« Des professeurs des écoles sous-formés en science,.des enseignants du secondaire enfermés dans leur discipline », un enseignement des mathématiques trop sélectif : le rapport du député Jean-Marie Rolland, président de la Mission parlementaire d’information sur l’enseignement des sciences, sur « l’enseignement des disciplines scientifiques dans le primaire et le secondaire » tente d’expliquer la crise des disciplines scientifiques dans le système éducatif français. Crise marquée par la baisse du nombre d’étudiants dans les universités scientifiques : -18% de diplômés en maths depuis 1998, deux fois plus pour les sciences physiques.
Pour le rapporteur, la crise tient à trois facteurs principaux. » Tout d’abord les mathématiques et les sciences exactes jouent un rôle d’outil de sélection dans notre système éducatif. Ce champ de connaissances est investi d’une charge émotionnelle importante et regardé, particulièrement par les filles, comme un enseignement d’élite inaccessible si l’on est simplement moyen… En second lieu, les filières scientifiques universitaires pêchent par leur manque absolu de lisibilité. Elles ne peuvent être associées à aucun devenir professionnel perceptible et motivant alors que, de surcroît, elles sont perçues comme arides et sans lien avec les interrogations sur le monde… Enfin, il faut anticiper la pénurie probable d’ici quelques années de candidats aux concours de recrutement d’enseignants du secondaire dans les disciplines scientifiques, cette pénurie découlant directement de la désaffection des jeunes pour les études universitaires en mathématiques et en sciences de la nature ».
La Mission présidée par J.-M. Rolland fait donc une cinquantaine de propositions. A l’école elle souhaite » redonner toute sa place à l’enseignement des sciences en formant et en accompagnant les maîtres,… généraliser les méthodes d’apprentissage par l’expérimentation et l’investigation en liaison avec des scientifiques ». La mission dénonce « une certaine dérive pédagogique trop axée sur les mécanismes intellectuels de l’apprentissage » et propose d’introduire l’apprentissage des techniques opératoires des quatre opérations dès le cours préparatoire. Cette introduction est jugée trop précoce par de nombreux spécialistes.
Au collège, la mission croit dans le regroupement des disciplines scientifiques et l’expérimentation. Il faut » rompre avec le cloisonnement des disciplines scientifiques en les faisant converger selon une approche pluridisciplinaire autour de thèmes communs,… rendre obligatoire les activités d’investigation, d’observation et d’expérimentation dans une approche interdisciplinaire; passer progressivement de la science (en classe de sixième et de cinquième) aux sciences plus diversifiées, en privilégiant la mise en histoire des sciences » et pour ce faire encourager la bivalence des enseignants.
Au lycée, elle demande la création d’une option science en seconde et d’une « véritable filière scientifique en première et terminale en allégeant les programmes dans les matières non scientifiques. »
Le rapport Rolland s’appuie sur les propositions de l’académie des sciences et, sur certains points des rapports Charvet et Blandin – Renard. L’introduction précoce des 4 opérations au primaire, qui de fait accentue la sélection, la spécialisation accrue au lycée semblent devoir soulever de fortes critiques dans les milieux éducatifs. Le retour aux situations antérieures peut-il suffire à remédier aux crises de demain ?
Le rapport Rolland
Rappel : Rapport Blandin Renard