Claire Pontais, ancienne formatrice en EPS et responsable du Snep-FSU, s’inquiète de la suppression de l’oral d’EPS au concours de professeur des écoles. « A-t-il l’intention de la remplacer par le « Bouger 30 minutes par jour », dont il vante le succès, tout en disant que le dispositif ne vise aucun apprentissage ? » interroge la spécialiste. « Nos remontées de terrain montrent une tout autre réalité. Le « bouger 30 mn » se caractérise le plus souvent par des récréations un peu plus longues et/ou un peu plus actives, avec le risque que bouger tienne lieu d’EPS ». « Pour notre part, nous pensons que savoir nager, savoir courir, savoir danser, savoir s’orienter, savoir jouer collectif… sont des apprentissages fondamentaux pour permettre l’éducation globale des enfants à laquelle tout le monde doit avoir droit ! » écrit-elle dans cette tribune.
Les causes du déficit d’EPS à l’école primaire sont bien connues : le manque d’équipements, le manque de formation des enseignant·es, le fait que cette discipline n’est pas considérée comme fondamentale, la pression des maths/français.
Une bonne réforme de la formation des enseignant·es pourrait y remédier en partie. Le projet d’Emmanuel Macron va provoquer l’inverse, alors que théoriquement, le nouveau schéma serait susceptible d’améliorer fortement la formation des professeurs des écoles. En effet, il est prévu une durée de la formation de cinq ans, allant de la Licence au master, avec une rémunération des étudiant·es durant le master. En toute logique, le concours, situé à la fin de la Licence, devrait vérifier les connaissances dans toutes les disciplines.
Or, c’est un tout autre choix que fait le gouvernement. Dans son projet, l’épreuve orale spécifique et obligatoire d’EPS disparait ! Notre question : quel avenir pour l’EPS à l’école primaire si on n’évalue pas les compétences des futurs profs d’école au moment du concours de recrutement ?
Cette décision est incompréhensible lorsque l’on connaît les besoins sociaux en matière de santé des jeunes et d’accès à la culture sportive, lorsque l’on sait que l’école est le seul lieu où tous les enfants, sans discrimination, peuvent bénéficier d’une éducation physique et sportive, lorsque l’on connait les besoins de formation pour pouvoir enseigner l’EPS en assurant leur sécurité à tous les enfants, quelles que soient leurs capacités.
Cette décision est d’autant plus incompréhensible qu’une formation sur cinq ans pourrait être une très bonne occasion de réhabiliter la formation initiale pour l’EPS à l’école primaire. Nous avons fait le calcul, la formation des futurs PE dans le parcours spécifique pourrait atteindre sans problème un horaire de 250h (équivalent 2 heures par semaine). C’est à dire largement de quoi faire du bon travail à la fois théorique et pratique (pratique physique adaptée au primaire et pratique préprofessionnelle), et donc d’avoir une épreuve du CRPE assez ambitieuse sur la base d’un entretien qui nécessite de mobiliser ses connaissances pour répondre à une question concrète d’EPS.
Pourquoi le gouvernement veut-il, dans l’état actuel des informations qui circulent, supprimer l’oral d’EPS ? A-t-il l’intention de la remplacer par le « Bouger 30 minutes par jour », dont il vante le succès, tout en disant que le dispositif ne vise aucun apprentissage !? Nos remontées de terrain montrent une tout autre réalité. Le « bouger 30 mn » se caractérise le plus souvent par des récréations un peu plus longues et/ou un peu plus actives, avec le risque que bouger tienne lieu d’EPS. Pour notre part, nous pensons que savoir nager, savoir courir, savoir danser, savoir s’orienter, savoir jouer collectif… sont des apprentissages fondamentaux pour permettre l’éducation globale des enfants à laquelle tout le monde doit avoir droit !
A l’heure où l’on demande à l’école de résoudre de plus en plus de problèmes (santé, citoyenneté, égalité filles-garçons, accès à la culture, inclusion…), supprimer l’épreuve d’EPS au concours PE, c’est nier les apports spécifiques de cette discipline grâce aux apprentissages dans les activités physiques sportives et artistiques adaptées pour l’école.
En cette année olympique, tous les discours sur le développement physique des élèves devraient se traduire en acte, c’est pour quoi avec notre pétition, nous demandons :
– Le maintien d’une épreuve orale spécifique et obligatoire d’EPS au concours (CRPE) permettant la prise en compte des enjeux éducatifs et sécuritaires de cette discipline. Une épreuve écrite risquerait d’être totalement formelle
– Un volume de formation en EPS durant la licence et le master d’au moins 250 heures.
Claire Pontais
Ancienne formatrice PE et responsable syndicale SNEP-FSU