Tout petits, tout minis et pourtant… grands par leur contenu, car, pour reprendre une phrase du premier : « ceux qui semblent les plus puissants ne sont pas toujours les plus importants ». Des nouveautés dans des collections qu’on aime déjà beaucoup. Pour la poésie du printemps et le Printemps de Poètes qui a 25 ans cette année avec le thème de la grâce, et pour alimenter le goût toujours renouvelé des enfants pour philosopher.
La brocante aux mille collections, de David Dumortier, ill. Lucile Pacin, coll. Une petite poignée de poèmes, Ed. Rue du Monde
Dès le titre, déjà, tout une promesse ! Les brocantes qui fourmillent d’insolite et de découvertes, et le goût des collections, tellement partagé, avec cette accumulation qui peut être infinie et si personnelle. Le livre est dédié à quelqu’un qui « voudrait mettre le monde entier dans sa poche » et le poème d’ouverture s’achève par ces mots : « Tout le monde cherche pour le collier de sa vie la perle rare de sa collection ». On a l’eau à la bouche, et on n’est pas déçu. Madame Plume collectionne les hirondelles, monsieur Carotte les lapins, Monsieur Lent les tortues, Monsieur Malheureux les larmes et Monsieur Pilouface les mots à l’envers… C’est drôle et poétique, la quarantaine de petites poésies nous entraîne dans l’univers des chineurs et du joli bazar des brocantes. Les formes brèves nous amènent à lire et relire avec un sourire les trouvailles de l’auteur. Quant aux illustrations, elles sont dans la même veine : des couleurs douces et des surprises pour les collectionneurs de rêves. Un petit format qui donne envie d’y revenir encore et encore. A mettre dans votre collection.
L’Abeille de Saint-Simon, d’Alice Brière-Haquet, ill. Mai Li Bernard, coll. Philonimo, Ed. 3oeil
Abeilles et frelons. Qui fait quoi ? A quoi servent-ils ? Que serait le monde sans eux ? Comme tous les albums de cette jolie collection au mini format, le texte, bref, et les illustrations, très géométriques, ouvrent un univers de réflexions philosophiques, et c’est bien le but de Philonimo qui proposent d’initier les tout-petits à la philosophie. Les abeilles butinent, font du miel, pollinisent. Les frelons gouvernent. Qui est vraiment utile ? A partir de cette fable, et de la métaphore animale, c’est la pensée de Saint-Simon qu’on (re)découvre : philosophe français de la fin du XVIIIème siècle, au tournant du siècle des Lumières et de l’ère industrielle, homme curieux des avancées de son temps mais aussi conscient des dangers de l’individualisme, un des pères de la pensée socialiste. S’interroger sur le pouvoir de ceux qui travaillent, dès le plus jeune âge : un pari encore une fois réussi. Les illustrations aux formes graphiques simples, usant de gommettes et maskingtapes, offrent une lecture dans la lecture, et invite à la création, comme la dessinatrice qui assemble, juxtapose, combine des éléments. Absolument, intimement lié au texte : ça parait simple mais c’est plein d’humour et entraîne à l’exploration de notions essentielles à notre vie sociale. Incroyable et réjouissant pour ce que cela propose aux plus petits.
Marianne Baby