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Ingrédients : 1 : Prenez une phrase aguichante » Ce sont les éducateurs plus que les conquérants qui ont fait la France et la République » par exemple. 2 : Mobilisez les âmes des ancêtres, y compris ceux qui vous auraient détesté : Jules Ferry et même Léon Blum ! 3 : Faites peur. « La faillite de l’éducation a mis en faillite notre système d’intégration. Elle a affaibli le sentiment d’appartenance à la nation, fabriqué du chômage et de l’exclusion. Elle a privé toute une partie de la jeunesse des moyens d’exprimer ses sentiments, ses doutes, ses angoisses, de dominer ses pulsions, de canaliser ses émotions, ne lui laissant plus comme exutoires que la violence ou le repli sur soi ». 4 : Désignez les boucs émissaires ; » L’idéologie de 68 a imposé partout le relativisme intellectuel et moral. Désormais tout se valait : plus de hiérarchie des valeurs, plus de hiérarchie des savoirs, plus de hiérarchie des œuvres. Le dessin de l’enfant valait celui de Michel-Ange et l’élève auquel on demandait d’imaginer une autre fin au Cid pouvait légitimement se prendre pour le rival de Corneille ». 5 : Faites des promesses : » Les professeurs, les instituteurs ne sont pas responsables de cette faillite… Je veux qu’ils sachent que la révolution de l’école que je souhaite sera d’abord la leur. Elle sera fondée sur sept grands principes : la liberté pédagogique, l’autonomie, l’évaluation, la modulation des moyens en fonction des handicaps des élèves, l’orientation, la deuxième chance et la formation tout au long de la vie ».
Cette recette du discours démagogique, Nicolas Sarkozy l’a tenu le 2 février à Maisons Alfort (94). Il s’agit visiblement de capter l’électorat enseignant.
Le discours vaut aussi qu’on s’y arrête par ses mensonges et ce qu’il annonce de choix politiques. « Il était bien rare de rencontrer jadis des enfants sortis de l’école vers le début du XXe siècle à l’âge de 12 ans qui ne savaient pas lire, écrire ou compter correctement, ni exprimer de façon compréhensible leurs pensées et leurs sentiments, et qui ne possédaient pas quelques rudiments d’histoire et de géographie. Pourquoi ce qu’alors l’école de la République réussissait à faire, la scolarité obligatoire jusqu’à 16 ans aujourd’hui n’y parvient-elle plus ? » Cette vision idéale de l’école de la 3ème République ne correspond évidemment pas à la réalité. Près de la moitié des enfants ne décrochaient pas le certificat d’études. Et il suffit de lire le courrier des Poilus de la Grande Guerre pour savoir à quel point l’orthographe était hésitante et même parfois le français.
La programme annoncé peut sembler séduisant : liberté pédagogique, autonomie par exemple. En fait il traduit plutôt un désengagement de l’Etat dans les moyens accordés à l’enseignement et le pilotage du système. Que vaut la liberté pédagogique d’équipes laissées à elles-mêmes pour diagnostiquer leurs difficultés et y faire face ? Que vaut l’autonomie quand elle se limite à gérer la pénurie mise en place par le gouvernement auquel appartient le candidat Sarkozy en tant que ministre d’Etat, en second rang hiérarchique derrière le premier ministre. Qui croira qu’il tienne une politique nettement opposée à celle de ce gouvernement ?
On retiendra plutôt de ce discours l’alignement de N. Sarkozy sur les thèses des réactionnaires de l’Ecole, qui sont bien maintenant la pensée de la droite sur l’Ecole. » Après mai 68, il ne s’est plus agi d’élever le niveau de chacun pour l’approcher le plus possible d’un idéal humain, mais d’abaisser le niveau de l’école pour le mettre à la portée du plus grand nombre. L’école n’a plus mission de tirer tout le monde vers le haut au nom d’une certaine idée de ce que doit être un homme mais de brader les diplômes pour remplir l’objectif d’amener 80% d’une classe d’âge au baccalauréat… Il s’est effondré d’autant plus que l’idéologie de 68 a imposé partout le relativisme intellectuel et moral… C’est le principe d’autorité qui déserte l’école puisque ce que dit l’enfant devient aussi important que ce que le maître a à dire. C’est aussi le respect qui disparaît puisque la hiérarchie entre le maître et l’élève est abolie ». Ce discours annonce l’abandon des 80% au bac, c’est à dire de la démocratisation de l’Ecole. C’est justement la politique du gouvernement.
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