Les premiers résultats des admissibles aux concours externe de professeur des écoles et au capes externe laissent présager que la crise du recrutement dont souffre l’Education nationale se prolonge. En ce qui concerne le premier degré, les premiers résultats sont sans appel. Les résultats des épreuves d’admissibilité disent dès maintenant que dans les académies de Créteil et Versailles on n’aura pas un nombre d’enseignants permettant de couvrir le nombre de postes offerts. Le déficit final pourrait être de 700 postes. Dans le second degré, malgré la forte réduction du nombre de postes proposés cette année, les résultats de l’admissibilité annoncent près de 400 postes non couverts en lettres (modernes et surtout classiques), allemand et maths. Les résultats de l’anglais, une autre discipline en déficit l’année dernière, ne sont pas encore connus.
Premier degré
Dans le premier degré, les résultats des épreuves d’admissibilité au concours externe de professeur des écoles mettent en lumière l’aggravation de la crise du recrutement dans les académies de Versailles et de Créteil.
A Créteil, 1379 candidats ont été déclarés admissibles. Or 1450 postes sont offerts cette année au concours. Même en ayant diminué de 150 places le nombre de postes cette année, il est clair que tous les postes ne seront pas couverts. Le déficit devrait dépasser 71 postes. En reprenant le ration admis / admissibles de l’an dernier (80% d’admis) on obtiendrait environ 1100 admis soit un déficit d’environ 350 postes. L’année dernière 489 places n’avaient trouvé preneur.
Sur Versailles la situation est bien pire. On compte 1657 admissibles pour 1700 postes proposés. Il est clair que 43 postes ne seront pas couverts. Mais en reprenant le ration d’admis de 2017 (85%) on obtiendrait 1408 admis. Dans cette hypothèse ce sont environ 300 postes qui en seront pas couverts. L’année dernière le déficit n’a été que de 74 postes.
Second degré
Dans le second degré, le problème se pose en maths et lettres. Les résultats de l’admissibilité au Capes externe montrent encore des déficits à venir en lettres et en maths. En lettres classiques on compte 105 admissibles (autant qu’en 2017) pour 183 postes. Il est clair qu’ils ne seront pas couverts. Si on reprend le ration admis / admissibles de 2017 on compterait 85 admis seulement (comme en 2017) c’est à dire que 53% des postes ne trouveraient pas preneurs alors que le nombre de postes a été fortement réduit (183 au lieu de 230).
En lettres modernes, on a 1390 admissibles soit 150 de moins qu’en 2017. Cela pourrait donner 1029 admis pour 1040 postes. Là le ratio s’améliorerait par rapport à 2017 mais du simple fait d ela forte réduction du nombre d e postes (1040 au lieu de 1288).
En allemand on compte 228 admissibles cette année, contre 224 l’an dernier, pour 275 postes proposés. Avec le taux de 2017 cela ferait 125 admis soit 45% de postes non pourvus. A l’évidence le rétablissement des classes bilangues n’a pas eu d’impact sur l’attractivité du métier.
En maths, on compte 1760 admissibles pour 1183 postes. Cela semble suffisant. Mais l’expérience des années précédentes montre qu’un fort pourcentage d’admissibles ne sont pas admis. En 2017 on n’a compté que 55% d’admis chez les admissibles. Dans ce cas on compterait seulement 968 admis en 2018 soit un déficit de 215 postes, un pourcentage un peu inférieur à celui de 2017.
Dans les autres disciplines la situation est meilleure car si le nombre d’admissibles est en baisse , celui des postes proposés également. Ainsi en histoire géo on compte 1252 admissibles contre 1496 l’an dernier pour 540 postes , en SVT 697 contre 811 pour 327 postes, en espagnol 871 contre 930 pour 415 postes. En physique chimie , il y a 673 admissibles pour 300 postes. Ils devraient être tous pourvus.
Un budget sincère ou comptable ?
Alors que le ministre avait justifié la réduction du nombre de postes ouverts dans le secondaire par la volonté d’avoir un budget « sincère » et d’ajuster le nombre de postes proposés à la réalité de la demande, on constate toujours de fortes différences dans de nombreuses disciplines ce qui pourrait laisser penser que la vraie raison de la baisse du nombre de postes est politique. Au final entre la baisse du 2d degré et la hausse du 1er degré le ministère n’aura créé aucun poste en 2018.
Faute d’une vraie politique de recrutement le ministère n’est pas arrivé à atteindre les créations de postes qu’il avait jugé nécessaires. Le ministre promet de favoriser les pré recrutements prochainement. C’est une bonne idée . Mais il a aussi annoncé vouloir distinguer entre réussite au concours et recrutement. Appliquer cette idée serait-il sans effet sur l’attractivité du métier enseignant ?
François Jarraud
Les résultats 1er degré