histoire. Une représentante de l’Université de Toulouse Le Mirail témoigne que son université a mis en place un master d’enseignement histoire des arts avec à coté de l’histoire de l’art de la musicologie, du théâtre, du cinéma… Le master professeur des écoles comprend de la méthodologie d’histoire de l’art. Mais dans la nouvelle formation chaque université est autonome…
Un enseignement ambitieux. 60 heure sà l’école, 180 au collège, 72 au lycée : l’enseignement de l’histoire des arts entend accorder 312 heures de cours à chaque élève sur l’ensemble de la scolarité. Pour Pierre Baqué, en charge de monter cet enseignement, c’est un « saut conceptuel » : tous les élèves, tous les enseignants,tous les arts. Car l’enseignement d’histoire des arts se présente comme innovant, à l’image des TPE ou des IDD. Il est pluridisciplinaire, toutes les disciplines doivent y participer ensemble, pour construire les projets et , au brevet, pour l’évaluation. Il l’est aussi parce qu’il implique de faire appel aux ressources locales, alors que l’Ecole française tourne le dos à sa communauté. Il nécessite aussi d’utiliser les Tice.
Comment le mettre en place ? Les proviseurs et inspecteurs qui peuplaient la salle attendaient des conseils. Ils sont clairs. Pour Pierre Baqué, il faut « rassurer les enseignants sur leur capacité » à faire cet enseignement. Il faut « convaincre toutes les disciplines d’y participer » et montrer que formations et ressources sont là. « Les professeurs peuvent choisir librement dans la liste de référence ou de thèmes » rappelle F. Perret. « L’ampleur des possibles est un élément rassurant pour l’enseignant », ajoute-il. Si l’impulsion est donnée au primaire, dans le secondaire « la mise en place ne peut-être que progressive ». Il faut de toute façon privilégier la qualité des projets sur la quantité.
Des questions demeurent. Le colloque continue le 16 septembre. Les participants découvriront de nouvelles ressources et travailleront en ateliers sur l’évaluation, le cahier d’histoire des arts, la généralisation. Bien des questions demeurent sans réponse en fin de cette première journée du colloque. Comment utiliser les ressources locales alors que les postes de professeurs relais ont été supprimés à la rentrée ? Comment pratiquer l’interdisciplinarité alors qu’elle n’existe pas dans les emplois du temps ? Comment utiliser les ressources numériques avec la loi Hadopi 2 ? Et une question plus fondamentale encore. Si l’éveil à la sensibilité et à l’affirmation de soi sont des objectifs tout à fait nobles pour l’Ecole, sont-ils plus à même d’être atteint s par un enseignement ou par des activités de pratiques artistiques ?
Le programme
http://media.education.gouv.fr/file/09_septembre/79/5/Enseignement-de[…]
La musique adoucit l’Ecole en Angleterre (14/9/2009)
http://cafepedagogique.net/lexpresso/Pages/2009/09/14092009[…]
Le B.O. du 28 août 2008
http://www.education.gouv.fr/cid22078/mene0817383a.html
Histoire des arts le chantier de l’année
http://cafepedagogique.net/lesdossiers/Pages/2009/106_Edu[…]
Dans le Guide d erentrée
http://cafepedagogique.net/lesdossiers/Pages/2009/106_Art[…]
Un blog pour l’histoire des arts
Installée à l’école et au collège, l’histoire des arts arrive timidement au lycée. Jean-Christophe Diedrich, professeur à Rombas, montre très concrètement à la fois à quel point cet enseignement peut enrichir les cours et comment les TICE peuvent y aider.
Ainsi, en seconde, son blog, écrit tantôt par lui, tantôt par des lycéens, retrace une année particulièrement intéressante. Cela débute, à propos du thème antique en histoire, par une analyse des représentation de la mort de César au cinéma et dans la peinture, pour arriver à une séance tout à fait originale animée par un musicien et un professeur de philosophie sur le baroque. Dans cette région sidérurgique, c’est une comparaison entre la ferronnerie d’art et la musique qui permet de comprendre ce qu’est le baroque : « l’ornement est constitutif de l’art baroque ». Ainsi, interventions artistiques, visites à Paris ou à l’opéra de Nancy ponctuent une année sans doute marquante pour ces jeunes lycéens. Le plaisir qu’ils y ont pris sourd de ces pages.
http://histoiredesartsrombas.blogspot.com/
Des outils pour l’histoire des arts
Deux thèmes au sommaire de n°66 (et peut-être dernier ?) des Dossiers de l’ingénierie éducative. D’abord l’histoire des arts. Elle « s’enrichit des technologies numériques » note l’éditorial. Le numéro est particulièrement riche d’expériences , par exemple celles de l’acadéie de Créteil pionnière pour cet enseignement.
La seconde partie est dédiée au manuel numérique, alors que plusieurs éditeurs lancent de nouveaux manuels. Les Dossiers interrogent PL Ghavam-Néjad sur l’expérience, unique, des Landes.
Le sommaire
http://www.cndp.fr/DossiersIE/66/som66.asp
L’épreuve d’histoire des arts au brevet
L’histoire des arts est un enseignement obligatoire au collège dès la rentrée 2009. Le B.O? stipule que « chaque établissement dispose d’une grande liberté pour construire le(s) projet(s) d’enseignement de l’histoire des arts, dans le respect des contraintes fixées réglementairement : domaines artistiques, thématiques, périodes historiques propres à chaque niveau. La conception de ce(s) projet(s) dépend autant des ressources offertes par le patrimoine artistique local que des projets des professeurs des différentes disciplines, spécifiques à chaque établissement ». Mais pour le brevet 2010, » l’oral d’évaluation fait l’objet d’une expérimentation dans tous les collèges et les lycées professionnels préparant au diplôme national du brevet. Les candidats au diplôme national du brevet peuvent demander à présenter cet oral au titre de l’enseignement optionnel mentionné à l’article 4 de l’arrêté du 18 août 1999. Ainsi les points au-dessus de la moyenne de 10 sur 20 sont alors pris en compte pour l’attribution du brevet ». C’est dire que l’évaluation ne sera pas généralisée avant le brevet 2011.
En 2011, l’épreuve au brevet devrait être un oral. « L’évaluation de l’histoire des arts prend appui sur un travail à dimension historique, artistique et culturelle défini et organisé par l’équipe enseignante en conformité avec l’esprit de l’enseignement de l’histoire des arts » dit le B.O. « Toutes les disciplines, mais en premier lieu celles constitutives de la culture humaniste, y contribuent et visent à développer la curiosité et la créativité artistiques des élèves, à aiguiser leurs capacités d’analyse d’une œuvre d’art, à les aider à se construire une culture personnelle et à prendre conscience des métiers et des formations liés à ces pratiques artistiques et culturelles. Ce travail porte sur la période historique inscrite au programme d’histoire de troisième. Ce cadre chronologique doit prendre en compte les ruptures ou les dialogues que les œuvres de cette époque provoquent avec les mouvements artistiques précédents ou contemporains. L’évaluation, organisée dans l’établissement, prend la forme d’un oral dont la durée est de quinze minutes maximum. Ses modalités sont définies par l’équipe pédagogique… L’entretien oral peut concerner un ou plusieurs élèves ; porter sur tout objet d’étude abordé durant l’année…; s’appuyer sur un ou plusieurs document(s) proposé(s) par les examinateurs ou bien sur une réalisation (personnelle ou collective) effectuée en classe dans le cadre de l’enseignement de l’histoire des arts (dossier, diaporama, D.V.D., dessins, schémas, exposition, création.). L’évaluation donne lieu à une note sur 20 points, affectée d’un coefficient 2. Ces points sont pris en compte pour l’attribution du diplôme et d’une mention » (à partir de 2011).
Au B.O.
http://www.education.gouv.fr/cid49357/mene0900819n.html
Au B.O.
http://www.education.gouv.fr/cid49356/mene0900818n.html
Compléments pédagogiques pour le programme
http://www.ac-strasbourg.fr/sections/enseignements/se[…]
L’histoire de l’art à l’école
A Nancy-Metz, le pôle académique de soutien à l’innovation rend compte de travaux menés en histoire de l’art, un enseignement nouveau introduit dans les programmes 2008. Quatre écoles proposent un bilan détaillé de sa mise en œuvre : David Martin, directeur de l’école d’Ambacourt (88) présente son travail dans cette petite structure rurale de deux classes; Lydia Behr, école Sainte-Thérèse, Metz (57) a travaillé avec ses CM2 autour de L’Oiseau de Feu de Stravinsky; Christine Chaumont, conseillère pédagogique, présente le travail en cycle 3 à l’école des Hauts de Chée à Génicourt sur Condé (55); Chantal Guéry, école Niki de Saint Phalle, Pont à Mousson (54) fait le bilan de la mise en oeuvre de l’histoire des arts en maternelle : autour du projet « Enfants de Calder ». Quelques vidéos illustrent l’action.
Sur le site du Pasi
http://www3.ac-nancy-metz.fr/pasi/spip.php?article503
L’Histoire des arts au collège
L’Académie de Rennes publie et édite des travaux qui aident les équipes éducatives à mettre en œuvre l’histoire de l’art au collège. La brochure rappelle ce qu’est l’histoire des arts et donne des pistes pour monter un projet en histoire des arts.
L’histoire des arts
http://espaceeducatif.ac-rennes.fr/jahia/webdav/site/espace[…]
Sur le site du Café
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