» Une fois prises en compte les différences de composition, notamment sociale, des élèves fréquentant les écoles des secteurs privé et public.., il apparaît qu’en moyenne et toutes choses égales par ailleurs, les résultats scolaires en CE2 ainsi que la probabilité de redoubler le CP ou le CE1 ne diffèrent pas significativement entre les écoles des deux secteurs, public et privé sous contrat ». Denis Fougère (Liepp Sciences Po), Olivier Monso (Men Depp), Audrey Rain (Université Paris 2) et Maxime Tô analysent, dans Education & formations n°95, le panel d’élèves entrés en CP en 1977 pour calculer la plus value apportée par le privé et comprendre les critères de décision des parents. Ils mettent en évidence le critère territorial dans le choix du privé. Une réflexion qui contredit celle de la Cour des Comptes….
Pour eux, la plus value apportée par le privé est nulle. Certes ils observent un décalage de niveau en français et en maths en faveur du privé, celui-ci étant moins important en maths.
Mais cet écart s’explique par la différence d’origine sociale entre élèves du privé et du public. » Les élèves dont les parents sont agriculteurs, chefs d’entreprise, cadres supérieurs ou ont des professions libérales, sont surreprésentés parmi les élèves scolarisés dans le secteur privé. À l’inverse, les enfants d’ouvriers sont plus souvent scolarisés dans le secteur public (39 % contre 27 % dans le secteur privé) ; 9 % des élèves scolarisés dans le secteur privé ont au moins un parent immigré, cette proportion étant double dans les établissements publics. Par ailleurs, dans 20 % des cas, la mère d’un élève scolarisé dans le secteur public n’a aucun diplôme, cette proportion étant deux fois moindre dans le secteur privé ». Notamment l’étude montre que l’école privée n’est pas une solution pour les élèves en difficultés scolaires.
Le principal apport de cette étude est de calculer l’importance du critère géographique dans le choix entre privé et public. Selon eux, » la distance à l’école privée la plus proche a une influence très significative sur le choix du secteur de scolarisation. Les familles ont plus souvent tendance à scolariser leur enfant dans une école élémentaire privée lorsque celle-ci est plus proche de leur domicile que l’école publique la plus proche (qui est vraisemblablement l’école de secteur) ».
Autrement dit, la densité du réseau des écoles publiques est un critère déterminant de son choix. Diminuer cette proximité ne ferait que renforcer l’école privée. Une réflexion à retenir au moment où les pressions sont plus fortes pour regrouper les écoles élémentaires pour réduire les coûts. Ce souci gestionnaire, porté par exemple par le très récent rapport de la Cour des comptes, favorise nettement le privé.
F Jarraud