Alors que les élections législatives se profilent, Yannick Trigance détaille les principaux points du programme du Front Populaire en matière d’éducation.
Le contrat de législature du « Nouveau Front populaire » affirme une ambition éducative qui vise à lutter contre les inégalités avec, parmi d’autres, 3 propositions au cœur des enjeux pour notre système éducatif.
« Réduire les effectifs par classe pour faire mieux que la moyenne européenne de 19 élèves » :
La France est en effet connue pour être l’un des pays européens aux effectifs par classe les plus élevés. Plus précisément, près d’un tiers de nos écoles primaires affichent des effectifs de plus de 25 élèves quand de nombreux collèges sont à 25 et 26 élèves par classe et des lycées à 29 et 30…
Il convient donc de profiter de cette baisse démographique en l’utilisant comme un formidable levier pour améliorer les conditions de travail des élèves et des enseignants, la qualité d’accueil et de fonctionnement de notre système d’enseignement public.
Cette baisse démographique constitue en effet une occasion unique d’alléger les effectifs des classes mais au-delà, de travailler en petits groupes, de mettre en place des parcours différenciés, d’augmenter le nombre de remplaçants et de mettre ainsi un terme aux multiples absences non remplacées, de permettre aux enseignants de bénéficier enfin d’une formation continue, de traiter efficacement la grande difficulté scolaire en reconstituant les réseaux d’aides spécialisées aux élèves en difficulté (Rased) et en recrutant des psychologues scolaires, d’accueillir décemment les élèves en situation de handicap, de diversifier les options et les parcours dans le second degré…
Ajoutée à une indispensable revalorisation salariale des personnels de l’Education nationale, la question des effectifs constitue un élément majeur dans la reconnaissance légitime du métier d’enseignant dont on sait combien les conditions de travail impactent sur la réussite des élèves.
« Moduler les dotations des établissements scolaires-y compris privés-en fonction de leur respect d’objectifs de mixité sociale »
C’est maintenant de notoriété publique : plus que jamais l’enseignement privé trie ses élèves : depuis une quinzaine d’année la composition sociale des élèves du privé est de plus en plus favorisée. C’est ainsi que depuis le début des années 2000, la part des élèves issus des catégories sociales dites très favorisées est passée de 30 % à 41 % quand dans le même temps la part des élèves dite favorisés est passé de 24 % à 16 %.
Notre pays est par ailleurs le seul à monde où l’Etat finance son propre concurrent à hauteur de 75 % : ce financement public n’a cessé d’augmenter avec tout récemment la prise en charge des maternelles du privé imposée par la loi Blanquer et dont le montant s’élèvera en 2024 à 46 millions d’euros.
Ce tri social qui aggrave la ségrégation et l’entre soi, ce financement massif de l’État sans contrepartie que devrait pourtant remplir ces établissements privés chargés d’une mission de service public – article L. 442-5 du Code de l’Éducation – sont opérés sans aucun contrôle, ni administratif, ni pédagogique, ni financier, la fréquence de contrôle d’un établissement privé étant d’une fois tous les 1 500 ans …
Au regard de cette situation quasiment unique au monde et profondément inégalitaire, il convient en conséquence d’instaurer un contrôle financier, administratif et pédagogique plus systématique lié à la mission de service public qui est celle des établissements privés sous contrat , une modulation des moyens financiers en fonction des Indices de Position Sociale des élèves accueillis dans les établissements, une contractualisation entre les établissements et les rectorats sur la base d’objectifs et de moyens notamment liés à la mise en place d’une réelle mixité sociale et scolaire.
Alors que l’importance de la mixité sociale et scolaire pour tous les élèves n’est plus à démontrer, la persistance d’une ségrégation sociale et scolaire entre établissements, entre les classes d’un même établissement et entre public et privé -du fait même de l’État- alimente quotidiennement un entre soi qui reproduit les inégalités et entrave toute démocratisation de la réussite.
Plus que jamais les expérimentations destinées à améliorer la mixité sociale et scolaire -comme celle de Toulouse- doivent être développées et soutenues, les questions de carte scolaire doivent être revisitées pour un meilleur équilibre en intégrant notamment les établissements privés qui bénéficient des subventions de l’État sans être à ce jour soumis aux mêmes obligations d’accueil que l’enseignement public.
C’est un enjeu politique mais également pédagogique et moral qui, rappelons-le, passe également et prioritairement par la réhabilitation qualitative des enseignements et des conditions d’accueil au sein de l’École publique.
« Démocratiser l’université en abolissant Parcoursup et la sélection dans l’université publique »
L’orientation post-bac et son dispositif Parcoursup constituent une source d’anxiété et d’injustice pour les lycéens et leurs familles. Véritable machine à sélection à l’entrée dans le supérieur, justifiées par l’insuffisance des moyens attribués aux universités, Parcoursup constitue une régression pédagogique et une aggravation des inégalités qui ne manque pas d’impacter sur la réussite de notre jeunesse sacrifiée.
De plus, alors que le nombre d’étudiants ne cesse d’augmenter sous le double effet de l’augmentation démographique des années 2000 et du désir grandissant des bacheliers de poursuivre leurs études, force est de constater que l’État n’a pas été à la hauteur de cette évolution : les budgets des universités ont stagné, l’ouverture de postes d’enseignants-chercheurs a diminué, le taux d’encadrement n’a cessé de se dégrader, et les surfaces d’enseignement n’ont pas suffisamment augmenté.
Cette régression des conditions dans les universités a notamment fait le jeu d’un enseignement supérieur privé qui se développe sans aucun contrôle et de manière exponentielle depuis le début des années 2010, bénéficiant d’une visibilité inédite grâce à Parcoursup.
Permettre à notre jeunesse de retrouver la possibilité d’un accès équitable à l’enseignement supérieur passe donc par la suppression de Parcoursup et la création d’un nouveau parcours d’orientation plus respectueux du projet personnel de nos jeunes, parcours qui devra reposer sur une véritable collaboration et coopération entre les équipes pédagogiques du secondaire et celles du supérieur.
L’avenir de notre jeunesse mérite mieux que des méthodes excluantes pratiquées au service d’une sélection et d’un tri social qui, de facto, fracturent davantage notre société et qui, à terme, aboutiront à la remise en cause du droit à la réussite pour tous les lycéens.
Au final, ce contrat de législature du « Nouveau Front populaire » porte une exigence forte : faire que pour de nombreux élèves issus de catégories populaires, l’accès au savoir, aux connaissances et à la culture se fasse au sein du service public de l’éducation qui reste le premier lieu de la transmission des valeurs républicaines, de l’apprentissage de la citoyenneté, de l’acquisition du respect de la liberté de conscience et de la laïcité.
Face à la menace d’une école de l’extrême-droite stigmatisante, excluante, autoritariste et nationaliste, le « Nouveau Front populaire » propose une école de l’émancipation destinée à accompagner tous les élèves sur le chemin de la réussite, quel que soit le milieu où ils vivent et l’endroit d’où ils viennent.
C’est tout l’enjeu du vote des 30 juin et 7 juillet prochains.
Yannick TRIGANCE
Conseiller régional Ile-de-France