Les dés sont jetés. Alors le bac tu l’as ? La plupart ont répondu oui, avant ou après le rattrapage, certains on brandi la mention. Le bac est devenu un sésame commun et pour ceux qui ne l’ont pas, le retour est amer. Que fait on aujourd’hui avec le bac, que fait on sans ? Les attentes sont si fortes autour de la vieille institution, attentes tangibles ou croyances indicibles, le bac demeure ce rite de passage qui ne souffre l’échec que pour mieux se justifier.
Au fil des ans, le bac se démocratise, se généralise et s’éparpille en accentuant les hiérarchies. Edulcorer les bacs techno en soustrayant leurs particularités, valoriser la voie professionnelle en la plaçant sous la bannière bachelière, l’égalité n’est que de surface puisqu’elle gomme les accès sinueux au diplôme en lui préférant une route rectiligne sur laquelle certains ont du mal à marcher. Le Bac Pro en trois ans laisse de côté ceux qui ont besoin de temps pour apprendre et faire siens les savoirs clés d’une réussite à l’examen. Auront-ils une nouvelle chance dans un redoublement qui offrirait en douce du regain au Bac Pro en quatre ans ? La réponse réside dans les initiatives, les interprétations, les aménagements locaux pour palier une réforme aveugle aux difficultés individuelles.
Pour ceux qui ont obtenu le précieux sésame commence une course d’orientation entre les filières, les écoles, les portes d’accès à un avenir serein. La sélection se poursuit qui ne tient pas seulement aux résultats au bac, au potentiel ou au projet de l’élève. ¨Par temps de crise, le filtre des moyens s’impose plus fortement encore quand le prix des études et les frais attenants s’avèrent rédhibitoires.
Recalés au bac ou refoulés des filières d’excellence, ce sont à eux que le débat sur la refondation de l’école doit être dédié. Estomper le tri et respecter les différences, n’est ce pas ce à quoi notre système éducatif doit tendre pour offrir à chacun et à sa mesure une voie d’apprentissage où le mot échec n’aura plus droit de cité.
Monique Royer