Mathématiques : le
point…
Patrick
Picard
Le
BO du 8 mars publie la circulaire « Robien » sur le calcul. Un texte
puissant qui devrait rapidement passer à la postérité. Qu’on en juge
(extraits) :
–
» L’enseignement du calcul doit viser à donner aux élèves des outils
qui leur permettent de mieux appréhender le monde, de résoudre des
problèmes de la vie quotidienne et d’entrer dans l’univers des
mathématiques. »
– » (dès la maternelle) des activités sont proposées aux
enfants pour faire trouver le nombre d’objets que contiendra une
collection après un ajout ou un retrait. Les situations de partage
équitable ou de distribution sont aussi l’occasion d’une approche
implicite du sens de la division. »
– » L’apprentissage du calcul est
inséparable de la résolution de problèmes qui offre le moyen d’assurer
l’appropriation du sens des opérations. »
– « Les maîtres alternent les
moments d’entraînement et ceux qui permettent de concevoir des méthodes
et de comparer leur efficacité ».
– « Cet enseignement prend appui
sur l’intérêt et le plaisir des élèves à apprendre et à constater leurs
progrès ».
– « L’apprentissage (de la
numération de position) doit être conduit avec le souci qu’en soit
assurée la compréhension.
– « Il est très important de
montrer aux élèves que si le recours à la calculatrice peut se révéler
nécessaire pour certains calculs complexes, il est d’autres situations
dans lesquelles le calcul mental s’avère plus rapide et plus efficace.
– « La pratique du calcul ne
s’effectue pas seulement pendant les temps de mathématiques. Toute
occasion doit être saisie pour mettre en œuvre ce qui a été appris et
le consolider (…) : une sortie scolaire (distances à parcourir selon
les itinéraires, dépenses à prévoir, recettes à trouver), une fête et
les dépenses qu’elle engage, les besoins de la classe (acquisitions de
livres, de cahiers, etc.), des travaux d’aménagement qui appellent des
calculs d’aires, de périmètres, des représentations, etc.
On
le voit, les maîtres d’école qui se confrontent chaque jour aux
difficultés de leurs élèves vont sans nul doute pouvoir arrêter de se
creuser la cervelle, tant les recommandations de la circulaire sont
lumineuses !
Plus insidieux, mais pas nouveau dans
la loi : le dernier paragraphe : »
Afin de stimuler et de valoriser les bonnes pratiques, tant pour ce qui
concerne le calcul mental, le calcul posé que le calcul instrumenté, au
cycle II et au cycle III, des expérimentations conçues dans le cadre de
l’article L. 401-1 du code de l’éducation pourront être mises en place. ».
Seuls les initiés peuvent décoder : il s’agit de la possibilité,
ouverte par la
loi depuis 2005, qui permet des expérimentations dérogatoires
au programme. Il s’agit là d’un clin d’oeil appuyé du ministre à ses
amis, lobbyistes infatigables, qui réclament le retour des Instructions
Officielles de 1923.
On pourraitdonc dire « tout ça
pour ça ». Une fois de plus, le vacarme médiatique ne débouche pas sur
grand nouveauté, sinon la sempiternelle réaffirmation qu’il suffirait
d’un peu de bon sens pour faire disparaître les difficultés scolaires.
il faut dire que le document qu’avait commandé le ministre pour
préparer le terrain avait été accueilli d’une manière fraiche par un
certain nombre de spécialistes, dont Guy
Brousseau qui concluait son propos ainsi : « Il y a plus de vingt cinq
siècles les mathématiques comme nous les entendons sont nées de la
rupture avec la très ancienne tradition de l’ésotérisme qui permettait
à des experts de conseiller les tyrans sans avoir d’autres comptes à
rendre que leurs résultats. La démocratie, naissante elle aussi, avait
heureusement d’autres exigences. Nous pourrions nous en inspirer
aujourd’hui en matière de connaissances sur l’enseignement des
mathématiques »
-> La circulaire publiée au BO
→
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