Apprentissage de la lecture : Tribune de Roland Goigoux
« Preuve est faite désormais : l’excellence en mathématiques n’est en rien un gage de rigueur intellectuelle. Cette assertion, qui relevait jusqu’à présent de la seule intuition, vient d’être scientifiquement établie par sept éminents mathématiciens, membres de l’Académie des Sciences… Publiée dans un récent cahier de la Fondation pour l’innovation politique, un club de réflexion de l’UMP, leur démonstration sur l’apprentissage de la lecture touche au sublime. Elle repose sur une méthodologie d’investigation originale qui méritera à l’avenir d’être citée en exemple dans la formation des jeunes chercheurs : le ragot sauce Nobel ». Dans cette vive tribune, Roland Goigoux, professeur des universités, dénonce une campagne idéologique contre l’école démocratique.
http://cafepedagogique.net/lesdossiers/Pages/contribs_goigoux.aspx
Le goût de lire… hors de l’école ?
Qu’est ce qui donne le « goût de lire » ? Quel rôle peut jouer l’école ? Quel rapport la lecture entretient-elle avec la télévision ? Des questions abordées lors des 15ème Entretiens Nathan. Le Café en publie un compte-rendu.
http://cafepedagogique.net/lesdossiers/Pages/Nath_index.aspx
La réforme et les représentations des enseignants
» Dire que le changement va venir de la base, c’est un peu idéaliste. Moi, personnellement je n’y crois plus. Par ailleurs, on sait que quand les réformes viennent du haut, elles ne sont pas acceptées et sont relativement peu efficaces ». Au moment où la communauté française de Belgique engage une réforme éducative, Marcel Crahay, université de Liège, interrogé par Alter Educ, évoque les résistances au changement à travers un exemple : le redoublement. » En France et en Belgique, moins en Suisse semble-t-il, les enseignants restent par exemple convaincus que le redoublement est une méthode de remédiation, alors que les preuves du contraire ne font que s’accumuler. Espérer qu’un changement en matière de lutte contre l’échec vienne du terrain constitue un pari utopique… Il y a malgré tout des noyaux durs de représentation problématiques. Les chercheurs n’ont pas toujours raison mais, sur le redoublement, toutes les études vont dans le même sens ; or, on n’arrive pourtant pas à convaincre les enseignants. Les études montrent aussi que bon nombre d’enseignants ont en fait des doutes quant au postulat d’éducabilité : tous les enseignants ne sont pas convaincus que tous les élèves peuvent apprendre. C’est pour cela qu’il faut travailler les représentations des enseignants. Mais elles semblent difficilement modifiables… Il faut aussi souligner le fait qu’il n’y a pas seulement des mécanismes de résistance individuelle mais des phénomènes sociaux et psychologiques qui jouent énormément ».
http://www.altereduc.be/article.php?art=8844
Mémoire des usages
« Comment l’évolution des TICE est-elle analysée par ceux qui l’ont vécue ? En quoi le devenir des usages pédagogiques dépend-il des outils, des dispositifs de communication, des grandes fictions à l’oeuvre ?.. Quel impact sur les pratiques non-Tice et sur les compétences des élèves ? » C’est un numéro bilan particulièrement riche que nous proposent les Dossiers de l’ingénierie éducative de mars 2005. Il s’ouvre sur un article d’Anne-Marie Bardi et Jean-Michel Bérard (IG) qui retracent 35 ans d’informatique à l’école. A-t-elle rempli toutes ses promesses ? « L’essence même des questions que les enseignants ont à résoudre depuis la naissance de l’Homme n’aura pas, elle, changé.. : comment construire mon enseignement pour que les élèves acquièrent au mieux l’ensemble des compétences.. qui leur permettront de devenir des citoyens actifs et responsables ?… Il n’est pas certain que l’ordinateur puisse aider le nouvel enseignant dans cette réflexion ».
Alors inutile, l’ordinateur ? Serge Pouts-Lajus semble répondre à cette interrogation. Rappelant que « la valeur réelle des TIC dans l’éducation n’a jamais cessé d’être mise en doute », il passe en revue les différents arguments avancés en faveur des TICE et souligne leurs limites. Pourtant l’ordinateur a bien sa place à l’école : « D’emblée la présence de l’ordinateur a été fondée sur un impératif culturel. La place des ordinateurs dans la culture est telle que l’éducation… ne peut plus se faire sans l’apprentissage et l’usage de ces machines. En vingt ans la démonstration a été faite qu’elles étaient nécessaires à l’éducation ».
Pour Gérard Puimatto, le multimédia éducatif a aussi sa place à l’Ecole parce qu’il est « une composante qui s’inscrit dans les 4 dimensions pédagogique, technique, sociale et économique et tisse des liens entre elles ». Il s’inscrit dans le faisceau de relations complexes entre les acteurs de l’école. Une vision nuancée par Jacques Richard qui montre les résistances du système éducatif aux TICE parce que porteuses de rénovation. « La véritable osmose entre pratiques pédagogiques et TIC s’est faite à l’occasion de la mise en place des TPE. A voir les protestations des enseignants, des syndicats…, de certains inspecteurs contre leur suppression en classes terminales, il y a des raisons d’être optimiste… Les derniers adversaires de l’intégration des technologies de l’information et de la communication finiront par comprendre le sens de la rénovation pédagogique qu’elles induisent ».
On nous pardonnera d’arrêter là le compte-rendu de ce riche numéro qui mêle analyses et retour sur expériences et retrace vingt ans de TICE.
Dossiers de l’ingénierie éducative, n°50,mars 2005.
http://www.cndp.fr/DossiersIE/accueil.asp?menu=sdl
http://www.cndp.fr/tice/dossiersie/tribune200503.htm
André de Peretti : VOIRE !
» Par la variété et l’organisation de vos enseignements, grâce aux ressources de votre ingénierie, en fonction de la responsabilisation partagée avec et entre vos élèves, vous appuyant sur des formes multiples d’évaluation motivante, vous savez aider les jeunes générations à se soutenir réciproquement, mais aussi à regarder sans morosité l’avenir en citoyens plus que jamais, au sein d’un monde en effervescence, votre devise d’enseignants avisés peut être: VOIRE!… » Sur le site de Jacques Nimier, André de Peretti propose cinq facteurs pour apprendre à motiver ses classes : » V comme Variété; O comme Organisation; I comme Ingénierie; R comme Responsabilisation; E comme Evaluation motivante » : VOIRE. Une démonstration accompagnée d’un exercice sur le concept d’éduquer.
http://perso.wanadoo.fr/jacques.nimier/lettre_peretti.htm
http://perso.wanadoo.fr/jacques.nimier/exercice_eduquer.htm
P. Meirieu et la loi Fillon
» Ce qui me paraît dangereux dans la loi d’orientation sur l’avenir de l’école, c’est l’association de la liberté pédagogique et de l’obligation de résultat. L’une et l’autre sont affirmées dans le texte. Or, pousser au bout cette logique de la liberté pédagogique associée à l’obligation de résultat, c’est autoriser par exemple de mettre sous électrode les élèves qui n’apprennent pas facilement à lire ! Bien évidemment, le risque n’est pas là : les profs ne feront pas ça. Mais cela veut dire que derrière le texte, il y a une idéologie qui dit : « faites à peu près ce que vous voulez du moment que c’est rentable » ! Or, cela me paraît contraire à l’idéal de l’école… L’éducation doit se donner un idéal et non pas simplement chercher à obtenir des résultats à tout prix. L’école n’est pas une entreprise, elle ne se pilote pas en termes de performances brutes ». Interrogé sur le site VousNousIls, Philippe Meirieu, directeur de l’IUFM de Lyon examine la loi Fillon. S’il juge positif de définir les objectifs de la scolarité obligatoire, il juge l’idée de « socle commun » inquiétante : « C’est contradictoire avec beaucoup de choses que nous savons des apprentissages, en particulier avec le fait que les élèves en difficulté sont des élèves pour lesquels on n’a pas intérêt à s’obstiner sur les bases mais au contraire à faire un détour par des pédagogies très fortement culturelles, qui les impliquent et qui leur permettent ensuite seulement de revenir aux bases ».
Constituer les classes au primaire
On le sait : le fait d’appartenir à telle classe plutôt qu’à telle autre influe sur les résultats scolaires. L’étude de Christine Leroy-Audoin et Bruno Suchaut (Iredu) sur la constitution des classes dans les écoles), signalée dans L’Expresso du 7 mars, est maintenant accessible dans une Note de quatre pages de l’Iredu. Ils analysent le rôle du directeur et des enseignants et mettent en évidence des pratiques différentes mais aussi une représentation commune. « C’est clairement la similitude des groupes d’élèves qui est recherchée, qu’elle concerne un équilibre des effectifs, des niveaux scolaires ou des comportements dans la classe, les « faveurs » accordées aux cours multiples n’ayant d’autre fonction que de rétablir cet équilibre mis en péril par leur constitution particulière. Si les conditions d’enseignement ont été explicitement évoquées par les directeurs, en revanche, aucune mention aux élèves, pourtant « au coeur du système », n’a jamais été faite ».
http://www.u-bourgogne.fr/upload/site_120/publications/les_collections_de_l_iredu/notes/note051.pdf
http://www.u-bourgogne.fr/upload/site_120/publications/2005/05004.pdf
http://www.adobe.fr/products/acrobat/readstep2.html
La télé et l’intelligence
» Un jour, si l’on n’y prend garde, la dernière mesure de Mozart, les dernières pages du Rouge et le Noir auront cessé d’exister parce que le dernier oeil curieux, la dernière oreille attentive, la dernière intelligence sensible auxquels leur message formel était accessible auront disparu ». Pour Alain Bentolila, Paris 5, le responsable de cet anéantissement c’est la télévision. » Je tiens l’indécence télévisuelle – pas seulement télévisuelle ! mais qui peut rivaliser en influence avec ce médium – pour responsable de la progressive disparition de la «pudeur scolaire». Si bien des élèves sont incapables de tenir leur moi intérieur à distance respectueuse des objets d’études, s’ils sont prompts à la brutale déclaration d’opinion, si l’anecdote ponctuelle vient polluer intempestivement le débat d’idées, c’est beaucoup sans doute parce que leur médium favori leur montre à longueur d’émissions que toute chose intime est bonne à dire en tout lieu et à tout moment et que des intimités mêlées sont infiniment plus passionnantes que les paradigmes arides et froids des savoirs et des savoir-faire ». Contredisons-le avec Jean-Pierre Carrier et Christian Gautelier qui, en 2000, dans « Le petit écran des enfants » (Actes Sud), écrivaient : « Dire que la télévision pour enfants a une portée éducative globale, ce n’est pas nier qu’elle est d’abord et avant tout de la télévision, c’est-à-dire un média fait par des professionnels, avec pour visée essentielle le divertissement. Son public étant composé d’êtres en développement, le fait de se distraire intervient forcément dans la formation de leur pensée et de leur imaginaire, comme dans leur vie sociale et affective. Parler de télévision éducative, ce n’est pas alors considérer qu’elle devra être conçue et diffusée dans un cadre uniquement éducatif, comme une télévision scolaire qui n’aurait de place qu’à l’école. C’est dire qu’elle est une référence commune, souvent la seule, de la cour de récréation… Qu’à ce titre elle ne peut être ignorée par les adultes ou n’être considérée qu’à partir des lieux communs ou des préjugés les plus courants à son sujet. C’est dire que si elle est de fait un élément constitutif de la culture des enfants, elle peut devenir.. un instrument particulièrement utile… de tout projet éducatif contemporain ».
http://www.lefigaro.fr/debats/20050330.FIG0285.html
Nos conditions de travail sont vos conditions d’apprentissage
« Les conditions de travail des professeurs sont les conditions d’apprentissage des élèves ». Sous ce titre, paraissent les résultats d’une enquête menée aux Etats-Unis, en Caroline du Nord. Elle démontre qu’il y a un lien entre les conditions de travail des enseignants et les résultats des élèves… et que enseignants et chefs d’établissement peuvent avoir une perception différente des problèmes. L’étude invite les autorités régionales et locales à étudier de près les attentes des enseignants, celles-ci pouvant varier fortement d’un district à l’autre et à investir en conséquence. « Doter d’enseignants qualifiés les écoles n’est pas suffisant : ils doivent avoir les ressources et les aides dont ils ont besoin pour servir leurs élèves. Sans cela la plupart des réformes peuvent échouer »..
http://www.teachingquality.org/resources/pdfs/TWC_FullReport.pdf
http://www.edweek.org/ew/articles/2005/03/30/29working.h24.html