« Le ministre dit que c’est un vent de renouveau qui souffle sur le lycée professionnel. C’est plutôt un avis de tempête ». Interrogée par le Café pédagogique, Sigrid Gérardin, co secrétaire générale du Snuep Fsu, analyse la réforme du lycée professionnel. Elle y voit une soumission du lycée professionnel à la promotion de l’apprentissage. « Aucune des mesures envisagées par le rapport Calvez Marcon ne permettra de revaloriser la voie professionnelle ».
Pour vous le rapport Calvez Marcon adapte le lycée professionnel à la promotion de l’apprentissage. Pourtant il est peu question d’apprentissage dans ce rapport…
Tout est en filigrane. Par exemple ils prétendent que les secondes indifférenciées permettent un droit à l’erreur. Mais si on veut vraiment agir la dessus il faudrait commencer par permettre aux jeunes de suivre la filière de leur choix. Quand un jeune s’inscrit dans la voie professionnelle c’est parce qu’il a une idée de métier et pas de famille de métier. En mettant en place des secondes indifférenciées par famille de métier on ne fait que décourager les jeunes attirés par un métier.
Dans cette seconde la période de formation en entreprise serait remplacée par une découverte de l’entreprise . C’est rapprocher le temps scolaire des apprentis et des élèves des LP.
En fait la réforme veut faire de la seconde une sorte de sas préparant ces jeunes à l’entreprise. On est déjà passé du bac pro en 4 ans à celui en 3 ans et là on déprofessionnalise encore plus. On passe carrément au bac professionnel en deux ans. Cette déprofessionnalisation est en contradiction avec l’objectif annoncé d’insertion professionnelle.
La réforme est favorable à la réduction du nombre des spécialités. Qu’en pensez vous ?
En quoi il y aurait-il trop de spécialités ? Sur quoi cette idée se base -t-elle ? Je remarque juste la contradiction entre cette décision et celle qui veut donner la main aux branches professionnelles. Si on les écoutait on aurait vite un diplôme par métier…
La réforme recommande le mixage des publics. Qu’en pensez vous ?
Il y a bien une volonté de mixer les publics. En fait les entreprises n’engagent pas d’apprentis très jeunes. La seconde indifférenciée leur permettra de choisir les meilleurs élèves des LP qui auront eu une première initiation à l’entreprise. Le LP fera le tri, envoyant les meilleurs en apprentissage et gardant les autres dans la voie scolaire.
La réforme prévoit des modules en terminale : au choix insertion professionnelle ou poursuite d’études. Qu’en dites vous ?
Là on est très en colère. On essaiera de faire échouer cette mesure. Car ça veut dire une pré détermination dès la première. On tient à la double finalité du bac professionnel alors que la réforme ne l’assume pas jusqu’au diplôme.
Propos recueillis par François Jarraud