Le volet éducation à l’environnement est un volet non négligeable de la formation des futurs acteurs de la filière agricole, de la production à la transformation. Intégré dans les référentiels ou support d’activités pluridisciplinaires, il donne lieu à des initiatives pédagogiques illustrant le souci du lien avec le territoire et le développement de projets conduits par les élèves.
Lydie Prieur est enseignante est professeure de biologie-écologie au legta « le Robillard », localisé sur la Commune de L’Oudon, dans le Calvados. Nous l’avons interrogée sur les pratiques qu’elle développe avec ses élèves pour en faire de véritables citoyens soucieux de préserver leur environnement, à travers en particulier deux modules : l’EATC (Ecologie, Agronomie, Territoire et Citoyenneté), module de détermination proposé par les lycées agricoles en classe de seconde générale et technologique et le module « D41 » (agro-écosystème et environnement) du Btsa option Technologies végétales.
Quels sont les objectifs de cette sensibilisation à l’environnement ?
Pour ma part, je suis assez attachée à donner à nos élèves les outils nécessaires à la compréhension du fonctionnement d’un territoire afin que plus tard, acteurs au sein de leur territoire, ils le comprennent et interviennent eux-mêmes de façon citoyenne. Cette sensibilisation passe par des études concrètes sur le terrain ……je crois qu’on peut dire que nos élèves de l’enseignement agricole ont une bonne éducation citoyenne à l’environnement.
Aurais-tu quelques exemples ?
Concrètement si tu veux des exemples : cette année en classe de seconde l’étude a porté sur «le territoire de la baie du Mont –St-Michel », l’objectif était de comprendre le fonctionnement de la Baie ainsi que de cerner les enjeux et les conséquences du grand projet de réhabilitation du caractère maritime du Mont : un vaste programme !. Les élèves sont demandeurs d’informations en matière d’environnement : ils ont souhaité aussi s’initier aux énergies renouvelables (les éoliennes commencent à bien fleurir dans nos plaines !) ; les BTSA ont découvert cette année, le plan de gestion d’un marais classé Natura 2000 ; depuis 2 ans avec les étudiants, nous travaillons sur la biodiversité à l’appui d’outils d’analyse du territoire (lecture de paysage, analyses cartographiques de l’orthophotoplan SIG, etc …) et en conduisant des enquêtes notamment auprès d’agriculteurs, nous espérons en sensibiliser un petit nombre … cette année nous avons saisi l’opportunité du Grenelle de l’environnement pour emmener nos étudiants à la soirée de synthèse qui avait lieu (en Haute-Normandie !) au Havre …
D’autres disciplines sont elles impliquées ?
Bien sûr, toutes ces actions conduites sur le terrain, en classe, au CDI, le sont toujours en « pluridisciplinarité », l’entrée multidisciplinaire est essentielle à la compréhension globale d’un territoire.
En EATC, l’approche culturelle par ma collègue Lydie Colin, professeur d’ESC est essentielle (comment comprendre les enjeux de ce territoire, si l’on n’a pas appris à apprécier l’architecture du Mont, de la Merveille !) ; l’histoire Normande prend également tout son sens autour de ce territoire et Patrick Leclerc a bien fait mesurer cette approche aux élèves ; quant à l’approche Technico-économique, elle est assurée par le professeur d’agronomie Philippe Guilmain qui anime les entretiens avec les professionnels de la production.
En BTSA, l’ensemble du module a été construit et conduit de façon pluridisciplinaire ! Depuis deux ans, j’apprécie cette organisation car Nicole Marquet, ma collègue professeur d’Agronomie a une approche très complémentaire de la mienne ! Et ainsi les étudiants ne séparent plus la technique de l’écologie !
De combien de temps disposes tu pour ces modules ?
En EATC, officiellement les horaires sont affectés par disciplines, en horaire-semaine : Biologie 2h, ESC 1h, Histoire-Géographie 1h et Agronomie 3h … Concrètement la souplesse de notre organisation pédagogique se traduit par une semaine bloquée pour tous ces enseignants qui partent avec les élèves pour une semaine… hébergés en auberge de jeunesse. En biologie et en agronomie, il reste encore un équivalent de 2h/semaine pour les élèves.
En BTSA, le Module D41 correspond à 60h d’enseignement. Nous « bloquons » ce module sur le premier trimestre de la deuxième année de BTS, à raison de 4h/semaine.
Quelle est la démarche pédagogique ?
L’étude du territoire de la Baie du Mont St Michel s’est effectuée sur place (stage d’une semaine) pour découvrir le milieu (avec bien sûr, la traversée de la baie à pieds avec un guide de la Baie) et rencontrer un maximum d’acteurs (syndicat mixte du grand projet, éleveur de moutons de prés salés, producteurs de légumes, coopérative de distribution, élevage conchylicole, tourisme avec la visite d’un musée de la Baie ..).
Et pour la suite de l’année, puisqu’ils sont demandeurs, ces élèves de seconde vont travailler en groupe sur le thème des énergies renouvelables : production de panneaux d’exposition, de maquettes etc… à l’appui de visites, interventions au lycée et recherches documentaires au CDI.
En BTSA, l’acquisition d’outils d’analyse du territoire passe d’abord par un repérage sur le territoire, puis une analyse cartographique (vue aérienne avec géoportail ou l’orthophotoplan du Conseil Général) et des rencontres avec les acteurs du territoire notamment les agriculteurs. La sensibilisation à la biodiversité est notre priorité. L’année dernière, les étudiants ont construit un questionnaire destinés aux agriculteurs pour mesurer leurs représentions et leurs actions en matière de biodiversité. Cette construction de questionnaire les a obligés à être, eux-mêmes, bien au clair avec cette notion, à comprendre les causes de l’érosion de la biodiversité et le problème des espèces invasives, par exemple. Cette année, le travail sur la biodiversité a permis de répondre à une demande d’un collègue professeur d’hydraulique et de proposer un choix d’essences arbustives pour l’implantation d’une haie bocagère cachant les aménagements de circuits hydrauliques sur un terrain du lycée.
Comment sont évalués les élèves
En seconde, les enseignants notent la production personnelle des élèves : un carnet de route où sont prises en compte les différentes approches du territoire (Biologie-Ecologie, Histoire-Géographie, Agronomie et ESC), ce travail de synthèse est souvent assez bien réussi et joliment illustré.
En BTSA, l’évaluation est une épreuve écrite qui vaut examen (Epreuve de Contrôle Certificative) : 2h.
Propos recueillis par Monique Royer