« Les réalités du monde envahissent nos salles de classe, que cela nous plaise ou non, et elles sont peut-être notre chance de retrouver le sens des savoirs que nous enseignons. Car ces réalités, lorsqu’elles surgissent, sont rarement formulées en questionnements, mais plus souvent grimées en certitudes, en colères, en provocations. Elles sont le point de départ d’un savoir qui reste à construire. » Odile Chenevez présente ainsi le numéro de juin des Cahiers pédagogiques dédié à « l’actualité du monde et la classe ». « L’objet de ce dossier est de mettre à l’étude la place qui peut être donnée à l’actualité dans les pratiques enseignantes d’une école qui se veut formatrice de citoyens à la fois curieux de s’informer, instruits pour ne pas gober sans questionner, capables de faire le lien entre les savoirs appris à l’école et les informations reçues par les médias, et habiles à devenir eux-mêmes acteurs du dialogue social en participant à des médias ».
Oui, mais comment faire face à la violence de l’actualité ? Serge Tisseron, psychanalyste et spécialiste des médias, estime que l’enseignant doit être davantage un accompagnateur qu’un éducateur à l’image. « Les enfants ont besoin de pouvoir dire toutes les émotions, sinon ils restent fixés sur elles et ne peuvent les dépasser… C’est pourquoi l’enseignant doit être un interlocuteur émotionnel, qui écoute les enfants dire ce qu’ils ont d’abord éprouvé puis compris, enfin imaginé ».
Myriam Richard, documentaliste, Dominique Beddock, prof de SES, Olivier et Géraldine Dargent, profs de SVT, témoignent de leur utilisation des médias en classe. Ainsi, pour ces derniers, « une pédagogie qui s’appuie sur l’actualité permet une véritable réflexion sur la science en train de se faire, sur la démarche scientifique ».
On le voit : un numéro qui invite à découvrir des pratiques et à réfléchir à l’éducation citoyenne. C’est aussi ce que fait l’excellent dossier sur l’école en Angleterre qui clôt ce numéro.
Cahiers pédagogiques, n°434, juin 2005.
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