« Le protocole ne tient pas compte du taux d’incidence ». Pour le Snuipp-Fsu, premier syndicat du premier degré, qui tenait le 24 août sa conférence de presse de rentrée, la question sanitaire est la plus urgente. Il demande des adaptations locales et aussi des campagnes de tests et du matériel pour mieux aérer les salles. Le syndicat dresse un tout autre bilan du ministère Blanquer que l’Institut Montaigne. Il relève l’insuffisance de la revalorisation, le renforcement des inégalités sociales à l’école malgré les dédoublements, l’autoritarisme ministériel clairement lisible dans la réforme des directions d’école.
Revoir le protocole sanitaire
« Cette année l’école sera un lieu de très forte circulation du virus », annonce d’emblée Guislaine David, co secrétaire générale du SnuippFsu. Le premier syndicat du primaire met l’accent sur la situation sanitaire qui est, selon lui, très différente de la rentrée 2020. « Nous avons une nouvelle donne cette année malheureusement avec le variant delta ».
Avec lui, la rentrée se fait avec un taux d’incidence élevé: 128 pour les 0 à 19 ans et 316 pour les 10 à 19 ans. Encore ce taux varie-t-il selon les départements. Il peut être encore beaucoup plus élevé : 687 en moyenne à Marseille, 523 à Montpellier.
Pour le Snuipp, le niveau de protocole retenu par JM Blanquer (niveau 2) « ne tient pas compte du taux d’incidence ». LeSnuipp critique l’allègement du port du masque, qui n’est plus exigé des élèves dans la cour de récréation, ainsi que du non brassage des élèves. « La question du masque en extérieur est problématique », dit G David. « On sait que les élèves se regroupent durant la récréation ».
Le syndicat souligne aussi que rien n’ait fait, au delà des déclarations, pour mettre en place des capteurs de Co2 ou des purificateurs.Rien n’a été dit pour les tests, qui vont devenir payants. Pour le Snuipp c’est en testant systématiquement les élèves que l’on peut détecter les jeunes contaminés et contenir l’épidémie. Pour elle, « l’école sera perturbée dès les premières semaines. On sait que l’on aura des fermetures de classes… Il est impensable de rentrer au niveau 2 du protocole sanitaire ». Le Snuipp espère que des adaptations locales auront lieu et demande des campagnes de tests systématiques, quitte à rendre les autotests obligatoires.
Le bilan de JM Blanquer
Le Snuipp s’attaque aussi au bilan de JM Blanquer. A quelques mois de la présidentielle, celui-ci a commencé à communiquer dessus, ce que n’ont pas manqué de faire aussi ses amis de l’Institut Montaigne.
Pour le Snuipp Fsu, « les dédoublements sont une fausse bonne idée » et il aurait mieux valu limiter à 20 en éducation prioritaire et 25 ailleurs toutes les classes avec les mêmes moyens. Le syndicat regrette la disparition des maitres surnuméraires (plus de maitres que de classes). Il dénonce « les injonctions sur la méthode de lecture » et la remise en cause de l’éducation prioritaire.
La réforme des directions d’école « va à l’encontre de la profession qui s’est exprimée contre », rappelle Nicolas Wallet, co-secrétaire général,rappelant la consultation ministérielle où seulement 11% des enseignants demandaient un changement de statut pour les directeurs. L’emploi fonctionnel promis par le projet de loi Rilhac « est la prémisse de la question hiérarchique mais sans que soit données décharges, aide administrative et rémunération ». Pour le Snuipp, le ministre « a franchi la ligne rouge en annonçant en juillet un statut spécifique pour certains directeurs ».
Les salaires
La question salariale, présentée par Arnaud Malaisé, autre co-secrétaire général, est un autre point noir du ministère Blanquer. Depuis2012, le gel du point d’indice a dévalorisé la salaire de 12%. La prime d’attractivité n’est donnée qu’à 31% seulement des enseignants pour des montants qui vont de 45 à 100€. « On est loin du compte ».
Seule satisfaction de la rentrée. « Le fort taux de vaccination des adultes permet de rentrer dans la sérénité », estime GDavid. « On va reprendre l’école en se disant qu’il y aura moins d’enseignants touchés par la maladie ». Durant l’année scolaire 2020-2021le ministère avait compté 38 360 personnels contaminés. Un nombre assez faible mais qui ne tient probablement pas compte de tous les cas.
François Jarraud