« Miser sur le capital humain ne se réduit évidemment pas à fabriquer des diplômes sans se soucier de leur usage. L’enchaînement vertueux qui fonde la Stratégie de Lisbonne partie de la formation pour aller vers l’innovation et la productivité, ne peut dépendre uniquement d’une politique d’offre de formation. Elle tient plus largement à la capacité à définir une juste adéquation entre les besoins des entreprises et les capacités des salariés présents sur le marché du travail ». Créé en mars 2006 par le gouvernement, le Centre d’analyse stratégique l’éclaire dans » la définition et la mise en oeuvre de ses orientations stratégiques en matière économique, sociale, environnementale ou culturelle ».
Sa Note de veille de juillet revient sur l’objectif fixé par la Stratégie de Lisbonne visant à augmenter la part de diplômés de l’enseignement supérieur en Europe. Celle-ci représente 32% des 15-64 ans aux Etats-Unis contre 21% en Europe et 23% en France.
Le Conseil relève que 23% s’estime déclassés dans l’emploi occupé et que la France a le taux d’emploi des jeunes diplômés du supérieur le plus faible d’Europe. Pour lui, il y a donc bien dépréciation de la valeur des diplômes à l’embauche. » Elle tient sans doute à une montée très rapide des niveaux de qualification au cours des vingt dernières années ». En France la proportion de diplômés du supérieur est passée de 15 à 40% d’une génération depuis les années 70.
Le Conseil demande un meilleur ajustement entre l’évolution des formations et celle de l’emploi. « Il peut s’agir de mieux rendre compte des interdépendances entre évolution du tissu productif français et élévation massive du niveau de qualification, mais aussi des moyens de phasage de ces évolutions ».
Il prend ainsi partie dans un débat qui prend un ampleur croissante : celui de l’inflation scolaire. Alors que l’Europe et l’Ocde demandent une montée du pourcentage de diplômés pour accompagner le développement de l’économie de l’information, des voix s’élèvent pour dénoncer la dépréciation des diplômes. Ainsi, dans le Café, Marie Duru-Bellat estime que « certes les diplômes paient au niveau des individus (ils se placent d’autant mieux et gagnent d’autant plus qu’ils sont diplômés) ; mais il est évident qu’on ne peut en déduire, au niveau de la société, que diplômer davantage la population (au-delà du niveau déjà élevé déjà atteint) va automatiquement constituer un facteur de croissance… On soupçonne que la productivité au travail dépend de bien d’autres facteurs que du seul niveau d’éducation ».
Il est intéressant de voir un organisme gouvernemental prendre parti dans ce débat dont l’enjeu n’est rien moins que l’avenir économique et social du pays et le « décrochage » avec les autres pays développés.
Note du CAE
Rappel : article de M. Duru-Bellat
Rappel : dossier spécial du Café